Gone Girl (David Fincher)

Publié le 26 Janvier 2015

David Fincher est coutumier des films aux scénarios bien ficelés, pervers à souhait : Seven et Zodiac, Fight Club, une partie de House of Cards... Gone Girl ne déroge pas à la règle.

Nick et Amy sont mariés depuis cinq ans. Ils ont tout du couple parfait : ils sont beaux, ils ont une grande maison, des métiers cools... Pourtant tout n'est pas si rose : leur mariage craque de partout. C'est leur 5e anniversaire de mariage. Nick passe dans le bar que tient sa sœur boire et se plaindre en sa compagnie. Quand il rentre chez lui, aucune trace de sa femme, son salon est sens dessus dessous. Sa femme a disparu. Il appelle la police, et c'est là que les choses vont se corser.

Autant prévenir, c'est inévitable : il va y avoir des spoilers.

Comme je disais, c'est une mécanique bien perverse que ce film. Nick se retrouve accusé du meurtre de sa femme, et même s'il a l'air sincère dans ses dénégations, tout l'accuse, tout porte à croire que c'est effectivement un meurtrier. Sauf qu'il y a, à peu près au milieu du film, un retournement de point de vue. Ou plutôt, on comprend que tout ce qu'on nous a montré pour l'instant, les différents flash-backs, sont le point de vue d'Amy, et même qu'Amy ment. Ce genre de retournement narratif ouvre des « crevasses » (à la Flaubert) toujours passionnantes. C'est par exemple un principe qu'on retrouve dans True Detective : la voix off des deux personnages qui se font interroger une dizaine d'années après les faits est parfois un peu redondante avec les images, jusqu'au moment où on se rend compte qu'ils mentent. Et là ça devient passionnant, tout comme Gone Girl.

J'avoue avoir attendu un autre retournement, une autre mise en perspective, mais en fait non. Depuis le début Nick est en fait un gentil qui se fait avoir par sa femme, perverse jusqu'au-boutiste et vraie « méchante ». Ce qui pose la question inévitable de la misogynie du film, que je ne résoudrai pas ici, même si j'ai quand même une petite idée.

La critique des médias, essentielle dans toute œuvre post-moderne, est ici farouche : tout-puissants, ils façonnent l'opinion publique, influencent police et justice. Dur de ne pas penser « ah là là ces Américains » pendant la moitié du film. L'institution du couple en prend pour son grade : on se ment l'un à l'autre et à soi-même, on n'aime jamais qu'une projection de soi, le mariage est une prison dont on ne peut pas sortir... Bref, un film parfait pour un dimanche soir en amoureux.

Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #David Fincher, #États-Unis

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