Publié le 12 Mai 2025

Ça commence en Algérie, avec Ali le grand-père, devenu riche par hasard, grâce à une presse à huile d’olive déposée par les flots. Il croit fermement que c'est juste le destin, mektoub. Il a fait la guerre 39-45 en France mais n’en parle pas ; il a eu plusieurs femmes, et enfin un premier fils, Hamid.
Puis c'est la guerre d’Algérie, et l'arrivée du FLN. Ali se méfie d’eux, de leur amateurisme et de leur violence : il choisit plutôt de discuter avec les militaires français. Quand les choses se corsent et que les affrontements s’intensifient, Ali comprend que ses jours sont comptés dans son village : il ne lui reste alors plus qu'à partir en France, ce pays si lointain dont il a la nationalité sans même en parler la langue.
Ce sont les bidonvilles du camp de Rivesaltes qui accueillent Ali et sa famille (sa femme Yema, les enfants Hamid, Dalila et Kader). Après quelques mois, ils sont installés au Logis d’Anne (près d'Aix-en-Provence), où Ali travaille à l’Office national des forêts – il est une des petites mains qui entretiennent les bois.
La famille est ensuite réinstallée, aux côtés d’autres Algérien·nes, dans une cité HLM à Flers, et c'est à l'usine qu'Ali est embauché – dans des conditions déplorables. Hamid, qui apprend vite de devient un bon élève, devient l'écrivain public, l'avocat, l’assistant de tous les adultes de la cité, qui ne savent pas lire le français.

En arrivant au lycée, Hamid (toujours excellent élève) commence à se politiser, dans l’effervescence qui suit Mai 68. Le fossé se creuse de plus en plus avec son père, incapable d’expliquer la suite d’événements qui l’ont forcé à quitter l’Algérie.
Le bac en poche, Hamid s'amuse avec ses amis Gilles et François ; il fait aussi face au racisme, ou à des Algériens qui accusent Hamid d'avoir un père traître à l’Algérie. Les trois amis passent un été à Paris, Hamid y rencontre Clarisse et s’installe avec elle.
Il a honte de son histoire et a peur qu’elle le juge ; cette « guerre du silence » dure sans doute trop longtemps mais elle prend fin. Hamid rencontre les parents de Clarisse (des bourgeois de province mal à l’aise face à leur beau-fils, qui le cachent en ne parlant que de la pluie et du beau temps) ; Clarisse rencontre les parents d’Hamid (la barrière de la langue, la réconciliation tacite avec le père d’Hamid).
Clarisse et Hamid ont quatre filles : Myriem, Pauline, Naïma et Aglaé.

Naïma travaille dans une galerie d’art contemporain. Christophe, le galeriste/amant, lui propose de s’occuper de la rétrospective de Lalla, un peintre et dessinateur algérien, de la génération d’Ali. Sévèrement malade, Lalla raconte ses années algériennes à Naïma, qui se rend compte qu’elle ne connaît rien de ce pays, et constate que son père Hamid reste silencieux sur ses souvenirs.
Elle doit traverser la Méditerranée pour récupérer des originaux, et ce voyage algérien ne pourra pas être seulement professionnel. Elle y rencontre des hommes accueillants, se retrouve un peu perdue dans ce pays d'où elle vient sans le connaître. On lui propose d’aller voir le village de son grand-père, perdu dans la montagne, « aux mains des barbus »… Naïma est à la fois en terrain familier et étrangère à ces gens de sa famille qu’elle rencontre.
À son retour en France elle est au centre de l'attention de sa famille : c'est probablement la première à être retournée en Algérie ! Sa grand-mère Yema aimerait y retourner, mais elle n'y connaît plus personne : « je ne voudrais pas rentrer chez moi et dormir à l’hôtel ». Ça se termine par l’exposition des œuvres de Lalla.

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Cette vaste fresque sur l'Algérie, sur les Harkis et les générations qui suivent est très belle. On y devine une belle part d'autobiographie ; le roman a l'avantage de combler les vides laissées par l'histoire familiale. L'écriture est subtile et efficace, sans effets inutiles, d'une grande finesse dans le travail sur les personnages.

J'ai l’impression de m'être un peu documenté sur l’Algérie et son histoire coloniale, et pourtant rien de tout ce savoir n’arrive à la hauteur de ce roman pour me faire comprendre cette histoire – je suis par ailleurs bien conscient que ce livre n’est pas un cours, et qu'il est par définition plein de vides. Mais passer autant de temps avec ces personnages m'en offre une expérience sensible (les oliviers et les montagnes algériennes, la boue des camps, l'impossible silence dans lequel les harkis se murent…) qui me restera sans doute longtemps en mémoire.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #littérature, #France

Publié le 5 Mai 2025

Figurez-vous que je n'avais JAMAIS vu La Grande vadrouille. Oui, je sais, c'est incroyable, je ne suis pas un bon français, que voulez-vous.

Je fais quand même un bref résumé pour mon moi du futur : trois parachutistes britanniques sont forcés d'atterrir sur Paris occupée par les Nazis. Ils vont essayer de se retrouver les uns les autres, puis de passer en zone libre. Sur leur chemin, ils rencontrent Augustin Bouvet, peintre en bâtiment (Bourvil), le chef d'orchestre Stanislas Lefort (Louis de Funès) et la jeune et jolie Juliette (Marie Dubois).

Le film contient les éléments de base de la comédie française de l'époque : des quiproquos à foison ; un duo que tout oppose (principe que reprendra Veber ici ou ) ; des rebondissements à n'en plus finir ; des séquence de drague un peu gênantes mais somme toute très prudes. Malgré quelques longueurs, je me suis bien amusé ; c'est pas toujours très surprenant mais dans l'ensemble plutôt bien écrit, les scènes d'action/aventure sont bien fichues, les ressorts comiques marchent plutôt bien.
Est-ce que c'est le meilleur film de l'histoire du Cinéma français ? probablement pas, mais c'est un bon film, représentatif de son époque sans avoir trop mal vieilli.

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Publié le 2 Mai 2025

Le principal problème de ce film est qu'il est trop long ; et il est trop long parce qu'il y a deux films dans Oppenheimer.
Le premier raconte la carrière du physicien américain : ses années d'études en Europe où il rencontre tous les grands noms de la physique quantique (Ernest Rutherford, Paul Dirac, Max Born, Werner Heisenberg…) ; ses premières années en tant que chercheur aux États-Unis… jusqu'au projet Manhattan, et à la folle (et effrayante) aventure de l'invention de la bombe atomique.
Le deuxième film se penche sur l'audition aux allures de procès d'Oppenheimer1 : en gros, dans les années 1950, alors que le maccarthysme rend tout le monde fou, on accuse le physicien d'être un communiste et de ne plus être digne de diriger des recherches aux nom des États-Unis ; derrière tout ça on peut aussi lire la jalousie (peur ?) de certains face à l'influence politique qu'Oppenheimer a acquis sur les sujets scientifiques et militaires.
Les deux films peuvent avoir leur intérêt, mais c'est compliqué de raconter le procès sans raconter la bombe : Nolan choisit donc de tout raconter.

J'ai honnêtement bien aimé le premier film sur la carrière d'Oppenheimer, malgré ses quelques longueurs (évidemment) ici ou là. Mais c'est un biopic finalement assez classique, et j'imagine que Nolan cherchait à aller plus loin, d'où l'idée de centrer le film sur le procès/audition, qui enchâsse le film, et qui ponctue le récit ici ou là – il y a d'ailleurs des effets de retournement de situation un peu merdiques. Mais au lieu de rendre l'ensemble plus riche et intéressant, ça l'alourdit, et le complique avec une tonne de personnages dans lesquels on se perd – la chronologie n'est par ailleurs pas toujours simple à suivre.

Passé ça, les acteurs sont très bien (c'est clairement un film de mecs), la mise en scène et la composition des plans très belle. La musique est par contre pas intéressante et BEAUCOUP TROP omniprésente, appuyant par sa longueur le fait que certaines scènes n'en finissent pas de s'éterniser.

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Je n'avais pas aimé le livre que Virginie Ollagnier avait consacré au même Oppenheimer, qui avait certains des défauts du film ; il semble que le physicien soit un personnage pas évident à mettre en scène.

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1. Ce n'est pas réellement un procès, puisque personne n'est condamné, et qu'il s'agit juste de savoir si les habilitations d'Oppenheimer peuvent être reconduites (c'est d'ailleurs une précision importante dans le déroulé) ; mais ça ressemble quand même vachement à un procès (à charge, bien sûr).

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #États-Unis

Publié le 30 Avril 2025

Le Monde perdu : Jurassic Park (Steven Spielberg, 1997)

Ian Malcolm découvre avec effroi que John Hammond a une deuxième île pleine de dinosaures, qui lui servait à faire grandir les dinos avant de les envoyer dans son parc. Le vieux fou a envoyé une équipe de scientifiques pour étudier ces grosses bébêtes, désormais laissées en totale autonomie. Quand Malcolm découvre que sa petite amie Sarah Harding est déjà sur place, il se joint à l'expédition pour monter une mission de secours. Évidemment, ça ne se passera pas du tout comme prévu.

Bien sûr, ce film est moins réussi que le premier Jurassic Park (mais tout de même bien meilleur que ses suites) ; je l'ai beaucoup (beaucoup) moins regardé que le premier volet mais je le connais quand même quasiment par cœur. Je continue à prendre beaucoup de plaisir à le voir, parce que 1. il y a des dinosaures 2. c'est tonton Steven qui est aux manettes, et regarder l'efficacité toute en simplicité de sa mise en scène est un vrai bonheur.

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Publié le 24 Avril 2025

Un daron achète à un vieux chinois (particulièrement cliché) un « mogwaï », une petite créature toute mignonne, avec trois règles impératives : ne pas l'exposer à une lumière trop forte ; ne pas le mouiller ; ne jamais le nourrir après minuit. Le daron offre le mogwaï à son grand fils pour Noël. Évidemment chacune des règles va être transgressée l'une après l'autre, et la fête de Noël sera un tantinet gâchée.

Je pense que j'avais vu ce film quand j'avais une douzaine d'années, je ne l'avais jamais revu depuis. Et franchement, j'ai passé un très bon moment !
Alors il y a évidemment des défauts, c'est parfois un peu long, les personnages ne sont pas très intéressants (à part le daron, un inventeur farfelu, manifestement un cliché des années 1980), tout est plutôt prévisible… Mais ça n'a pas suffi à gâcher le plaisir. Ça ne fait pas peur à l'adulte que je suis, et je me suis bien amusé avec les bêtises que font les gremlins. Le travail de marionnettes est plutôt habile et réussi – même si évidemment on voit que ce sont des marionnettes.

Pour aller plus loin sur l'analyse du film, je laisse la parole à l'inestimable Karim Debbache.

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Publié le 19 Avril 2025

Ai-je vraiment besoin de résumer ce film ?

Je pense que je n'avais pas vu ce film plus d'une fois ou deux, je me souvenais un peu du début (« Juste Leblanc », les maquettes en allumettes, l'accent belge…), j'avais complètement oublié la fin. C'est très drôle bien écrit et bien dialogué ; on sent bien l'adaptation d'une pièce de théâtre sans que ce soit gênant.

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Publié le 13 Avril 2025

Incroyable : je n'avais jamais fait de note sur Les Indestructibles. Pas besoin de résumer, je le connais par cœur, et c'est probablement encore aujourd'hui mon film de super-héros préférés. La suite est très bien aussi.

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