Publié le 24 Août 2014

Daniel Plainview (Daniel Day-Lewis) est un prospecteur de pétrole. Il a un jeune fils qui l'accompagne partout où il va. Un jour, un jeune homme, Paul Sunday (Paul Dano) lui dit que les terres de ses parents sont très riches en pétrole. Daniel s'y rend, commence à tout acheter à bas prix et à exploiter les terres. Les relations se tendent peut à petit avec Eli Sunday, frère jumeau de Paul, prêcheur à l'américaine de l'Église de la Troisième révélation. Un jour, un accident sur le forage rend le fils de Daniel sourd. Ce dernier va sombrer lentement dans la violence et la folie.

La musique du film est très étrangement gérée. Souvent très présente par moments, très dissonante, ou bien très rythmée, ou alors très lyrique et romantique, elle n'a jamais l'air de réagir à la scène que l'on a sous les yeux. Parfois elle crée une tension qui fait attendre le pire dans des moments anodins, elle souligne avec emphase des moments qui ne le méritent pas... J'ai eu du mal à comprendre son rôle et son intérêt autrement que démonstratif (« regardez comme c'est puissant ce que je suis en train de faire »).

Et c'est peut-être un des défauts du film : la conscience (ou moins la volonté) qu'a Paul-Thomas Anderson de faire un Chef d’œuvre, et la complaisance qu'il peut y avoir à ça. Tout est lent, tout est souligné, tout est puissant. À ce titre, le début du film est parlant : 15 minutes sans un seul dialogue à regarder des types descendre dans des mines et creuser des puits de pétrole. À un moment la question est : où veut-il en venir ?

Et à la réflexion, c'est une question qui reste en suspens. Le personnage principal, autour duquel tourne tout le film, est haïssable, obsédé, violent, fou, sans qu'on ait de clés qui permettent de comprendre ce qui lui arrive : je pense aux revirements vis-à-vis de son fils, entre amour et rejet, qui surviennent sans raison apparente. Et comme les autres personnages sont plus ou moins des figurants (hormis Eli le prêcheur), il n'y a à peu près aucun personnage pour le rattraper. Je l'ai déjà dit, je n'aime pas spécialement les œuvres psychologisantes, où on passe le temps à nous expliquer les raisons de telles et telles actions. Mais ici c'est l'inverse : Daniel Day-Lewis crie, gesticule, transpire, vocifère, pleure, mais c'est un personnage tellement énigmatique qu'il finit presque par perdre son sens. Et si son seul « sens » c'est de haïr l'humanité entière, ce n'est pas très intéressant. De la même façon j'ai trouvé l'intrigue avec Eli assez mal traitée, peu exploitée, assez grossière en somme.

Au final on garde du film la description très sombre, noire, pessimiste et un peu vaine d'une humanité tragique, violente, bête et cruelle. Ça manque de finesse et de profondeur pour moi. Si j'ajoute que je n'avais pas aimé Magnolia non plus, je pense pouvoir dire que je n'aime pas le cinéma de Paul-Thomas Anderson.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #États-Unis

Publié le 20 Août 2014

À New York, il y a les super flics et les autres. Dwayne « The Rock » Johnson et Samuel L. Jackson sont les deux meilleurs, des gros bras, des durs, qui n'hésitent pas à défoncer des voitures, des immeubles et des bus pour arrêter des drogués, même s'ils n'ont que 2g de cannabis sur eux. Les autres flics ont souvent du mal à trouver leur place. Allen Gamble (Will Ferrell) se contente de son rôle de gratte-papier, pendant que son partenaire, le jeune chien fou Terry Hoitz (Mark Wahlberg, encore lui), rêverait d'être lui aussi le meilleur flic de New York.

À la mort (très bête) des deux super-flics sus-cités, la brigade se tire la bourre pour savoir qui les remplacera. Terry essaye laborieusement d'entraîner Allen sur le terrain, alors que ce dernier n'est occupé que par une histoire de permis de construire, qui s'avèrera être plus grosse que prévu...

Autant l'avouer, ce film m'a beaucoup fait rire. Les personnages sont improbables à souhait, les dialogues écrits aux petits oignons, les acteurs sont tous formidables (et Mark Wahlberg est très bien pour le rôle), ça fourmille de surprises et d'idées idiotes...

À noter que le film traite de scandales financiers, et que le générique de fin fait, très sérieusement, le tour de la question (Goldman Sachs, Madoff, les parachutes dorés etc). Suffisamment rare dans une comédie pour être souligné.

Allez en bonus, Allen Gamble qui fait la promotion du NYPD.

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Publié le 20 Août 2014

Le vol des cigognes est un livre de Jean-Christophe Grangé paru en 1994 (et comme souvent ça se sent dans le rapport à l'informatique).

Max Böhm est un passionné de cigognes. Il charge Louis Antioche, jeune homme désœuvré, d'enquêter sur la disparition de certaines d'entre elles qui ne sont pas rentrées en Suisse après leur migration. L'aventure commence lorsque le Suisse meurt d'une crise cardiaque et que Louis, en fouillant la maison du défunt, trouve des photos de torture, une radiographie d'un cœur étrange... La route de la migration des cigognes empruntée par Louis sera semée d'embûches, de cadavres, de tueurs, de trafics et de psychopathes en tous genres...

On l'aura compris, le roman est un thriller. Efficace, bien mené même si un peu long sur la fin, les multiples rebondissements et révélations m'ayant légèrement lassé au bout d'un moment. Il faut avoir le cœur bien accroché, certaines descriptions sont vraiment gore à souhait. Ce n'est pas le roman du siècle, ni une révélation littéraire. Mais c'est un bon thriller, et un bon bouquin à lire en vacances. Ce n'est pas rien.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #littérature, #France

Publié le 19 Août 2014

C'est l"histoire de John Bennet, en 1985, un gamin qui a du mal à se faire des amis (même les juifs l'envoient bouler, c'est dire). Il reçoit pour son anniversaire un ours en peluche, qui, à la suite d'un souhait de John, devient vivant.

De nos jours, on retrouve John et Ted (l'ours), en train de se fumer de grosses douilles sur le canapé. John est adulte et il a une copine qui commence à avoir du mal à voir son mec fumer avec son ours en peluche. Elle aimerait bien qu'il prenne sa vie en main et devienne un homme responsable, ce qui est encore loin d'être le cas.

Évidemment, résumé comme ça, tout ça est très cliché. Et ça l'est. Le film est sauvé de la niaiserie grâce à ses qualités d'écriture, à son humour féroce, mordant et bêta : le réalisateur, Seth MacFarlane, est le créateur des Griffin et d'American Dad, pour situer. C'est donc très drôle, et c'est tant mieux, parce que c'est ce qu'on demande à ce film.

Pourtant, est-il besoin d'être aussi basique dans le déroulé de l'intrigue ? On a l'impression d'avoir vu ce film 250 fois déjà (c'est-à-dire dans presque l'intégralité des comédies romantiques « pour garçons », celles « pour filles » ayant plus ou moins un autre scénario). Et pourquoi est-ce toujours l'homme qui est un grand enfant, la femme une adulte responsable qui pousse l'homme à changer, et jamais l'inverse ? Pourquoi, comme toujours, la copine du héro est-elle une bombasse (Mila Kunis, même pas très jolie) ? Il y a dans ce film une forme de sexisme latent, renforcé par le choix de Mark Wahlberg dans le rôle principal. Ce n'est pas qu'il joue mal (au contraire), c'est plutôt qu'il ne colle pas au rôle, et pour une raison très simple : il est trop musclé. Il a littéralement des biceps comme mes cuisses. Pourquoi, bon sang de bois ? Comment un type qui passe ses journées assis à fumer des gros bangs et à manger des chips peut être baraqué comme ça ? Il faut passer plusieurs heures par jours à la salle de gym, sans doute prendre des produits, ce qui ne colle pas du tout avec le personnage.

On me dira que je fais une fixette sur un détail, mais c'est le genre de truc qui me sort du film. Et c'est un travers qui est de plus en plus présent dans les films : par exemple, dans Elysium, pourquoi Matt Damon est-il aussi baraque ? Son personnage a un accident qui l'oblige à porter un exosquelette, un type « normal » aurait été au moins aussi bien (je conseillerai la lecture de cet article pour aller plus loin sur le sujet).

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Publié le 13 Août 2014

Blue Jasmine (Woody Allen)

Jasmine (Cate Blanchett) est une femme qui a tout perdu. Mariée à un golden boy (Alec Baldwin), as de la finance richissime, elle est aujourd'hui ruinée, complètement paumée, gavée d'anxiolytiques, à la limite de la crise de nerfs et de la folie, et incapable de se réadapter à une vie ordinaire. New-Yorkaise, elle se réfugie à San Francisco chez sa sœur Ginger (Sally Hawkins), modeste et simple caissière, américaine moyenne sortant avec des types plutôt médiocres, mais pas malheureuse pour autant. Jasmine se retrouve confrontée aux réalités de la vie quotidienne : vivre dans un appartement de moins de 15 pièces avec une sœur avec laquelle tout n'est pas toujours rose, la nécessité de trouver un travail, la fréquentation de gens « normaux »... En parallèle, on découvre le passé faste de Jasmine, sa vie mondaine, et les trahisons de son mari, escroc à la Bernard Madoff.

Après plusieurs films européens assez inégaux (je garde un très mauvais souvenir de Minuit à Paris), Woody Allen retrouve les États-Unis, New-York et San Francisco (même s'il n'était pas parti bien loin, cf. le plutôt réussi Whatever Works). Et ça se voit qu'Allen est à l'aise dans ces décors qu'il filme sans chichis ni maniérisme. Quand la sœur de Jasmine découvre New-York, il ne filme pas New-York : il filme Ginger et son mari, il s'intéresse à ses personnages. Et c'est beaucoup plus intéressant et plus juste que de nous montrer toutes les cartes postales possibles de Paris. Ce film décrit la chute sociale d'une femme, passant de l’extrême opulence à la ruine. Allen a déjà traité ces questions de différence sociale, mais plutôt sur le registre de la comédie : je pense à Escroc mais pas trop, l'histoire d'un petit voyou qui réussit et devient millionnaire, un « nouveau riche » vulgaire sans goût ni culture. Blue Jasmine pourrait en être une sorte de double inversé. Le film, tragique, est écrit avec beaucoup de finesse, de vérité, et d'actualité (la référence à l'affaire Madoff est claire). Il faut souligner le jeu d'acteur, très bon comme toujours chez Woddy Allen, mais surtout la performance de Cate Blanchett, à fleur de peau, toujours sur le fil, parfois méconnaissable mais toujours très juste.

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