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Publié le 10 Février 2024

Le prince Albert, futur George VI, est bègue, et c'est un sacré handicap dans ses fonctions officielles. Il rencontre un docteur pas comme les autres qui va essayer de remédier à ça.

J’y allais à reculons la première fois que je l’ai vu, probablement à cause du côté « film historique sur des histoires de roi », et déjà la première fois j’avais bien aimé. Mais pour être honnête j’avais oublié à quel point c’est un film réussi ! Les acteur·ices sont très bien, les personnages aussi, c’est très souvent drôle, assez touchant. La mise en scène est très bien, les plans élégants et soignés, la lumière magnifique, la DA très belle aussi.
En même temps l’histoire est tellement épique et romanesque : un roi qui doit surmonter son bégaiement pour faire un discours d’entrée en guerre face à tout son peuple, comment ne pas faire un bon film avec cette histoire ?
(La comparaison avec The Emperor in August est intéressante, et pas très flatteuse pour le film japonais)

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Publié le 2 Mai 2023

1. La saga de Freydis Eriksdottir
Une jeune et puissante guerrière viking, installée au Groenland, entreprend de voyager vers l'ouest. Avec ses compagnons de voyage, ses dieux et ses chevaux, elle s'installe sur le nouveau continent.

2. Le journal de Christophe Colomb
Le jeune conquistador découvre les Indes, mais le voyage ne se passe pas aussi bien que prévu (ce passage ressemble beaucoup au récit de Cabeza de Vaca, je soupçonne Binet de l'avoir consulté).

3. Les chroniques d'Atahualpa
C'est le cœur du livre. Atahulpa, frère de l'empereur Inca en guerre contre lui, est contraint de fuir le continent. Il débarque à Lisbonne, juste après le tremblement de terre de 1531. Avec sa suite, quelques hommes, la princesse cubaine Higuénamota, l'Inca va conquérir le continent européen et se livrer à un long bras de fer avec les forces politiques et religieuses.

4. Les Aventures de Cervantès
Dans ce court récit picaresque en fin du roman, Cervantès croise le chemin du Greco et de Montaigne.

C'est un roman uchronique passionnant, vertigineux et brillant. Laurent Binet joue à imaginer une découverte du nouveau monde à l'envers. Les Vikings ont apporté les chevaux sur le continent américain, ce qui change le rapport de force et permet aux Incas de partir conquérir le monde.
On trouve de nombreuses pages sur la religion, les Incas découvrant avec étonnement les adeptes du dieu clouté, leurs mœurs étranges, les débats obscurs avec Luther… Ces pages sont souvent amusantes, écrites avec beaucoup de finesse.
Laurent Binet pastiche différents genres de récits historiques d'une façon élégante, il varie les genres pour renouveler l'intérêt (l'attaque des Mexicains, racontée par lettres).

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Publié le 31 Janvier 2022

Les dinosaures, ces animaux fantastiques et merveilleux, ont bercé mon enfance. J'aurais adoré lire un livre comme ça, aussi riche, intéressant, complet et accessible.
C'est écrit par un paléontologue américain, et on sent la patte du story telling à l'américaine, c'est fluide, bien structuré, avec des relances quand il faut. Pourtant je n'ai pas trouvé ça appuyé, je n'ai pas eu l'impression que Steve Brusatte me prenait pour un idiot.
J'ai même appris plein de trucs, comme le fait qu'au Trias, les dinosaures étaient des animaux à la marge, comme les mammifères, à l'ombre des crocodiliens, des amphibiens ou des reptiles ; ou comme le fait qu'il y avait des oiseaux dès la fin du jurassique !
C'était super et ça me donne envie de dessiner des dinosaures. On n'est pas sorti de l'auberge.

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Publié le 4 Janvier 2021

Ce livre raconte l'histoire de l'empire comanche, puissant, fort, riche, violent, qui pendant quelques siècles a joué à armes égales avec Espagnols, Anglais ou Français.
Autant Pekka Hämäläinen a écrit un livre qui enchaîne les moments sans donner de cohérence au fil de l'histoire (pour moi en tout cas), autant S.C. Gwynne a écrit un livre passionnant, qui se lit comme un roman – et que j'ai la flemme de résumer, désolé.
Il n'y a qu'un défaut : une façon de dire que les Comanches ne sont pas « civilisés », considérant manifestement que la civilisation ne peut être qu'occidentale – c'est peut-être un problème de traduction.

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Publié le 31 Octobre 2020

Pour plein de raisons, j'ai commencé à lire L'Empire comanche, qui est l'ouvrage de référence sur ce peuple de Natifs. L'idée de base du livre, c'est que pendant la colonisation de ce qui deviendra les États-Unis, les Comanches ont érigé un empire commercial et militaire dans les grandes plaines autour du Texas. Cet empire s'est battu à armes égales avec les colonisateurs espagnols, anglais et français, qui devaient composer avec les Comanches, faire des alliances territoriales, militaires et commerciales. Mais comme les Comanches ont perdu la guerre, leur histoire est oubliée. C'est donc un principe passionnant, et le livre est souvent super intéressant.
Mais il a pour moi un défaut : il ne fait que lister des batailles, des alliances, des déplacements, des guerres. Sans jamais parler de ce qui m'intéresse le plus au fond : qui sont les Comanches, quelle est leur culture, leur mode de vie, comment ont-ils évolué… J'avoue que cette interminable liste de conquêtes territoriales et d'échanges commerciaux est assez rébarbative à la longue. Peut-être y a-t-il un twist de ouf à la fin, mais je ne vais pas me mentir : ça fait plusieurs mois que je n'ai pas ouvert ce livre, je ne vais jamais m'y remettre.
Je mets quand même en-dessous les notes brutes que j'ai prises, histoire que ça n'ait pas servi à rien.

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1. La conquête
Lutte entre plusieurs acteurs de la domination des Grandes Plaines du Sud vers 1705 : Espagnols, Français, Apaches (nouvelle Espagne, nouvelle France). Les Comanches s'approprient chevaux, fusils et outils de métal, venus de France. Leur mode de vie est tourné vers le bison.
P 50 première description.
Chevaux vers 1690. Alliances avec les Utes. Chasse des antilopes, lièvres, cueillette pendant l'hiver, au printemps déplacement vers la chasse aux bisons. Été guerre avec les Navajos. Commerce avec le Nouveau-Mexique. Les Comanches se divisent en 3 groupes (p. 58). Fusils. Commerce d'esclaves. Nouveau-Mexique décide de lutter contre Utes et Comanches, ceux ci se portent vers les plaines de l'est. Luttes avec les Apaches, qui pratiquent l'agriculture (désavantage militaire). Lutte pour les ressources, les rivières. Les Comanches ont arrêté la cueillette pour se concentrer sur le bison : leur alimentation s'enrichit en protéines, s'appauvrit en glucides. Ils commencent à vendre de la viande contre des aliments riches en glucides (maïs...) au Nouveau-Mexique : nouvelle raisin de lutte contre les Apaches. 1718 : les Apaches ont le soutien des Espagnols. C'est un échec, d'autant plus que les français s'en mêlent.
Mode de vie avec chevaux. Un chef, le paraibo, gouverne 100 à 300 membres.
Rôle politique et social des cadeaux et ventes, incompris par les Espagnols, qui ont une logique de marché.
1740 Comanches et Utes lancent des raids contre les Espagnols au Nouveau-Mexique (ouest). Dans le même temps, au Nord, des conflits avec les Pawnees, et à l'est avec les Osages (vers Missouri/Arkansas, chasseurs et horticulteurs). Politique d'alliance en particulier avec les Taovayas (Wichita) commercial (avec les Français) et guerrier. Comanches achètent des armes aux Français pour s'en servir contre les Espagnols, avec les Utes. Les Espagnols essayent de pactiser avec les Comanches pour se protéger des Français. 1752 : paix avec les Espagnols, favorable aux Comanches : accès commerciaux (foires), reconnaissance comme nation souveraine. Alliance avec les Pawneesen plus des Taovayas pour lutter contre les Osages à l'Est. Années 1750 : l'alliance avec les Utes se transforme en guerre. Les Utes s'associent aux Espagnols : conflits dans tous les sens, puis nouveau traité de paix en 1762. Les Utes se barrent à l'Ouest, les conflits se termine, le territoire est tenu par les Comanches, qui continuent leur expansion.
Les Espagnols commencent à regarder tout ça de plus près : comment les Comanches ont réussi à s'implanter dans les prairies alors qu'eux mêmes en sont incapables ? (autocritique pas très agréable) les Comanches sont des guerriers redoutables, mais pas que : c'est aussi une puissance diplomatique, économique et politique.

2. Un nouvel ordre (p 129)
Février 1763 : fin de la guerre de 7 ans. La France perd ses possessions en Amérique du Nord. Grande Bretagne gagne le Canada, la Grenade et le Sénégal. L'Espagne étend sa présence coloniale en Amérique du Nord : le long du bassin du Mississipi se trouve l'Est britannique et l'ouest espagnol.
Cette division oublie les Natifs. La France cède aux Britanniques des territoires appartenant aux Natifs, provoquant un soulèvement massif pan-indien, la guerre de Pontiac.
L'Espagne possède des terres qui sont en réalité partie de la Comancheria, et leur empire va se retrouver mis en échec.
1762 : les Espagnols signent un traité avec les Comanches de l'ouest (Yamparikas, Jupes et Kotsotekas), qui leur donne l'impression de dominer les Comanches. Ceux-ci se lancent dans une expansion commerciale et diplomatique dans la région des Grandes Plaines, vers le haut bassin de l'Arkansas, se libérant de l'emprise économique du Nouveau-Mexique avant d'entrer en guerre.
Les Comanches vendent des chevaux aux Natifs du Nord, achètent des fusils britanniques aux Taovayas, commercent avec des marchands français, échangent peaux de bison contre nourriture... En 1780,les Comanches de l'ouest ont tant de fusil et tout qu'ils les vendent eux mêmes.
1767 : le gouverneur Cachupin se barre, les relations se détériorent. "En 1777, le Nouveau-Mexique était une colonie brisée." Vols de chevaux, enlèvements d'Espagnols (femmes et enfants) contre rançon ou pour esclaves (à vendre ou pour eux). En 1777-1778, les Comanches ont tué ou capturé 200 personnes du nxmex. Le territoire est en grande partie laissé aux Comanches, qui continuent à alterner commerce et pillage, les Espagnols sont dépendants des Comanches, ennemis et alliés.
Autre zone de raids, années 1770 : Nord et Ouest du nvmxq, au delà des Rocheuses jusqu'au territoire des Utes. Aussi vers le Sud-Ouest, ancien territoire des Apaches.
Également extension vers l'Est, le Texas et la Louisiane.
En 1771, les Espagnols font alliance avec les Wichitas, selon un axe Texas-Louisiane-Wichitas, ce qui isole les Comanches. Ceux-ci proposent une trêve avec les Texans. Les Wichitas sont touchés par la variole, les Comanches reprennent le contrôle et leurs raids/commerces entre les plaines du Texas et la vallée du Mississipi vers 1777. Les Espagnols font la paix avec eux, notamment pour lutter contre les Osages.

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Publié le 24 Octobre 2019

Ce livre est un recueil de textes écrits en 1535 et 2000 par différents auteur·trice·s, explorateur·trice·s, anthropologues, ethnopsychiatres et quelques chamanes iels-mêmes (souvent des propos rapportés). Il y a évidemment de tout dans ces textes, des choses passionnantes, des récits de séances de chamanisme, des réflexions plus théoriques…
Je retiens en particulier les textes de :

  • Everard F. Im Thurn (séance de chamanisme en Guyane)
  • Vladimir Ilitch Jochelson (séance de chamanisme en Sibérie)
  • Élan-Noir et John G. Neihardt (l'appel des esprits pour une première guérison chez les Sious)
  • Michael Harner (séance hallucinogène chez les Jivaros)
  • Claude Lévi-Strauss (La Pensée sauvage, à lire)
  • Roger Walsh (réflexions sur le « chamanisme scientifique »)
  • Edith Turner (la nécessité de quitter son point de vue d'anthropologue occidental)
  • Graham Townsley (conception du monde des chamanes d'Amazonie)
  • Jean-Pierre Chaumeil (fléchettes magiques et virus)

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Publié le 16 Octobre 2019

I Am Not Your Negro n'est pas vraiment un documentaire, c'est plutôt une illustration poétique d'un texte inédit de James Baldwin. Ce texte est un état des lieux de la question Noire aux États-Unis, centré autour du meurtre de trois personnes : Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King. Le contenu est dense, puissant, violent, émouvant, effrayant (ces manifestations de nazis américains, brrr…1) c'est le genre de film qu'on a envie de revoir pour resaisir toutes les subtilités du raisonnement. La forme est parfois un peu illustrative, mais elle est globalement élégante et plutôt habile en terme de montage. Bref, c'est très bien et très recommandable.

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1. Le récit hollywoodien de la gentille Amérique contre les méchants Nazis a fini par faire oublier l'histoire du nazisme aux États-Unis. J'étais tombé sur cette histoire lamentable en cherchant des sources pour compléter l'article Wikipédia consacré aux Aveux d'un espion Nazi.

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