Publié le 27 Février 2017

En 1926, Newt Scamander, sorcier spécialiste des créatures magiques, débarque à New York, alors qu'un phénomène magique inconnu fait des ravages. Les magiciens cherchent coûte que coûte à cacher ces faits, ainsi que leur existence, aux « moldus ».
Certaines créatures s'échappent de la valise de Newt et vont semer une pagaille (relative, tout va bien). Son chemin pour les retrouver va l'amener à rencontrer Jacob Kowalski, un moldu sympathique et curieux et Tina Goldstein, ancienne auror qui va le guider à travers New York.
Et autour de tout ça, il y a le mystérieux phénomène magique, des enjeux de pouvoir, et l'inquiétante secte Les Fidèles de Salem qui traque les sorciers et cherche à les exterminer.

En essayant de faire le résumé, je me suis rendu qu'il se passe vraiment plein de choses dans ce film, il y a plein de personnages, plein d'enjeux, de différentes intrigues qui s'imbriquent. J'ai renoncé à tout résumer, je l'aurais de toutes manières moins bien fait que Wikipedia. Cela m'amène à confirmer ce que je pensais déjà (et qui est une banalité) : J. K. Rolling est quand même une sacrée scénariste. Elle arrive à construire une histoire complexe, claire, intéressante, à dessiner des personnages charismatiques et attachants en 2 heures – alors que, pour rester dans la catégorie des blockbusters, la plupart des films Marvel y échouent piteusement. C'est donc un bon film, un divertissement bien ficelé et malin, ce qui ne court pas les rues.
Tout de même, il faut dire que David Yates n'est pas un bon réalisateur. Il a cette désagréable et fréquente habitude de faire bouger la caméra tout le temps ou presque, sans que ce mouvement n'apporte quoi que ce soit, sans qu'il soit autre chose que de l'habillage, sans que ce soit narratif. Ce n'est pas seulement gênant pour des raisons d'esthètes, c'est aussi gênant pour des raisons narratives : quand la caméra bouge vers la droite, j'ai l'impression qu'il va se passer quelque chose à droite, alors que là non. C'est surtout gênant dans le début du film, avant que l'action commence, quand le mouvement de caméra pousse mon attention vers une zone spécifique (le bas, la droite), et que hop, ça cutte et passe à un autre plan dans lequel cette direction n'a aucun intérêt. Every Frame a Painting parle de ce problème dans cette vidéo sur Kurosawa, en prenant comme exemple Avengers (à partir de 4:45). Heureusement pour David Yates, il travaille avec une des meilleures scénaristes, et on finit par oublier la réalisation (plutôt efficace dans les moments d'action, tout de même) au profit de l'histoire.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #fantastique

Publié le 27 Février 2017

Fille d'un homme politique un peu minable et véreux, Muriel (Tony Collette) vit avec sa mère et ses frères et sœurs, tous des loser assez pathétiques. Muriel n'a pas de travail, n'est pas jolie, n'est pas très maline. Elle traîne avec des copines pouffiasses qui la regardent avec une pointe de dégoût. Muriel est aussi fan d'ABBA et ne rêve que d'une chose : se marier.
Elle rencontre en vacances (payées par de l'argent volé à son père) Rhonda (Rachel Griffith, parfaite), jeune femme libre et indépendante, auprès de laquelle elle gagnera en assurance et autonomie.

Muriel est un film qui commence de façon assez sordide et un peu glauque, puisque rien n'est épargné à Muriel : amis, famille, tout le monde est méchant avec elle, et elle a souvent l'air de mériter les reproches qui lui sont faits, ce qui n'arrange rien... Ça s'arrange un peu par la suite, même si ce n'est (heureusement) pas un film avec un retournement de situation + happy end forcé. Non, c'est très humain et touchant, parfois drôle, très bien interprété, avec des moments magnifiques, comme ce play-back de Waterloo dans le camps de vacances.
Pour être honnête, j'ai l'impression que R. me l'avait vendu comme une comédie romantique de dimanche soir, alors que c'est pas vraiment ça, c'est beaucoup moins lumineux. Ce qui me fait penser à Dollhouse que j'ai vu sur la base d'un quiproquo similaire...

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma

Publié le 7 Février 2017

Louise Banks (Amy Adams) est une brillante linguiste hantée par la mort prématurée de sa fille. Une nouvelle fracassante l'interrompt alors qu'elle donne un cours sur le portugais : douze vaisseaux d'origine inconnue ont atterri sur Terre, dans douze endroits différents, sans qu'on puisse comprendre la logique derrière le choix de ces lieux. Les vaisseaux sont immenses, noirs, en forme d'œuf ; ils semblent flotter à une dizaine de mètres au-dessus du sol.
Le colonel Weber (Forest Whitaker) confie à Louise la mission d'entrer en communication avec les extra-terrestres ; le physicien théoricien Ian Donnelly (Jeremy Renner) est également chargé de monter une équipe.
Louise va donc mettre en place un protocole pour arriver à discuter avec les « heptapodes », sur fond d'interrogations sur leurs intentions et d'affrontements diplomatiques entre les différents pays concernés – qui ne sont pas tous de riantes démocraties.

Ne tournons pas autour du pot : waw, quel film ! C'est beau, magnifiquement réalisé, l'histoire est intelligente, superbement écrite, menée, rythmée. Premier contact est un de ces trop rares films de SF qui proposent des images nouvelles, rafraichissantes pour les yeux, et qui pour autant ne mise pas tout sur les effets mais privilégie un scénario riche, dense et intelligent. Denis Villeneuve, réalisateur du très réussi Incendies, rend manifestement ici quelques hommages à Terrence Malik, certains plans de lumière à travers les branches d'arbres avec une voix off mélancolique ne pouvant pas être fortuits, mais on n'est pas non plus dans le pastiche. Certains plans sont très simples, quelques nuages sur des montagnes, mais filmés avec sensibilité, et une photographie magnifique ; Villeneuve joue aussi beaucoup sur ce qui n'est pas montré : hors champ, sons, beaucoup de choses se passent en-dehors du simple cadre. J'ai parfois pensé à Under the skin, qui est, je le rappelle, un des films qui m'a le plus marqué ces dernières années.
C'est un film qui met en son cœur le langage : comment discuter avec des êtres dont on ne sait rien, dont on ignore totalement la façon de penser ? Comment discuter avec ce qui représente une totale altérité, en évitant autant que possible les risques d'incompréhension, de malentendu – qui sont déjà très fréquents entre personnes parlant la même langue... Et malgré quelques grosses ellipses qui passent sous silence le gros du travail (mais en même temps impossible de faire sans), c'est très malin et intelligemment montré.
Mais c'est aussi un film sur la mémoire et sur le temps qui passe, et c'est aussi un film avec un fond politique – les affrontements diplomatiques, notamment – assumé et bien vu.
Bref, c'est superbe et je regrette de ne pas l'avoir vu au cinéma.

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Publié le 6 Février 2017

Eddie Valiant (Bob Hoskins) est un détective alcoolique des années 50 comme on en trouve dans tout bon film noir. Il travaille à Hollywood, à proximité de Toonville, là où habitent les personnages de dessin animé. Le propriétaire du studio Maroon Cartoons demande à Valiant d'enquêter sur Jessica, la femme de la star Roger Rabbit (pourquoi déjà ?) Valiant surprend Jessica faire « picoti-picota » avec Marvin Acme, directeur d'ACME. Roger Rabbit est dévasté.
Quelques heures plus tard, on apprend la mort de Marvin Acme ; Roger Rabbit est immédiatement accusé. Le juge DeMort (formidable Christopher Lloyd), violemment opposé aux Toons, se charge de l'enquête.
Valiant apprend qu'Acme avait laissé un testament stipulant qu'à sa mort Toonville reviendrait aux Toons1. Si le testament n'est pas retrouvé avant minuit le jour suivant sa mort, Toonville reviendra à Cloverleaf2.
En compagnie de Roger, Valiant mène l'enquête. Jessica lui apprend que Maroon la faisait chanter pour compromettre Acme3, afin qu'il lui vende son studio. Valiant soutire de la bouche de Maroon son plan : vendre son studio et celui d'Acme à Cloverleaf4. Mais Maroon est tué avant d'avoir pu finir d'expliquer le plan. Voyant Jessica s'enfuir, Valiant pense qu'elle est coupable et la suit à Toonville. L'ayant rattrapée, elle explique que c'est le juge DeMort qui est derrière tout ça. Ce dernier les surprend, explique qu'il est propriétaire de Cloverleaf, qu'il cherche à racheter et détruire Toonville pour y faire passer une autoroute. Valiant découvre qu'il est en fait le toon qui a tué son frère il y a des années. Finalement, DeMort est défait, le testament est retrouvé, les Toons sont libérés et tout va bien.

Ouf, quel résumé ! Il a fallu que je vérifie le résumé sur Wikipedia pour être sûr de ne pas dire trop de bêtises, alors que j'ai vu le film hier soir et qu'il est donc encore frais dans ma mémoire. Ce résumé confirme l'impression que j'avais eue en voyant le film : l'intrigue de ce film est étonnamment compliquée, plein de rebondissements, de manipulations et de faux semblants inutiles – et encore, j'ai oublié plein de détails qui alourdissent encore le film dans mon résumé... Mes notes (en bas de l'article) confirment et renforcent cette impression : c'est très compliqué, et par moments inutilement confus. Alors évidemment, toute cette histoire de testament est un « McGuffin », le principal intérêt du film sont les gags et l'univers décrit. Mais pourquoi être aussi confus ? Une histoire plus simple, mieux menée, mieux ficelée, bref un bon scénario bien écrit, aurait largement suffit...
C'est peut-être le moment où je dis que j'ai vu ce film une seule fois, enfant, il y a longtemps – je n'en ai pas trop de nostalgie. Je n'en ai gardé aucun souvenir, mais peut-être le scénario alambiqué explique cela.
L'autre question que je me suis posée est celle-ci : à qui se destine ce film ? Aux enfants ? mais s'y retrouvent-ils dans ce scénario super compliqué ? Et puis quid des nombreuses (et plutôt explicites) blagues de cul qui émaillent le film ? Et quid de son sexisme ? S'adresse-t-il aux adultes ? mais c'est peut-être un peu trop débile pour eux ? Je suis perplexe.
Restent quand même plein de bons gags et de bonnes idées visuelles, des effets spéciaux parfois un peu visibles mais quand même dans l'ensemble bien gérés.

* * *

1. Mais pourquoi a-t-il attendu sa mort pour donner Toonville aux Toons ? Ne pouvait-il pas le faire de son vivant ? Il se fait passer pour un généreux donateur, alors que c'est surtout le type qui a possédé toute une ville et ses habitants de son vivant, et qui en a tiré un très large profit.

2. Les raisons pour lesquelles Toonville reviendrait à Cloverleaf sont un peu obscures, tout comme cette nécessité de trouver le testament avant minuit. D'autant plus que le film donne l'impression de s'étaler sur plusieurs journées, et qu'il n'est plus jamais fait mention de cette urgence – pas de rappel à l'heure, pas de compte à rebours...

3. Si Jessica était forcée, Acme ne l'était donc pas, ce qui en fait bel et bien un vieux dégueulasse. En fait c'est un sale type cet Acme !

4. Mais pour que Toonville appartienne à Cloverleaf, il suffisait de détruire le testament. Il n'y avait donc aucunement besoin de faire chanter Acme...

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #comédie

Publié le 6 Février 2017

Daniel, alias « Microbe », est un jeune ado un peu chétif qui ne vit pas très bien ses années collège. Il va se trouver un ami en l'excentrique Théo, bricoleur précoce, surnommé « Gasoil » – à cause des odeurs d'essence qu'il traîne après avoir aidé son père à réparer sa voiture.
Les deux ados vont se fabriquer une voiture-maison mobile, mue par un moteur de tondeuse, et partir dans une escapade estivale farfelue.

Il y a plein de choses très sympathiques dans ce film. Voir ce véhicule bringuebalant construit par les deux ados sillonner les départementales est vraiment drôle et poétique ; les personnages sont attachants, les jeunes acteurs également, surtout celui incarnant Théo, très naturel dans un rôle pourtant pas simple. Certaines des péripéties sur la route restent sur cette lancée poétique et loufoque. Il y a un ton général que j'ai envie d'aimer dans ce film.
Pourtant, il y a trop de faiblesses dans le scénario pour que ça marche. Pistes lancées sans être creusées, péripéties qui sentent un peu le remplissage, personnages pas assez creusés pour être amusants ou intéressants... Pour faire un bon road trip, il faut des personnages secondaires, il faut du rythme, il faut de la surprise, il faut une cohérence de ton entre tout, et là c'est ce qui manque, la mayonnaise prend mais ne tient pas la durée, et c'est vraiment dommage.

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Publié le 2 Février 2017

Spartacus travaille dans des mines en Lybie, jusqu'au jour où Lentulus Batiatus le repère et l'enrôle – de force évidemment – dans son école de gladiateurs. Forte tête, Spartacus y apprend le maniement des armes et y rencontre Varinia, esclave elle aussi, dont il tombe amoureux.
Le très ambitieux sénateur Crassus vient en visite dans l'école de Batiatus et demande à voir un combat. Spartacus est vaincu par Draba, un grand Éthiopien, mais ce dernier refuse de le tuer et lance son trident contre Crassus – mais le rate. Draba est tué et son cadavre est laissé en exemple. Écœuré, et apprenant que Varinia a été achetée par Crassus, Spartacus se révolte, bientôt suivi par tous ses compagnons d'infortune. Voyant l'affaire mal tourner, Batiatus s'enfuit.
C'est ainsi que Spartacus se retrouve à la tête d'une armée d'esclaves ayant pris leur liberté, qui ne cesse de grossir, qui tient tête à des légions romaines, et dont le seul but est de quitter l'Italie vers des terres où ils pourraient être libres. Ce qui ne plaît pas du tout au Sénat romain, qui va, sur fond de magouilles politiques et de jeux d'ambitions, chercher le meilleur moyen de se débarrasser de cette encombrante armée.

En discutant avec G. récemment, je constatais que j'avais vraiment vu trop peu de films de Kubrick, et qu'il fallait que je comble ce manque. Au programme, donc, Spartacus.
Eh bien c'est vachement bien, Spartacus. C'est un film gauchiste et révolutionnaire, qui n'a sans doute pas manqué de faire écho à la lutte pour les droits civiques des Noirs américains, et en général à toutes les formes de la lutte des classes. Certes, le film se termine pas très bien puisque Spartacus et son armée sont matées par Rome (oui, pardon pour le spoil, mais sans avoir vu le film je le savais). Mais le message du film est qu'il suffit d'un seul pour entraîner toute une masse, qu'une révolte peut débuter minusculement, que même si cette révolte échoue ce n'est pas grave, puisque la graine est plantée. Et c'est étonnant de voir à quel point un film qui a plus de 60 ans, racontant des faits s'étant produits il y a plus de 2000 ans résonne avec l'actualité récente...
Je parle de « film », mais sans doute serait-il plus juste de parler de « fresque » tant l'ambition, le propos et la durée (3h15) sont vastes. Pour l'anecdote, c'est amusant de voir que c'est un film en deux parties de ± 1h30, séparées par un entractes, et débutant par 3 minutes de musique sans image, sans doute pour dire aux spectateurs de l'époque qu'il est temps de revenir dans la salle. Pourtant, on ne s'ennuie pas dans ce film, parce que tout est au cordeau, minutieusement écrit, interprété, réalisé. Chaque détail compte, chaque dialogue a du sens et apporte quelque chose. C'est dense, mais les scènes peuvent prendre le temps de s'installer et d'être autre chose que des moments purement informatifs.
Les acteurs sont tous formidables et merveilleux, dans des compositions riches et sensibles. Kirk Douglas est bien sûr irréprochable, qui est à l'origine du projet, mais j'avoue un faible pour Tony Curtis qui joue Antoninus, le poète de la bande ; Peter Ustinov est parfait dans le rôle du couard mais attachant Batiatus – il contribue à l'humaniser, à lui donner une profondeur à côté de laquelle on aurait pu passer sinon.
Et Kubrick est derrière toute cette énorme machine, et c'est merveilleux. Il dirige magnifiquement les acteurs, joue des espaces, des plans, des mouvements d'une façon très habile. D'autant plus que les immenses armées qui s'affrontent (avec je ne sais combien de dizaines de milliers de figurants) permettent des plans très vastes, avec des mouvements immenses, qu'il compose superbement.

Il faut quand même que je parle de la fameuse scène à double sens, censurée dans la version originale, présente dans la version restaurée (que j'ai vue) : Crassus demande à Antoninus, alors son esclave, s'il aime « les huitres » (oui) et s'il mange « des escargots » (seulement s'il est obligé). Crassus explique que ses goûts l'amènent à apprécier les deux, et que c'est une question d'appétit, et pas de morale.
Bon, l'allusion est claire, et elle est marrante.
Son seul défaut est qu'elle n'apporte rien au film. Il n'y est fait aucune allusion plus tard, et elle n'apporte rien au personnage de Crassus. Alors, si ce n'était à cause de la censure, ça ne m'aurait pas choqué que cette scène ait été coupée au montage.
Il n'est fait allusion à l'homosexualité nulle part ailleurs dans le film – alors qu'il semblerait qu'elle soit très présente dans le livre dont est tiré le film.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #chef d'œuvre