Publié le 29 Juin 2018

Ferrer tient une galerie à Paris qui expose plusieurs artistes contemporains. Delahaye, son assistant, lui fait part d'une expédition partie, dans les années 1950, chercher des pièces rares et précieuses d'art inuit. Le bateau est resté bloqué dans les glaces, on ne l'a jamais retrouvé. Delahaye a une piste, ça serait peut-être intéressant de la creuser parce que la cargaison, si on la retrouvait, vaudrait le déplacement.

Ce roman alterne entre différents récits : l'expédition de Ferrer vers le Nord est entrecoupée de flashbacks, puis alternent le retour de Ferrer et les activités d'un certain Baumgartner, dont on se demande au début ce qu'il vient faire ici, mais on n'est pas dupe, on se doute bien qu'il n'a pas de bonnes intentions.

Je l'ai dit plusieurs fois, Jean Echenoz est un de mes écrivains préférés. Et ce roman – que j'avais déjà lu – confirme mon sentiment. C'est drôle, très bien écrit, brillant, intelligent, malin. Echenoz emmène le lecteur, le rend complice de ses jeux littéraires et narratifs. On a l'impression d'être plus intelligent quand on lit Je m'en vais.
Le narrateur est assez présent, c'est comme un personnage en soi. Il a notamment du recul sur les personnages et sur le récit, et s'en moque parfois un peu, comme au début du chapitre 28 :

Personnellement, je commence à en avoir un peu assez, de Baumgartner. Sa vie quotidienne est trop fastidieuse. À part vivre à l'hôtel, téléphoner tous les deux jours et visiter ce qui lui tombe sous la main, vraiment il ne fait pas grand-chose. Tout ça manque de ressort.

Bref, c'est formidable, et il faut lire tous ses livres. Et que je les relise tous.

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Publié le 25 Juin 2018

Après un Jurassic World très moyen, remake plus ou moins assumé de Jurassic Park (le vrai, l'unique), on continue sur la lancée avec un autre remake plus ou moins caché du Monde Perdu.
En quelques mots : sur Isla Nublar, l'île des parcs, un volcan qui s'était jusque-là bien caché menace d'entrer en éruption1. La question est donc : doit-on sauver les dinosaures, ou laisser la nature faire le ménage ? Pour un vieux monsieur très très riche qui était pote avec Hammond, il faut évidemment sauver les bébêtes. Il charge donc son assistant d'envoyer Owen (Chris Pratt, à fond dans son rôle de « regardez comme je suis viril et beau gosse ») et Claire (Bryce Dallas Howard) sur l'île, accompagnés d'une brigade de paramilitaires patibulaires. Et devinez quoi ? Ça se passe mal.

Pour être très franc, j'en avais tellement entendu du mal que je m'attendais à pire que ça. J'ai quand même été un peu dedans, notamment durant la première partie sur l'île avec le volcan en éruption, qui est plutôt efficacement menée.
Mais quand même : c'est écrit avec les pieds, ça enchaîne les clichés et les WTF. Je ne vais pas faire la liste complète, mais : dans combien de films hollywoodiens a-t-on déjà vu un méchant tellement obsédé par l'argent qu'il fait des choses de méchant stupides ? Hum, dans presque tous ceux qui manquent d'inspiration, et oui, notamment dans Le Monde perdu, dont ce film reprend les grandes lignes en moins bien. Donc ce méchant veut vendre les dinosaures à des bandits richissimes, et ça se passe évidemment mal. C'est le 5e film, depuis le temps on sait ce qu'il se passe dans ces cas-là.
C'est bourré de deux ex machina – mais si, vous savez, ce moment où les héros vont mourir mais non parce que, paf, comme par hasard, quelqu'un vient les sauver (ici les sauveurs sont des dinosaures, au cas où vous ne l'auriez pas vu venir).
Je passe sur l'histoire de la gamine clonée (c'est grotesque) ; sur les deux petits jeunes qui auraient pu être des personnages à part entière mais en fait non ils ne servent qu'à faire joli dans le fond ; sur le fait que les différentes péripéties du film ne reposent que sur des décisions stupides. C'est finalement le très blasé Ian Malcom/Jeff Goldblum qui résume le mieux ce qu'il y a à penser du film, dans les 3 minutes où il apparaît (au début et à la fin) : on a déjà vu tout ça, on sait ce qu'il va se passer, évidemment que si les humains font joujou avec des créatures préhistoriques ça va être la merde. Ce n'était pas la peine de refaire un film pour nous le redire une 5e fois.
Le pire c'est qu'il va évidemment y avoir une suite.

* * *

1. Ce qui confirme l'intuition selon laquelle John Hammond a vraiment mal choisi l'emplacement de son parc : une île faisant partie de l'archipel des « cinquo muertes », sur laquelle passent des cyclones capables de raser l'île et avec un volcan, il me semble qu'il y a mieux pour faire un parc d'attraction.

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Publié le 13 Juin 2018

Tous les vendredis, la famille Ménard se réunit au café « Au père tranquille », tenu par Henri (Jean-Pierre Bacri), et qui appartenait à feu son père. Ce soir c'est l'anniversaire de Yolande (Catherine Frot) : sont présents Philippe, son mari et le frère d'Henri (Wladimir Yordanoff), Betty leur sœur (Agnès Jaoui), Claire leur mère (Claire Maurier) ; dans le café se trouve aussi l'employé Denis (Jean-Pierre Darroussin).
Et évidemment, comme souvent (toujours ?) dans les réunions de famille au cinéma, tout le monde se déteste, tout le monde en veut à tout le monde, et ça ne va pas bien se passer.

C'est le 3e film coécrit par Bacri et Jaoui, ici avec Klapish, adapté de la pièce de théâtre éponyme de Bacri/Jaoui. On sent cette influence théâtrale, le décor est quasiment le même pendant tout le film, à savoir « Au père tranquille » (qui est un nom bien ironique avec du recul). Pour autant, on ne s'ennuie pas, Klapish mettant en scène tout ça d'une manière assez habile et inventive. Les acteurs sont évidemment formidables.
Bacri y joue son rôle devenu classique de grincheux râleur toujours énervé, c'est même un beau connard au début du film. Mais le film avançant, on se rend compte que c'est plus compliqué que ça, que ce n'est pas lui le plus con, qu'il y a plein de raisons qui expliquent ce qu'il est devenu, ce qu'on l'a fait devenir : toute sa famille le prend pour un abruti, l'ignore, le méprise. C'est un personnage plus riche et complexe qu'il en a l'air.
C'est un film parfois drôle (mais beaucoup moins que ce que laisse entendre la bande annonce), souvent juste et sensible. Mais c'est aussi un film stressant, plein d'énervement, de bêtise et de méchanceté plus ou moins masquée, avec une belle brochette de connards et de salauds. Ça ne donne pas envie d'avoir cette famille, et puis tiens, ça ne donne pas envie d'avoir de famille du tout.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma

Publié le 12 Juin 2018

Serge Pilardosse par à la retraite, mais il lui manque des justificatifs pour un certain nombre de petits boulots qu'il a fait. Il part sur sa moto (une Münch Mammut) à la recherche de ses papelards perdus.

Ce film a donc la forme assez classique du road movie, qui permet de nombreuses et de croiser un certain nombre de personnages, souvent hauts en couleur. C'est un film souvent drôle et sensible, à la limite du sordide parfois, avec un Depardieu un peu répugnant avec son énorme bide et ses longs cheveux blondasse, et une Yolande Moreau formidable comme toujours.
Il  y a quand même quelques défauts, notamment un jeu de la « guest star » dès qu'un personnage apparait : comme s'il fallait forcément que ce soit quelqu'un de connu, ou qui puisse créer une connivence avec le spectateur. Depardieu, Yolande Moreau, Adjani, Poelvoorde, Anna Mougalis, Blutch, Siné, Bouli Lanners, Dick Annegarn... Oui, bien sûr, on est toujours content de voir ces têtes, mais il ne faudrait pas en abuser. Le personnage d'Isabelle Adjani, ancienne compagne de Serge morte dans un accident de moto, est trop présente : l'apparition fantomatique du début du film suffisait largement à tout raconter, la faire revenir plusieurs fois au long du film ne fait qu'affaiblir cet effet.

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