Publié le 30 Mai 2022

Une troupe de musicien.nes et de danseur.ses parcourt la Pologne d'après guerre pour mettre en valeur le folklore populaire polonais - malgré quelques concessions, comme cette ode à Staline. Le directeur musical a directement repéré le talent et la beauté de Zula, chanteuse à la voix mélodieuse et au "charme slave". Quand il décide de s'enfuir en France, il lui offre de l'accompagner.

C'est le récit d'un amour intense, impossible et tragique, dans lequel j'ai peut-être peiné à entrer parce que le réalisateur passe trop vite sur sa naissance : leur histoire manque de chair et en paraît un peu artificielle. L'étalement du récit sur une grosse dizaine d'années ne permet pas plus de lui donner de la substance ; on regarde ces personnages de loin, sans être ému par leur histoire. C'est dommage parce que le reste est très beau : on y trouve un noir et blanc magnifique, des cadres élégants, de la belle musique...

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma

Publié le 30 Mai 2022

Je ne connais ni le personnage ni la postérité d'Hadrien ; peut-être en savoir plus m'aurait donné quelques clés de lecture. J'ai pourtant préféré éviter de me renseigner avant de lire ce livre, pour ne pas me dévoiler quelques moments clés. Il en ressort que c'était quelqu'un de juste, de droit, un lettré amoureux des philosophes grecs, désireux de la paix plutôt que de la conquête, un homme amoureux d'un jeune adolescent ; ce dernier l'accompagnera plusieurs années, et Hadrien lui fera même vouer un culte (un long passage gênant plutôt que touchant).

On ne va pas se mentir, c'est un livre plutôt long et ennuyeux, pas désagréable pourtant, mais solennel, empesé, rigide, comme le seraient sans doute les mémoires qu'un empereur de Rome aurait écrites. 

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #littérature, #France

Publié le 11 Mai 2022

Ce film est un plan-séquence d'1h30, se baladant dans Paris, depuis le quartier du Louvre jusqu'aux Buttes Chaumont, en passant par plusieurs modes de transport : à pied, en courant, en vélo, en scooter, en métro… On passe d'un duo ou d'un trio de personnages à un autre, on les attrape au milieu de leurs conversations. En vrac, il y a le type qui fait du porno amateur, le mytho qui invente l'histoire de Belleville, la jeune artiste qui rêve de réinventer le noir, les ados qui volent à la tire, la mariée échappée de son mariage, le cycliste poète, l'humoriste qui se rêve danseur…

Il faut parler de la performance : 1h30 de film dans plein d'endroits, avec plein d'acteur·ices, c'est très impressionnant, et c'est réalisé sans accroc. Un truc de ouf.
Mais j'ai tellement été pris par le film que j'ai oublié la performance. J'ai été touché par tous ces personnages, intéressé par quasiment toutes leurs histoires (certaines un peu moins, forcément, c'est le jeu). Les acteur·ices sont formidables, quasiment que des inconnu·es (sauf François Rollin et Alice de Lencquesaing, que j'avais vue il y a fort longtemps dans le très beau Le Père de mes enfants) ; la photo est très belle.
C'est un film fantastique, qui m'a totalement enthousiasmé, plein d'énergie et de vie !

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Publié le 9 Mai 2022

Ce livre, que j'ai la flemme de vraiment résumer, dessine la vie de quatre générations de Scorta, famille habitant la terre hostile de Montepuccio, un village des Pouilles où la terre est aride et le soleil assommant. Née d'un voyou, cette famille qui semblait maudite s'incarne le mieux dans deux frères et une sœur, qui vont chacun frayer leur chemin.

Laurent Gaudé parvient bien à faire ressentir l'âpreté du paysage, des destins qui l'habitent, des personnages qui se battent. Avec un style précis, laconique et aride comme Montepuccio, il raconte les moments de tragédie, de grande peine, de joie aussi (les banquets). C'est un livre passionnant, qui reste peut-être un peu trop à distance de ses personnages – on est rarement ému – mais qui paradoxalement dresse une série de portraits de personnages forts et attachants.
Ma lecture est évidemment influencée par le fait que j'ai lu la version magnifiquement illustrée par Benjamin Bachelier, dont les dessins et peintures subliment le texte.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #littérature, #France

Publié le 3 Mai 2022

Les amis et collègues du professeur John Oldman s'incrustent chez lui alors qu'il s'apprêtait à tout plaquer pour partir vivre ailleurs. Au fil de la discussion, il décide de leur raconter la vérité : John Oldman est en fait âgé de 14 000 ans, par on ne sait quel miracle il ne vieillit jamais. La discussion sur cette idée se poursuivra toute la nuit.

C'est un film que faute de mieux on classera dans la SF ; c'est surtout une longue discussion métaphysique et philosophique sur les tenants et aboutissants de l'annonce de John, que certains semblent croire tandis que d'autres rejettent totalement cette idée. Ça peut paraître chiant résumé comme ça, mais en fait c'est passionnant, parce que très intelligemment écrit. On pense à certaines nouvelles d'Edgar Poe, ou à Borges bien évidemment (il est question de mémoire).
Par contre il faut bien avouer que niveau mise en scène et photographie, on est à un niveau téléfilm – la scène d'ouverture est particulièrement ratée. Ensuite, c'est mieux : c'est un huis clos de presque 1h30 avec 8 personnages dans un salon (un cauchemar à mettre en scène), et pourtant on ne s'ennuie pas.

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Publié le 2 Mai 2022

On vient chercher le policier Stres pour une affaire bien singulière. De la puissante et ancienne famille Vranaj, ne reste plus que la mère, ainsi que sa fille Doruntine, mariée il y a trois ans à un étranger dans un pays lointain. Un jour celle-ci débarque chez sa mère, affirmant que c'est son frère Konstantin qui l'a ramenée. Or celui-ci est mort y a quelques années, ainsi que tous ses frères, des suites d'une guerre récente. Devant cette impossibilité, les deux femmes sont tombées en état de choc, et sont à peu près incapables de parler.
Que s'est-il passé ? Quelqu'un s'est-il fait passer pour Konstantin ? Comment Doruntine ne l'a-t-elle pas reconnu ? Dit-elle la vérité ?

C'est un livre passionnant, en forme de roman policier, qui se dévore en quelques heures. Situé dans un temps de contes de fées1, il suit les méandres des réflexions de Stres, personnage énigmatique par moments désagréable mais malgré tout attachant.
J'imagine qu'Ismail Kadaré se sert de ce récit pour dire des choses sur l'Albanie contemporaine, mais j'avoue que mon inculture m'empêche de bien les saisir.

1. Après quelques recherches, je découvre que l'histoire de Doruntine et Konstantin est un conte traditionnel albanais, ce qui rend logique cette impression (je crois que j'aurais bien aimé le savoir avant de lire le livre).

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #littérature