Publié le 20 Mars 2016
Marieme a 16 ans, deux petites sœurs dont elle s'occupe quand sa mère travaille et un grand-frère très protecteur, voire castrateur et violent. Elle a redoublé sa troisième, on ne lui propose qu'un CAP. C'est une fille réservée dont le quotidien va changer quand elle va intégrer une « bande de filles » : Lady, Adiatou et Fily, auprès desquelles elle devient « Vic ».
Force est de constater que ces filles ont l'énergie et la joie de vive communicative ; difficile de rester insensible à leurs délires ou à leurs fous rires. Elles sont pleines de vie, drôles, parfois dures ou cruelles – parce que la vie n'est pas toujours simple dans cette cité de Bagnolet. Les autres filles peuvent être des rivales ; les garçons sont à la fois source de premiers émois et d'emmerdes. Une scène du début est très frappante et évocatrice : un groupe de fille rentre d'un match de football américain, elles marchent dans un joyeux brouhaha, arrivant dans la cité, c'est un silence de mort qui s'installe pendant qu'elles croisent un groupe de garçons qui les sifflent. Et il y a aussi le grand-frère, qui est un problème plus qu'autre chose. Cela n'empêche pas le film d'être baigné dans une forme d'insouciance radieuse et joyeuse.
La dernière partie du film (que je ne peux pas raconter ici) est plus dure, pleine de questions existentielles – parce que la fin de l'adolescence est aussi une période où on se demande ce qu'on veut faire de sa vie. Malgré les galères, il en ressort une force de vie incroyable – le dernier plan est magnifique et magistral.
Céline Sciamma, dont c'est ici le troisième film après Tomboy (que j'avais adoré également), signe ici un film fort, puissant, jubilatoire et plein de finesse, dont on ressort ragaillardi.