J'ai offert ce livre, et j'ai commencé à le lire, puis je l'ai perdu dans le train… Comme l'éditeur est outre-Atlantique, il semble qu'il soit très compliqué de le racheter. Voici dans tous les cas les notes que j'avais prises au moment de la lecture.
J'aurais bien aimé le finir, parce que ma lecture de Comme si de rien n'était m'a carrément fait nuancer ce livre – même si Kristen Ghodsee parle surtout de l'Allemagne de l'Est, et que le roman d'Alina Nelega se passe dans la Roumanie de Ceausescu – et que ses personnages considèrent la RDA comme un eldorado qu'iels rêvent d'atteindre.
Introduction.
Les politiques d'émancipation des femmes menées par les états soviétiques leur ont permis notamment d'accéder aux études : de nombreuses femmes sont chercheuses, cosmonautes… En 1963, face à Valentina Terechkova, qui a passé plus de temps dans l'espace que tous les astronautes américains, les USA se disent qu'ils devraient se pencher sur la question : la rivalité entre les blocs a permis au bloc capitaliste d'avancer sur les questions sociales (droits des femmes, protection des travailleurs…)
P. 38 : L'émancipation des femmes faisait partie intégrante de l'idéologie de presque tous les régimes socialistes. La révolutionnaire franco-russe Inès Armand a ainsi eu cette phrase célèbre : « si la libération des femmes est impensable sans le communisme, le communisme est quant à lui impensable sans la libération des femmes ». Des politiques sont mises en place pour l'accès aux études, au travail, prise en charge des enfants, garderies et laveries collectives… Mais pour autant, il n'existait aucune politique contre le harcèlement ou le viol, ni en faveur des homosexuels, et les politiques étaient fortement natalistes...
Dans aucun de ces pays les droits des femmes ne s'inscrivent dans le cadre d'une promotion de l'individualisme ou de l'épanouissement des femmes. Si l'État soutenait les femmes, c'était en tant que travailleuses et mères, afin qu'elles participent plus pleinement à la vie de la nation. (p. 40)
À la chute du Mur, les hommes reprennent leur rôle de patriarche, et les femmes sont redevenues des marchandises. Les défauts du capitalisme font que nombreux·ses considèrent avoir mieux vécu sous le socialisme. Les USA ont eu les coudées libres pour se lancer dans la dérégulation ; dans les pays de l'Est les accusations de communisme bloquent tout progrès social. Sans être parfaits, les pays du Nord de l'Europe sont un exemple de social-démocratie efficace.
1. Travail : les femmes sont comme les hommes, mais elles coûtent moins cher
« Bref, le Capitalisme agit sur les femmes comme une tentation constante pour leur faire accepter des rapports sexuels contre de l'argent, que ce soit dans le mariage ou hors du mariage ». George Bernard Shaw, 1928 (P. 65)
Le travail domestique des femmes reste invisible.
Depuis les débuts du capitalisme, l'avantage comparatif d'une femme sur le marché de l'emploi consiste en ce qu'elle fait le même travail qu'un homme pour moins d'argent. (p. 66)
G. B. Shaw : « Dans le système capitaliste, les femmes se trouvaient plus mal payées que les hommes parce que le Capitalisme faisait de l'homme un esclave, et ensuite, il payait la femme par son intermédiaire, de sorte qu'il faisait de celle-ci l'esclave de l'homme. Elle devenait l'esclave d'un esclave, ce qui est la pire sorte d'esclavage ». (p. 68)
Pendant ce temps, dans les pays socialistes, l'emploi et la formation des femmes était privilégiées et encouragées, ce qui n'empêchait pas les inégalités salariales ou la charge de travail domestique. Les social-démocraties ont de nombreux emplois publics, qui favorisent en général l'emploi féminin (et des personnes discriminées en général).
2. Maternité : attendre un enfant et s'attendre à être exploitée
Dans le système capitaliste, les femmes sont pénalisées par la maternité.
En système socialiste, deux options s'offrent : une allocation (congé maternité) et une promesse de retrouver leur travail ; et/ou une prise en charge par l'État par le biais de garderies etc. L'Union Soviétique était très ambitieuse sur ce plan, mais la première guerre mondiale et la famine qui a suivi ont mis ces préoccupations de côté. Les Scandinaves mettent en place des congés maternité dès 1901. Plus tard la collectivisation de laveries et de cuisines permet aux femmes de soulager leur charge (les hommes ne sont pas très prêts à participer, malgré les incitations).
Les États Unis sont en retard sur tous ces points.
Cependant, certains pays socialistes (Roumanie, Albanie) avaient une politique nataliste qui « nationalisait » le corps des femmes.
3. Leadership : s'habiller en Prada ne suffit pas
Le « plafond de verre » empêche les femmes d'accéder à des positions de pouvoir, dans les entreprises comme en politique. Les quotas sont un moyen de résoudre en partie ce problème, même si les inégalités subsistent.
Les pays socialistes ont assez tôt réussi à mettre en avant des femmes, sans abolir la domination masculine.
4. Sexe : le capitalisme au lit
(Enfin le fond du sujet, et je n'ai pas pu aller plus loin)