Publié le 18 Mars 2019

C'est une histoire de famille. Il y a le narrateur, un jeune homme qui vit à Brest sous l'appartement de sa grand-mère, devenue très riche suite à un héritage. Il y a le père absent, chassé de sa ville après une sombre histoire de gros sous liée au football. Il y a surtout la mère, toxique et qui vit très mal d'être forcée à partir dans un Sud qu'elle déteste. Il y a aussi le fils Kermel, le fils de la femme de ménage de la grand mère, un peu envahissant.

Et c'est un livre formidable, prenant comme un polar dont il s'approche par la tonalité. Le narrateur dévoile petit à petit des points clés de l'histoire, développe le récit, élargit le tableau.
Et il y a le style de Viel, très oral, prenant, fluide. C'est beau, c'est passionnant, j'avais déjà lu Insoupçonnable et L'Absolue perfection du crime, et je continuerai sans doute à lire cet auteur.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #littérature, #France

Publié le 4 Mars 2019

Grâce à Dieu est un film sur la (très réelle) affaire Preynat, un prêtre qui a commis des attouchements sur de jeunes garçons des années 1970 au années 1990. On y suit en premier lieu le parcours d'Alexandre (Melvil Poupaud), un catholique qui engage une procédure auprès de l'église lyonnaise pour faire reconnaître ce qu'il a subi et que Preynat subisse des sanctions. Ses démarches n'aboutissent à rien, Preynat continuant à officier, et continuant à se retrouver au contact d'enfants. Même si les faits sont prescrits, il décide de porter plainte.
Le capitaine Courteau, qui a pris sa plainte, remonte à François (Denis Ménochet), une autre victime non prescrite, qui accepte de témoigner et cherche à médiatiser l'affaire. Avec d'autres victimes, il crée l'association La Parole libérée, qui permet à plusieurs victimes de se regrouper. Parmi elles, Emmanuel (Swann Arlaud), un jeune homme en souffrance, gardant de nombreuses séquelles des attouchements. Ensemble, il entament une action judiciaire, au cours de laquelle Preynat, qui n'a jamais nié les faits, est mis en examen.

Et c'est un film très beau et très fort. Il montre assez clairement la politique de l'autruche que pratique l'Église, et notamment le cardinal Barbarin, vis-à-vis de la pédophilie ; l'hypocrisie de cette institution, pour qui le pardon est essentiel et qui fait comme si on pouvait résoudre les problèmes en priant ensemble. Il aborde assez subtilement la question du traumatisme, du temps qu'il faut pour arriver à « libérer la parole » ; la réaction des proches, des familles, qui soutiennent ou nient, qui culpabilisent ou refusent de « remuer la merde ».
Ce film choral est habilement construit autour de trois personnages, qui incarnent trois temps de l'action. La première partie, consacrée à Alexandre, est structurée par des lettres lues en voix off, ce qui accentue l'impuissance, la distance et l'isolement du personnage. À partir du moment où François entre en scène, la voix disparaît petit à petit, l'histoire avance par les dialogues et prend du nerf.
Bref, c'est super, bien sûr les acteurs sont tous impressionnants, les dialogues bien écrits, les cadres précis. C'est un film formidable et nécessaire.

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Publié le 1 Mars 2019

Le pasteur Huuskonen reçoit un ourson orphelin à son anniversaire. Excentrique et largement en dehors des dogmes, il finit par être démis de ses fonctions, et part autour de l'Europe avec son ours vivre des aventures rocambolesques.

Nous sommes en 2007, je suis en train de commencer à travailler sur L'Ours, et j'entends parler de ce livre qui vient d'être traduit en français. Comme il y est question d'un ours, ça m'interpelle et je me dis qu'il faut que je le lise. Il ne m'aura fallu qu'une douzaine d'années pour mettre ce plan à exécution.
Mais en même temps, ce n'était pas vraiment indispensable. Oh, ce n'est pas vraiment un livre désagréable, ça se lit comme un roman de vacances, mais c'est très oubliable. Tout dans ce livre vise à être amusant, et y réussit souvent, mais rien n'y est vraiment original, ou ne semble faire preuve d'une grande réflexion. J'ai passé des mois à m'interroger sur le statut de l'animal et en particulier sur celui de l'ours (coucou Pastoureau), et voir cet ours réduit ici à une créature de cirque à qui on apprend à faire du repassage, forcément ça me gêne. Je ne vois pas bien l'intérêt. Le même manque de réflexion de l'auteur me paraît flagrant sur la question de la recherche de signaux extraterrestres (type SETI), où Paasilinna se montre ici, disons, trèèès léger sur ses bases scientifiques (mais on s'en fout, c'est pour être amusant). Et les autres personnages ne sont pas beaucoup plus riches : le pasteur est rapidement insupportable, les personnages secondaires se résument à un trait de caractère, la manie qu'a Paasilinna de faire coucher le pasteur (un gros cinquantenaire alcoolique désagréable) avec de jeunes femmes belles et stupides est pénible.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #littérature, #Finlande

Publié le 1 Mars 2019

Mary s'ennuie dans le manoir de sa grande tante. Elle découvre, guidée par un chat noir aux yeux d'émeraudes, de rarissimes « fleurs de la sorcière » qui lui permettent, l'espace d'une nuit, d'avoir des pouvoirs de sorcière, d'entrer à l'école de magie, et plus ou moins de sauver le monde.

Et c'est un beau film réalisé par le studio Ponoc, d'anciens de chez Ghibli, et ça se voit : il emprunte évidemment à Kiki la petite sorcière, mais aussi à Mononoke, à Totoro, à Chihiro, au Château ambulant (et à Harry Potter aussi évidemment)… Bref, c'est tout l'imaginaire de Miyazaki qu'on retrouve dans le film, mais les ingrédients sont suffisamment intelligemment remixés pour que ça ne ressemble pas à un plat froid. Et ils n'ont pas oublié ce qui fait qu'on aime les films de Miyazaki : des personnages féminins forts et qui portent quasiment toute l'action (c'est la fille qui sauve le garçon, tout de même), des décors magnifiques, un soin apporté aux détails et à l'évocation du quotidien. Bref, pas un chef d'œuvre mais un bon film à conseiller.

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Publié le 1 Mars 2019

Centré autour du personnage de Tirone, le film se divise en trois parties qui concernent trois âge : l'enfance, l'adolescence, l'âge adulte. Il raconte le destin d'un enfant noir qui découvre son homosexualité, qui grandit avec une mère célibataire junkie et trouve une figure paternelle chez Juan (Mahershala Ali), un dealer.

Et c'est un film magnifique, dont mon résumé peine évidemment à rendre la richesse et la subtilité. Les personnages sont riches et complexes, tout en nuances. Barry Jenkins filme avec une caméra (dont j'ignore le nom) qui créée beaucoup de reflets ; alors que d'habitude j'ai du mal avec le côté « caméra qui se voit » (genre caméra au poing et shaky cam1), ici j'ai juste trouvé ça superbe, parce que c'est l'évidence : la photo est sublime, les couleurs riches, les cadres soignés, la lumière parfaite. Les acteurs sont tous impressionnants de justesse, l'histoire est simple, violente, belle et touchante… Ai-je besoin d'en rajouter ?

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1. Tiens, un chouette article sur le sujet.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #États-Unis