Publié le 28 Février 2020

Le jour de Thanksgiving, deux petites filles disparaissent. Chargé de l'enquête, l'inspecteur Loki privilégie la piste de l'enlèvement, et s'intéresse à Alex Jones, un handicapé mental qui conduit un camping car qui se trouvait justement à proximité de la maison des fillettes.

Je l'ai déjà dit, j'aime bien le travail de Denis Villeneuve. Il s'attaque ici au thriller policier, avec un scénario tendu, implacable, une mise en scène rigoureuse et élégante. On pense à David Fincher et à Seven, pour la clarté de la mise en scène, et pour l'horreur du scénario. C'est précis, efficace, très masculin ; Jake Gyllenhaal est parfait, Hugh Jackman est un peu caricatural à crier tout le temps, Paul Dano est très bien aussi. Bref, c'est super.

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Publié le 24 Février 2020

Dans le futur, les femmes sont devenues infertiles. L'humain le plus jeune du monde, âgé de 18 ans, vient d'être assassiné. Et comme si ça n'était pas assez la merde comme ça, le monde entier est en proie aux guerres, au terrorisme, aux épidémies, bref c'est le chaos. Sauf dans le beau royaume britannique, qui résiste encore et toujours aux envahisseurs : devenu une sorte de dictature militaire, le pays expulse à tour de bras les réfugiés qui espéraient trouver une vie meilleure.
Au milieu de tout ça, Theo (Clive Owen) est contacté par son ex Julian (Julianne Moore), leadeuse d'un groupe soit-disant terroriste qui cherche à favoriser l'accueil des réfugiés. Elle a besoin de son aide pour extrader Kee, une réfugiée africaine.

Ah bin c'est joyeux tout ça. Fin du monde, apocalypse, dictature, terrorisme, tout y passe, et on n'est pas vraiment hâte d'être dans le futur – peut-être l'effondrement prédit par les collapsologues ressemblera-t-il à ça ?
Le film est construit comme une course-poursuite, une sorte de road movie dans un monde en fin de vie. C'est efficace, bien interprété, ça parle de plein de sujets qu'on pourrait analyser mais pas ici parce que j'ai pas que ça à faire. C'est juste dommage que ce soit filmé en caméra au poing aussi maladroite, ça me sort du film tout le temps, ça me gâche les quelques plans-séquences un peu spectaculaires du film.

J'imagine que le film devait être assez spectaculaire à voir en 2006, parce que plus nouveau sans doute. Aujourd'hui, avec la collapsologie, on est plutôt habitués à ce genre d'images, d'autant plus que le réel est devenu aussi fou que le film (crise migratoire, mur de Trump…)

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Publié le 22 Février 2020

Mia, 15 ans, est typiquement une « ado rebelle » : elle se bastonne avec d'autres ados, balance des punchlines assassines, est en conflit avec sa mère... Elle danse le hip-hop, aussi.
Sa mère, tendance alcoolique et violente, s'est trouvé un nouveau mec, Michael Fassbender, qui semble être un chic type : drôle, attentif, attentionné, gentil...

J'ai lu qu'on rapprochait Andrea Arnold de Ken Loach ou des frères Dardenne, et je comprends pourquoi : sa façon de mettre les deux mains dans la misère sociale peut évoquer ses aînés.
Je ne suis pourtant pas très sûr d'être très friand de ce cinéma de la difficulté et de la galère s'il n'apporte pas plus de réflexion politique que ça (la complaisance du spectacle de la misère, bof). Et c'est, je trouve, un peu le cas ici. Il y a (heureusement) une sorte d'ouverture à la fin, mais tout le reste est une suite de déceptions, de violences, de galères et d'embrouilles. Je me suis demandé plusieurs fois : où Andrea Arnold veut en venir ? qu'est-ce qu'elle raconte du monde ? Je ne suis pas sûr de savoir.
Pour autant, son personnage principal est fort et attachant, l'intrigue est bien menée, on oublie rapidement que c'est filmé caméra au poing, le décor est un personnage en soi... C'est plutôt un bon film, mais pas vraiment mon truc.

* * *

Je suis conscient que ce n'est pas très clair : est-ce que je souligne de vrais défauts du film, ou est-ce que je parle de ce que j'attends du cinéma - ou de toute autre forme d'art narratif ?
Pour autant, je ne me suis par exemple jamais posé les mêmes questions devant Les Misérables (même si ce sont des films très différents, ils se situent tous les deux dans le même contexte de « galère »). J'imagine que ça tient à une vision plus large, une pensée politique, un rapport différent à l'émotion… (mouais, en vrai je ne sais pas trop à quoi ça tient.)

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #Royaume-Uni

Publié le 19 Février 2020

Travis marche seul, dans le désert du Texas. À bout de force, il s'écroule. Son frère Walt vient le récupérer à un hôpital local, il ne l'a pas vu depuis 4 ans, au moment où il a disparu. Mutique, Travis va petit à petit s'ouvrir, retrouver son fils, et raconter ce qu'il lui est arrivé.

Ce road-trip pourrait être émouvant si son fond n'était pas aussi réac. C'est un peu « patriarcat, the movie », puisque qu'il est centré sur un mec toxique (Travis), qui décide à la place des autres, et que ce sale type est manifestement présenté comme le héros positif du film.
Travis avait une femme bien plus jeune que lui, Jane, dont il était maladivement jaloux parce qu'elle lui appartenait, bien évidemment. Violent, possessif, il entretenait une relation toxique avec elle, la maintenant sous son pouvoir : il se rend malade de jalousie quand il est au travail, pensant qu'elle le trompe ; il décide d'arrêter de travailler pour être avec elle (pour la surveiller, donc). Ça pose quelques problèmes d'argent, mais bien sûr, à aucun moment il n'est envisagé qu'elle travaille. Elle finit par s'échapper avec son fils, Hunter, qu'elle abandonne à Walt et sa femme Anne, un couple sans enfants (elle ne l'abandonne pas tout-à-fait, elle prend de ses nouvelles, lui envoie de l'argent). C'est à ce moment-là que Travis disparaît, marchant dans le désert.
Donc, alors qu'il a 3 ans, Hunter est placé chez Walt et Anne, qui l'élèvent comme leur fils. Il les considère comme ses parents.
Et c'est là que Travis rentre (c'est le début du film). Il finit par décider de prendre son fils avec lui pour aller retrouver Jane, la mère du fils. Je passe quelques étapes, mais il décide que la place d'Hunter est avec sa mère, et lui se barre tout seul à la fin du film, dans ce qui semble être un sacrifice (alors que c'est juste de la lâcheté).

Donc : Travis ne demande pas l'avis de son fils, qu'il a totalement abandonné pendant quatre ans. Peut-être Hunter aurait-il aimé rester avec ses parents d'adoption ? Peut-être ne voulait-il pas partir avec son père ? Peut-être ne voulait-il pas rester seul avec sa mère ?
Travis ne demande pas l'avis de son frère et de sa femme. C'est son fils, il lui appartient, donc il peut faire ce qu'il veut avec lui, tant pis pour les autres (c'est un petit peu abordé dans le film, mais on oublie très vite ces deux personnages).
Travis ne demande pas l'avis de Jane. Parce que de toutes façons c'est une femme, ces créatures ne sont guidées que par un instinct maternel inévitable, c'est la nature, bien sûr. Et peut-être même que le fait qu'on la retrouve travaillant dans un peep-show est une justification, a posteriori, des craintes de Travis (j'ai peur que ce soit ce que le film sous-entende).

Autant le film est touchant au début, avec l'intrigante et mutique silhouette de Travis, autant quand il se met à parler et agir ça part vite en cacahouète.
Rapidement, le film se glisse dans un moule patriarcal, où les hommes décident pour les femmes et les enfants ; où la famille est définie par les liens du sang, pas ceux du cœur ; où la place des femmes est avec les enfants ; et où aucun de ces schémas n'est questionné, ils sont présentés comme la norme, voire comme positifs. Bref, vraiment pas ma tasse de thé.

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Publié le 17 Février 2020

Blessé et disparu de la circulation pendant quelque temps, Bond reprend du service après qu'un méchant s'attaque directement au MI6 et à M elle-même.

Je l'ai déjà dit, j'aime plutôt bien la série des James Bond avec Daniel Craig. Il y a des choses intéressantes dans ce film (certes, elles auraient méritées d'être un peu plus développées) notamment le questionnement sur le temps qui passe, sur le vieillissement du héro, sur son utilité dans un monde qui change (mais rassurons-nous, il sauve le monde à la fin, tout va bien). La dernière partie, dans le manoir où Bond a grandi (symbole symbole), tournant volontairement le dos à toute la modernité (avec hackers et Cie) de la première partie du film est intéressante dans ce qu'elle questionne de la nostalgie.
La mise en scène est plutôt élégante, même si on reste loin de la subtilité et de la richesse des Noces rebelles du même Mendes.

C'est tout de même un film problématique, une démonstration sur 2h de la masculinité toxique. Bond est fort, puissant, viril, il ne montre quasiment jamais d'émotion, parce que c'est tout ce qu'un homme a besoin d'être. Il sait être subtil et charmant avec les femmes, mais est souvent brutal avec les hommes : je pense en particulier à sa rencontre avec Q (formidable Ben Whishaw) devant un tableau de Turner, où Q évoque sa mélancolie devant l'inéluctabilité du temps, ce à quoi Bond répond qu'il voit « un putain de gros bateau » : âmes sensibles s'abstenir, un vrai mec ne perd pas de temps avec ces conneries.
Le point le plus gênant du film est son homophobie à peine voilée, avec le personnage de méchant joué par Javier Bardem, efféminé, offrant la pire menace qui soit : celle qui vise la virilité de Bond.
C'est sans doute assez éclairant que (attention spoiler) M/Judy Dench meure à la fin du film, et soit remplacée par M/Ralph Fiennes : le seul personnage féminin incarnant du pouvoir est remplacée par un mec.

Bon, c'est clairement un meilleur film que Casino Royale ou Spectre, mieux écrit, mieux filmé, mieux ficelé, mais il illustre malheureusement bien les limites de ce personnage et de ce genre de film.

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Publié le 12 Février 2020

April et Frank Wheeler (Kate Winslet et Leonardo DiCaprio) forment le couple parfait des années 1950 : ils sont jeunes, ils sont beaux, ils ont deux enfants (sans doute beaux eux aussi même s'ils restent en arrière-plan). Tous leurs voisins les aiment, et les jalousent un petit peu.
Sauf que derrière la façade, c'est évidemment moins rose. Les deux amoureux s'étaient jurés dans leur jeunesse de ne pas être comme tout le monde, de rester exceptionnels. Sauf qu'avec les années, ils se sont installés dans divers renoncements : Frank a un boulot qui l'ennuie dans une boite pas très intéressante, April est mère au foyer, ils habitent dans une maison de banlieue… Ils sont devenus comme tout le monde. L'idée d'un départ à Paris va-t-elle les aider à se réinventer ?

Que c'est beau, mais que c'est triste.
Les acteurices sont très bien, la réalisation très belle, on a l'impression que les personnages vivent dans un catalogue de décoration vintage tellement tout est beau chez eux.
Mendes dépeint avec un réalisme cruel la désillusion qui peut s'emparer de certains couples à certains moments de leur vie. Il parle des ambitions perdues, des renoncements, de ce qu'on attend de la vie, de ce qu'on en fait, de ce qu'on réalise… Tout ça est très beau, un peu dur, et plutôt déprimant à vrai dire. Mais c'est néanmoins un film magnifique.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #États-Unis

Publié le 11 Février 2020

Nous sommes 8 ans après le second volet : Harvey Dent/Double Face est mort, Batman a choisi de porter de poids de ses crimes. Dent est donc devenu un héros, Batman un paria. Et ça tombe bien, puisqu'il a disparu de la circulation, tout comme Bruce Wayne, reclus dans son manoir.
Sauf que Bane arrive, et qu'il est pas gentil, et qu'il a envie de foutre Gotham sens dessus dessous. Batman va-t-il sortir de sa retraite pour déjouer ses plans ? (oui)

J'avais déjà vu ce film il y a bien longtemps, et je ne l'avais pas trouvé aussi bon que le précédent (The Dark Knight). Et ce revisionnage a confirmé mon impression.
Déjà, je le trouve assez confus en terme de scénario. Globalement tout va trop vite, les enjeux sont mal expliqués (je n'ai pas bien compris ce que cherchait Bane), on n'a pas le temps de s'intéresser aux personnages, ni de ressentir la tension des scènes, parce qu'encore une fois, il se passe trop de chose, et ça va trop vite. Il y a aussi des incohérences ici et là : par exemple, au début, Wayne est blessé, il a un genou défoncé ; plus tard, quand il est dans la prison/puit, avec une vertèbre déplacée, il lui suffit de quelques séances de muscu pour s'en sortir… Idem pour la ruine de Wayne, dont on n'entend plus parler.
Il y a aussi des moments mal montés, notamment pendant les dialogues, qui enchaînent bêtement des champ/contrechamp, voire parfois des jump cuts vraiment mal sentis (la scène où Wayne et Kyle discutent en dansant, qui aurait sans doute dû être un plan séquence).
L'insistance sur la beauté de Miranda (Marion Cotillard) à l'adresse de Wayne est plutôt gênante.

Mais ce qui me gêne le plus, c'est le fond politique du film, que je n'arrive pas à vraiment discerner. Bane fout le bordel, instaure l'anarchie, une forme de loi martiale (c'est pas bien). Mais c'est mêlé avec des images de révoltes populaires contre les riches (en forme de mouvement révolutionnaire), d'un assaut contre la bourse, qui font pour moi écho au mouvement d'Occupy Wall Street. Et j'ai du mal à les voir négativement.
Or, manifestement, c'est mal. Je pense à une phrase lâchée, alors que des gens occupent une maison appartenant manifestement à quelqu'un de très aisé : « cette maison est à tout le monde ». Et ça, pour un américain, il n'y a rien de pire : c'est le communisme ! Heureusement que Batman est là, avec tous les policiers du monde, pour restaurer l'ordre.
Je n'arrive pas à démêler tout ça. J'ai surtout l'impression d'un gros gloubi-boulga politique, sans vraie réflexion derrière, sur la question de la répartition des richesse notamment. Nolan lui-même dit que le film n'est pas politique, ce qui est complètement con, et explique en partie la vacuité du film.
J'y vois quand même un fond réac qui me gêne.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #États-Unis