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Publié le 11 Mars 2024

Dans une sorte de New York des années 1970, le chien Dog achète un robot compagnon pour tromper son ennui. Ils deviennent meilleurs amis. et passent de très bons moments ensemble. Un jour qu'ils sont allés à la plage, le robot ne peut plus se relever : l'eau de la mer l'a rouillé. Et comme le robot pèse une tonne et que la plage est fermée pour l'hiver, Dog est contraint de le laisser sur place, en attendant la réouverture et la possibilité de le réparer.

Ce film d'animation est beau et triste. Il commence comme un fell-good movie, avant de s'aventurer sur des terres plus mélancoliques voire tragiques – la rupture de ton est assez surprenante. L'animation est très bien, le style graphique très beau, c'est une belle réussite.

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Publié le 2 Février 2024

Le journaliste new-yorkais Jeff Harris se rend au Brésil pour écrire un livre sur la naissance de la bossa nova. Au fil de ses recherches, il découvre le pianiste Tenório Júnior, un musicien brillant, subitement disparu en 1976 alors qu'il accompagnait Vinicius de Moraes en Argentine. Jeff Harris développe une obsession pour ce personnage, et mène l'enquête pour comprendre ce qui lui est arrivé.

Sur le papier il y a plein de choses qui auraient dû me plaire dans ce film (un documentaire pour 90%) : de la musique, de l'animation, plein de langues différentes, une biographie de pianiste…
Déjà, visuellement, je ne suis pas convaincu par le style graphique du film. Je n'aime pas les couleurs, je ne suis pas convaincu par la rotoscopie, je n'aime pas que la plupart du temps il n'y ait que deux images par seconde…
Ensuite, il y a vraiment trop de longueurs. Je comprends que Fernando Trueba, qui a écrit le scénario, ait eu envie de faire figurer la plupart de ses interviews de stars de la bossa, mais ils finissent par tous se répéter : « Tenório Júnior était un super musicien, quelqu'un de très gentil, il nous manque beaucoup ». Le récit se déroule sans surprise, sans révélation, exactement comme on nous l'annonce dans les cinq premières minutes (au contraire de Sugar Man, que j'ai bien envie de revoir du coup). J'en viens presque à me demander si Tenório Júnior est vraiment un personnage si intéressant : c'est un bon pianiste, mais un type sans aspérité, qui a juste eu une fin tragique et surprenante. Peut-être qu'il aurait fallu creuser un peu les relations de sa femme et de sa maitresse, seul élément un peu romanesque ?
Le dernier point qui me gène, c'est la distance que prend le film avec son sujet. Parce que le medium de l'animation, tel qu'il est traité ici, crée une distance avec les personnages et les témoignages : quand un des musiciens interviewés se met à pleurer sur la mort de son ami, je ne suis pas ému, je ne vois que des dessins mal animés. Surtout, je ne comprends pas pourquoi Fernando Trueba est allé inventer le personnage de ce journaliste : le film raconte clairement l'enquête qu'a menée Trueba, j'aurais sans doute préféré qu'il assume le « je » de l'auteur et qu'il se mette en scène, le résultat aurait peut-être été plus sincère et plus touchant.

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Publié le 22 Février 2023

Ce livre est le récit autobiographique des aventures du conquistador espagnol, Álvar Núñez Cabeza de Vaca, qui fut parmi les premiers à débarquer en Amérique. Arrivé à Cuba et visant la Floride, il essuie une formidable tempête qui décime son équipage. Il se retrouve rapidement presque seul dans ces terres inconnues. Il y arrive avec un mentalité de conquérant : avec ses quelques compagnons survivants, il attaque les villages, pille et tue ; les autochtones sont « des hommes dépourvus de raison et qui rudes, tels des bêtes » (p. 85). Mais cela ne leur réussit guère. Affamés pendant des mois, maigres, faibles, faméliques, ils sont « la vraie image de la mort » (p. 84).
Álvar Núñez Cabeza de Vaca longe la côte jusqu'au Mexique, sur des terres qui n'ont vu aucun Blanc auparavant. Il erre des années, d'abord comme esclave chez des Indiens qui le traitent mal. Petit à petit, lui et ses quelques compagnons acquièrent une réputation de « shamans ». Guérisseurs fabuleux, ils sont accueillis formidablement, bientôt suivis par une foule de plusieurs milliers de personnes.
Ils finissent par retrouver d'autres chrétiens, mais ce sont de mauvais chrétiens qui tuent, pillent et volent. Cabeza de Vaca condamne ces agissements : « quand nous les renvoyâmes, les Indiens nous dirent qu'ils feraient ce que nous leur ordonnions, et qu'ils installeraient leurs villages si les chrétiens les laissaient faire ; aussi je dis et j'affirme comme très assuré que s'ils ne l'ont pas fait ce sera la faute des chrétiens » (p. 169).

C'est un récit picaresque, un peu daté, pas toujours clair (où sont-ils ? Combien sont-ils ?) Les notes et introduction des traducteurs, Bernard Lesfargues et Jean-Marie Auzias, sont souvent intéressantes.
Il s'agit d'un des premiers récits ethnographiques d'un monde qui est en train d'être découvert, un livre décrit des peuples qui n'ont pas encore été marqués par l'empreinte occidentale. Le commerce leur semble étranger, leur système de valeur étant basé sur le don/contre-don (peut-être même que c'est Cabeza de Vaca qui introduit le commerce – il est quelques temps marchand avant d'être guérisseur).
Un autre élément marquant pour Cabeza de Vaca est la pauvreté de ces gens, qui ont l'air de souffrir de la faim en permanence. Est-ce lui qui les perçoit ainsi parce qu'ils vont nus, est-ce parce que lui ne sait pas se nourrir dans ces terres hostiles ? Sont-ils vraiment affamés, en permanence, ou bien après des événements climatiques exceptionnels ? On ne le saura jamais.
On ne sait pas toujours ce que pense Cabeza de Vaca, qui considère les Natifs comme des sauvages tout en les respectant, qui veut christianiser tout ce beau monde, qui note scrupuleusement leurs coutumes.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #littérature, #Espagne

Publié le 30 Juin 2020

Ofelia est une jeune fille attirée par les contes, qui tombe par hasard sur une fée qui va l'emmener dans un monde plein de magie : un faune lui apprend qu'elle est la réincarnation d'une princesse, trois épreuves l'attendent pour qu'elle retrouve son trône.
Et cet échappatoire dans un monde magique est bienvenu, parce dans la vraie vie, c'est la merde. Nous sommes en 1944 dans une Espagne dirigée par Franco, Ofelia est amenée avec sa mère dans un camp pour vivre avec son nouveau père, le cruel capitaine Vidal, en lutte contre les maquisards.

C'est un beau film, touchant, tragique et poétique, plein d'inventions visuelles qui tiennent encre très bien la route, principalement parce que Guillermo del Toro mêle habilement les « practical effects » aux effets numériques. Dans l'ensemble, les acteur·trice·s sont très bien, même si la jeune fille qui joue Ofelia a manifestement du mal à jouer sur un fond vert (elle passe tout le film à regarder à côté des fées).
Il y aurait probablement plein d'autres choses à en dire, et on pourrait développer sur le rôle du conte chez del Toro.

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Publié le 4 Juin 2019

Nous sommes au IVe siècle après J.C., à Alexandrie. Hypatie est une savante, astronome et mathématicienne qui cherche à comprendre le fonctionnement du système solaire : dans le système de Ptolémée, les astres tournent autour de la Terre en décrivant des cercles à l'intérieur de leur orbite. Mais c'est bien compliqué, n'y aurait-il pas une solution plus élégante ?
Pendant ce temps, la grande histoire est à l'œuvre : un christianisme assez radical gagne en ampleur, allant jusqu'à supplanter les anciennes religions polythéistes.

Ce péplum est ambitieux dans son désir d'embrasser de nombreux sujets, et il réussit à mon avis à tenir son pari. La prise de pouvoir des chrétiens est terrifiante, leur violence et leur volonté de faire table rase du passé (ils détruisent la bibliothèque d'Alexandrie) évoque forcément les images de Daesh détruisant les temples de Palmyre. Plus que de religion, il s'agit de jeux de pouvoirs : le pouvoir des religieux s'oppose au pouvoir du préfet. Et Hypatie est au centre de ces jeux de pouvoirs : Oreste, le préfet, a une grande confiance en cette femme qui fut son enseignante et dont il fut (est toujours ?) amoureux. Sauf que selon les religieux, un homme ne peut pas être sous l'influence d'une femme, parce que celles-ci sont pas nature inférieures aux hommes et doivent se cantonner à la sphère privée (etc). Hypatie, personnage fort, libre, indépendant, au-delà de ces préoccupations, subira les conséquences de ces jeux politiques.
Agora est donc un film très politique et très critique envers le sectarisme religieux, d'où qu'il vienne. C'est aussi le beau portrait d'une femme (qui aurait pu être un peu plus développé à mon goût) indépendante, victime du masculinisme. C'est aussi une histoire très humaine, mêlant amours, amitiés, loyautés, trahisons. Bref, il se passe beaucoup de choses dans ce film, et Amenábar réussit à rendre le tout cohérent, équilibré, ce qui n'est pas rien. Son élégance formaliste rend en plus le tout très intéressant à regarder.

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Publié le 19 Février 2019

Dans l'Espagne des années 1920, le célèbre matador Antonio Villalta a un grave accident qui le laisse paralysé, pendant que sa femme meurt en couche. Villalta, ne supportant pas la vue de sa fille qui lui rappelle sa femme, confie l'enfant à sa grand-mère.
Encarna, l'infirmière qui s'occupe de Villalta pendant sa convalescence et qui en a après sa fortune, finit par épouser le matador et profite de son argent, laissant l'homme dans sa chambre, seul.
La grand-mère de Carmen meurt dans les danses de la fête de sa communion. la fillette retourne chez son père, où Encarna l'exploite comme domestique. Contournant l'interdiction de sa belle-mère, Carmen va voir son père, ils jouent, s'amusent, il lui enseigne la tauromachie. Découvrant ce qui se joue dans son dos, Encarna tue Villalta et envoie son chauffeur noyer Carmen, désormais jeune femme.
Miraculeusement, elle s'en sort. Amnésique, elle est recueillie par une troupe de nains toreros qui se donnent en spectacle. La jeune femme, surnommé Blanca Nieves (Blanche Neige), se révèle être une matadora de talent, et devient rapidement la star de la bande (non sans susciter de la jalousie chez le leader de la troupe).
Un jour, ils se produisent dans la ville où Carmen a grandit. Elle reconnaît Encarna et ses souvenirs remontent. Sa belle-mère lui offre une pomme empoisonnée, Carmen meurt sur le coup. Les nains, ayant compris ce qu'il se trame, poursuivent Encarna, qui meurt sous les assauts du taureau.
Embaumé, le corps de Carmen est utilisé comme attraction de foire (« Quel baiser pourra réveiller Blanche Neige ? »). Elle verse une larme après avoir reçu un baiser d'un des nains amoureux d'elle.

On l'aura compris, Blanca Nieves est une libre adaptation du conte de Blanche Neige dans l'Espagne du début du siècle, avec flamenco et corrida. Reste la belle-mère, les nains, la pomme empoisonné, et la tragédie. C'est une film muet dans l'esprit des films des années 1920, c'est beau, c'est triste, c'est macabre et glauque comme pouvait l'être Freaks (je pense surtout à la fin de Blanca Nieves).

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #Espagne

Publié le 13 Août 2015

Dans les années 1980, Enrique retrouve Ignacio, un ancien ami du collège, avec lequel il a vécu une histoire d'amour empêchée par le père Manolo, professeur de littérature dans l'établissement où ils étudiaient, et épris d'Ignacio.
Ce dernier donne à Enrique, devenu réalisateur, une nouvelle qu'il a écrite inspirée de son/leur enfance, dans l'espoir qu'elle devienne un film. Enrique est emballé, sauf que...

Oui, sauf que... Sauf qu'il faut l'admettre : je n'aime pas le cinéma de Pedro Almodóvar. Ou du moins je n'aime plus : je garde un bon souvenir, même si celui-ci date un peu, de Talons aiguilles. Mais depuis Tout sur ma mère, je pense n'avoir aimé aucun de ses films.
Pourtant, c'est de bonne facture. L'image est belle, le scénario savamment construit, les différents récits qui s'emboîtent et s'enchaînent peignent un tableau très bien fait, très bien conçu. Sauf que : c'est un (mélo)drame, et que ça ne me touche pas. Je trouve les ficelles grosses, malhabiles, convenues. Mais sans vraiment arriver à me l'expliquer complètement, clairement, ce qui m'interroge un peu.
J'ai été touché par les scènes montrant les deux jeunes adolescents se rencontrant, s'aimant crûment et secrètement, et la figure légèrement terrifiante du père Manolo. C'est à la fois beau, simple, touchant, et terrible. J'aurais même aimé que ça dure plus longtemps, voire que tout le film soit sur ces personnages. Tout le reste m'a, avouons-le, ennuyé.
Peut-être est-ce parce que ça manque de subtilité : le travesti est forcément un junkie, l'homosexuel est forcément trahi et déçu, l'autre est forcément un menteur, un assassin, un égoïste, un homophobe... Les ficelles sont grosses, jusqu'à la toute fin, qui raconte le destin des personnages après le film, que j'ai trouvé franchement ridicule, parce que terriblement cliché, terriblement attendue. C'est peut-être ça qui me gène : d'une certaine façon, tout est prévisible et convenu, même les révélations auxquelles on ne s'attend pas, qui sont toutes trop grosses pour être honnêtes. Le fond de ma pensée, c'est que certaines ficelles de scénario iraient parfaitement bien dans Les Feux de l'amour ( *** spoiler *** « Comment, tu veux dire que tu n'es pas Ignacio, mais Juan, le frère d'Ignacio, qui est mort ? – Ah, oui, c'est vrai, je le confesse. – Oh, je le savais. – Comment, tu veux dire que tu le savais ? Mon Dieu, je le savais ! – Mais si tu savais que je savais, pourquoi as-tu continué à jouer le jeu ? – Et toi, pourquoi n'as-tu rien dit ? – Parce que je voulais savoir jusqu'où tu irais... Et jusqu'où je serais capable de le supporter. » Bravo Pedro, c'est très subtil. *** spoiler *** )
Je sais bien, pourtant, que tout ça est, d'une certaine façon, « réaliste », que ces personnages, ou des semblables, ont sans nul doute existé dans la vraie vie, mais le « vrai » et le « crédible à l'écran » ne sont pas du tout la même chose. Je sais bien que c'est un des films les plus personnels d'Almodóvar, pourtant tout ça manque d'une étincelle de vie, qui donnerait de la chair à des personnages qui ne seraient pas que des archétypes.

Allez, un détail qui m'a amusé : Gabriel Garcia Bernal, bien que beau gosse, est notoirement plutôt petit. Est-ce un hasard si la moitié des plans dans lesquels il joue sont en contre-plongée ?

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #Espagne