Le journaliste new-yorkais Jeff Harris se rend au Brésil pour écrire un livre sur la naissance de la bossa nova. Au fil de ses recherches, il découvre le pianiste Tenório Júnior, un musicien brillant, subitement disparu en 1976 alors qu'il accompagnait Vinicius de Moraes en Argentine. Jeff Harris développe une obsession pour ce personnage, et mène l'enquête pour comprendre ce qui lui est arrivé.
Sur le papier il y a plein de choses qui auraient dû me plaire dans ce film (un documentaire pour 90%) : de la musique, de l'animation, plein de langues différentes, une biographie de pianiste…
Déjà, visuellement, je ne suis pas convaincu par le style graphique du film. Je n'aime pas les couleurs, je ne suis pas convaincu par la rotoscopie, je n'aime pas que la plupart du temps il n'y ait que deux images par seconde…
Ensuite, il y a vraiment trop de longueurs. Je comprends que Fernando Trueba, qui a écrit le scénario, ait eu envie de faire figurer la plupart de ses interviews de stars de la bossa, mais ils finissent par tous se répéter : « Tenório Júnior était un super musicien, quelqu'un de très gentil, il nous manque beaucoup ». Le récit se déroule sans surprise, sans révélation, exactement comme on nous l'annonce dans les cinq premières minutes (au contraire de Sugar Man, que j'ai bien envie de revoir du coup). J'en viens presque à me demander si Tenório Júnior est vraiment un personnage si intéressant : c'est un bon pianiste, mais un type sans aspérité, qui a juste eu une fin tragique et surprenante. Peut-être qu'il aurait fallu creuser un peu les relations de sa femme et de sa maitresse, seul élément un peu romanesque ?
Le dernier point qui me gène, c'est la distance que prend le film avec son sujet. Parce que le medium de l'animation, tel qu'il est traité ici, crée une distance avec les personnages et les témoignages : quand un des musiciens interviewés se met à pleurer sur la mort de son ami, je ne suis pas ému, je ne vois que des dessins mal animés. Surtout, je ne comprends pas pourquoi Fernando Trueba est allé inventer le personnage de ce journaliste : le film raconte clairement l'enquête qu'a menée Trueba, j'aurais sans doute préféré qu'il assume le « je » de l'auteur et qu'il se mette en scène, le résultat aurait peut-être été plus sincère et plus touchant.