Publié le 29 Janvier 2024

Ce bel ouvrage publié par les éditions 2024 reproduit l'édition japonaise de 1805-1837, richement illustrée par Ōhara Tōya, Utagawa Toyohiro puis Katsushika Taito. La qualité des images est remarquable et s'améliore même au fil du récit ; le Roi singe a souvent une tronche pas possible, et c'est assez amusant de se dire que c'est probablement le personnage le moins réussi ; les décors et paysages sont souvent somptueux ; il y a quelques compositions particulièrement impressionanntes ; il y a ici ou là des tentatives de perspectives intéressantes à étudier.
L'histoire elle-même, que je connais évidemment plutôt bien, est ici présentée sous forme de résumé plus ou moins succinct. On ne va pas mentir, c'est parfois un peu répétitif : les pèlerins arrivent dans un temple, prennent leurs aises, sauf qu'en fait les moines sont des monstres qui enlèvent Tripiṭaka, bagarres bagarres, le Roi singe ici appelé Gokū) fait appel à des dieux ou se sert de ses pouvoirs magiques, et on découvre que les monstres étaient en fait des serviteurs des dieux qui s'étaient échappés. Et ça, avec quelques variations pendant 700 pages. Mais les images sont tellement riches et belles qu'elles renouvellent sans cesse l'intérêt des nombreuses péripéties. J'avais oublié à quel point le récit est construit sur les faux-semblants : personne n'est réellement ce qu'il paraît, tout le monde change d'apparence, on ne peut se fier à rien.
L'appareil critique qui accompagne le récit est très riche et lui aussi passionnant.

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Publié le 26 Janvier 2024

Dans un futur d'apocalypse zombie, où les deux seuls endroits safe sont Weimar et Iéna, deux jeunes femmes (une sorte de Lara Croft pas très agréable et une jeune geek à la ramasse) fuient Weimar pour rejoindre Iéna, perdues au milieu de la nature hostile.

C'était sympathique mais pas ouf quand même. Les actrices sont bien, même si leurs personnages manquent de finesse et de profondeur. Le récit est parfois un peu confus, même s'il y a beaux moments (la rencontre avec la Jardinière, mi-femme mi-plante au discours écolo).
Probablement rien de mémorable là-dedans, malheureusement – il va falloir que je me méfie un peu plus des films allemands sur le site d'Arte.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #Allemagne

Publié le 15 Janvier 2024

Le film, en noir et blanc, raconte la tuerie de l'École Polytechnique de Montréal, où, en 1989, un type est venu tuer des femmes parce qu'il « déteste les féministes ».

Sans grande surprise, c'est un film très dur, assez âpre, sans fioritures – il dure 1h10, et c'est tellement intense qu'on n'a pas besoin de plus. Il suit quelques personnages plongé·es dans cet enfer, s'attarde un peu sur l'après et les traumatismes que laissent un tel évènement (même si j'imagine qu'il y aurait matière à faire un film sur ces conséquences, et c'est un film que j'aimerais bien voir).
L'intérêt de Villeneuve pour les espaces et l'architecture est déjà présent ; il filme de manière élégante, avec quelques effets de style pas très appropriés (la caméra tournée à 90°), le genre de trucs qu'il abandonnera par la suite sans rien perdre de la richesse de sa mise en scène.
On pense évidemment à Elephant, dont Polytechnique n'a pas la rigueur formelle ; à la réflexion on peut aussi penser à We Need to Talk about Kevin.

Je ne suis pas très loin d'avoir fait le tour de la filmographie de Denis Villeneuve. Polytechnique est son troisième film, et il s'inscrit dans une série de films, disons, réalistes et difficiles (Incendies, Prisoners, Sicario), avant de laisser parler son goût de la science-fiction (Premier Contact, Blade Runner 2049, Dune). Finalement, il n'y a que Enemy que j'ai du mal à placer dans sa filmo, même si son style y est très identifiable.

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Publié le 12 Janvier 2024

Trois jeunes Allemands se rendent à Cuba pour retrouver Wanja, le fils d'un riche malade. C'est au rigoureux Benjamin qu'est confiée la recherche, avec des moyens illimités qui le mettent mal à l'aise. Il est accompagné par Katharina, la fille du riche, qui semble ne penser qu'au cul (et au tourisme sexuel) et n'avoir aucune considération pour les autres1 ; et par Judith, une meuf sympa dont je ne suis pas sûr de savoir ce qu'elle fait là. Bien sûr, des troubles amoureux et sexuels entre les personnages vont compliquer la mission, d'autant plus quand Ignacio, le professeur de danse, entre dans la ronde.

C'était sympathique mais pas ouf. On met à mon sens beaucoup trop de temps à comprendre les enjeux et le rôle de chacun des personnages dans cette histoire. Je comprends bien que Bettina Blümner ne cherche pas à écrire un polar sur la recherche d'un type, mais la résolution de ce point est particulièrement invraisemblable : alors que personne dans toute la ville n'a vu Wanja, Benjamin tombe dessus par hasard, et hop, problème réglé.
C'est une bluette post-adolescence pas désagréable à regarder, mais sans grande surprise, sans personnage vraiment intéressant, et avec la certitude que j'aurai tout oublié dans trois mois.

* * *

1. Il y a cette scène que je dois raconter : Katharina a trouvé un prostitué qu'elle emmène au resto (« c'était son idée », on comprend que le type en profite pour faire un bon repas). Elle lui fait remarquer qu'il ne mange pas sa salade, il répond qu'il n'aime pas ça. Elle lui dit « je te donne 10 dollars si tu la manges », il refuse. Elle continue alors de monter les enchères, très amusée par ce qui n'est un jeu que pour elle (le type finit par céder et se force à manger sa salade pendant qu'elle le regarde fixement).

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #Allemagne

Publié le 2 Janvier 2024

Un tueur mystérieux s'en prend aux puissants de Gotham City, cherchant à exposer la corruption (réelle !) de ses élites. Batman se lance à sa poursuite, croisant au fil de sa route un Jim Gordon toujours aussi vertueux, une Catwoman toujours ambigüe, un Pingouin peu recommandable, un Alfred Barbu (!), des maffieux forcément dangereux, et découvrant au passage quelques secrets sur la famille Wayne.

Batman est un personnage intéressant, qui donne souvent lieu à de bons films. Celui-ci est franchement réussi, parvenant à offrir une nouvelle variation intéressante, tout en restant dans le ton. Les acteur·ices sont très bien, la photo très belle, la mise en scène précise, élégante et soignée – quelques bonnes scènes de bagarre à signaler1. Je ne sais pas si c'est une révolution, mais c'est un bon film qui donne envie d'aller voir les suites, et ça suffit à mon bonheur.

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1. Peut-être que mon obsession pour les scènes de bagarre en agace certain·es. Je comprends très bien, mais il se trouve que moi j'aime ça, une belle scène de bagarre. Et surtout, c'est un point de détail qui m'intéresse aussi dans ce que ça dit de la façon de travailler du réalisateur. Faire une belle scène de bagarre, ça demande du temps, de la préparation, un travail de chorégraphie, des répétitions, un certain temps de tournage (dans Drunken Master II, la scène de bagarre dans l'auberge a demandé trois mois de travail !). Ça demande d'avoir l'implication des acteur·ices, de la production pour y consacrer le temps (et donc l'argent) nécessaire.
Donc quand comme ici, on a des bagarres bien filmées, avec des angles de vues qui permettent de comprendre l'action et des plans qui durent un minimum, outre mon plaisir de spectateur, je sais qu'il y a du travail derrière (surtout dans ce type de film, où les bagarres sont évidemment importantes) – contrairement à d'autres films qui se contentent de spammer des plans random en mode shaky-cam, comme dans une bonne partie des Marvel, dans Jason Bourne ou dans Harry Potter et l'Ordre du Phénix.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #États-Unis

Publié le 1 Janvier 2024

Livrons-à un rituel de saison : le petit bilan de l'année précédente. D'abord les chiffres : en 2023, j'ai vu 55 films et lu 16 livres. J'ai vu 16% de films de réalisatrices ; 56% de livres d'autrices.

Livres vraiment très bons :
Civilizations (Laurent Binet, 2019)
Les Dépossédés (Ursula K. Le Guin, 1974)

Films vraiment super :
Proxima (Alice Winocour, 2019)
Edward aux mains d'argent (Tim Burton, 1990)
American History X (Tony Kaye, 1998)
Douze Hommes en colère (Sidney Lumet, 1957)
Orlando (Sally Potter, 1992)
Anatomie d'une chute (Justine Triet, 2023)
Le Règne animal (Thomas Cailley, 2023)

Pour la joie de casser des idoles : ce que je n'ai pas aimé cette année (avec encore une fois du beau monde dans cette liste !)

Livres vraiment pas top :
Je crois que je n'ai rien lu de décevant cette année !

Films vraiment bof :
Apocalypse Now (Francis Ford Coppola, 1979)
Yannick (Quentin Dupieux, 2023)
Tenet (Christopher Nolan, 2020)

Les autres livres :
Relation de voyage (Álvar Núñez Cabeza de Vaca, 1542)
The Missing girl (Shirley Jackson)
L'Écume des jours (Boris Vian, 1947)
Nous avons toujours vécu au château (Shirley Jackson, 1962)
Le dernier été en ville (Gianfranco Calligarich, 1973)
Chromoville (Joëlle Wintrebert, 1983)
La Joueuse de go (Shan Sa, 2001)
Faber (Le Destructeur) (Tristan Garcia, 2013)
Comme si de rien n’était (Alina Nelega, 2020)
Pourquoi les femmes ont une meilleure vie sexuelle sous le socialisme (Kristen Ghodsee, 2018)
L'Amant (Marguerite Duras, 1984)
The Commitments (Roddy Doyle, 1987)
Les mots, la mort, les sorts (Jeanne Favret-Saada, 1977)
Le français va très bien, merci (Les Linguistes atterré·es, 2023)

Les autres films :
Mandibules (Quentin Dupieux, 2020)
Les Bonnes Étoiles (Hirokazu Kore-eda, 2022)
Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain (Jean-Pierre Jeunet, 2001)
O'Brother (Joel et Ethan Coen, 2000)
Persepolis (Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi, 2007)
Tout simplement noir (Jean-Pascal Zadi, 2020)
Cloud Atlas (les Wachowski et Tom Tykwer, 2012)
Une affaire de famille (Hirokazu Kore-eda, 2018)
Les Visiteurs (Jean-Marie Poiré, 1993)
9 Mois ferme (Albert Dupontel, 2013)
L'Hirondelle d'or (King Hu, 1966)
Harry Potter et la Chambre des secrets (Chris Columbus, 2002)
Midsommar (Ari Aster, 2019)
Madame Doubtfire (Chris Columbus, 1993)
Mad God (Phil Tippett, 2021)
Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban (Alfonso Cuarón, 2004)
Atlantique (Mati Diop, 2019)
Les Deux Alfred (Bruno Podalydès, 2020)
Zodiac (David Fincher, 2007)
Victoria (Justine Triet, 2016)
Le Cinquième Élément (Luc Besson, 1997)
Sibyl (Justine Triet, 2019)
Asteroid City (Wes Anderson, 2023)
Sleepy Hollow (Tim Burton, 1999)
Harry Potter et la Coupe de feu (Mike Newell, 2005)
La Légende de Fong Sai-yuk (Corey Yuen, 1993)
I, Robot (Alex Proyas, 2004)
The Usual Suspects (Bryan Singer, 1995)
Sixième Sens ( M. Night Shyamalan, 1999)
Dragons (Dean DeBlois & Chris Sanders, 2010)
Yesterday (Danny Boyle, 2019)
Dragons 2 (Dean DeBlois, 2014)
Spider-Man : Across the Spider-Verse (Kemp Powers, Joaquim Dos Santos, Justin K. Thompson, 2023)
Barbie (Greta Gerwig, 2023)
Cuisine et Dépendances (Philippe Muyl, 1993)
Hot Shots! 2 (Jim Abrahams, 1993)
Harry Potter et l'Ordre du Phénix (David Yates, 2007)
Indiana Jones et le Cadran de la destinée (James Mangold, 2023)
Sous le ciel d'Alice (Chloé Mazlo, 2020)
Steamboy (Katsuhiro Ōtomo, 2004)
Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne (Steven Spielberg, 2011)
Le Garçon et le Héron (Hayao Miyazaki, 2023)
John Wick (Chad Stahelski, 2014)
Teenage Mutant Ninja Turtles: Mutant Mayhem (Jeff Rowe/Kyler Spears, 2023)
Le Journal de Bridget Jones (Sharon Maguire, 2001)
Inception (Christopher Nolan, 2010)
This Is England (Shane Meadows, 2006)
Bonjour (Yasujirō Ozu, 1959)

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #bilan