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Publié le 20 Juin 2022

Tout se passe bien dans la vie des gens, on assiste à une représentation du Roi Lear, sauf que paf, l'acteur principal de la pièce, la star d'Hollywood Arthur Leander, est victime d'une attaque cardiaque et meurt sur scène. Et surtout, quelques jours après, une grosse grippe décime une grosse partie de l'humanité.
Une vingtaine d'années après l'apocalypse, alors que des petites sociétés se sont réinstallées un peu partout, que la survie s'organise et que la violence semble diminuer petit à petit, une troupe itinérante de musiciens et d'acteurs parcourt le Sud pour jouer des symphonies et du Shakespeare : « survivre n'est pas assez, il faut vivre ».

Le roman alterne entre différentes temporalités, développant des personnages avant/après la catastrophe, racontant la chute, détaillant certains épisodes. Il est hanté par l'œuvre de Miranda, une obscure dessinatrice de BD, première femme d'Arthur Leander, qui a travaillé toute sa vie sur un roman graphique appelé Station Eleven, une histoire de SF un peu obscure elle aussi.
Le roman est très réussi, prenant, habile dans sa construction, évidemment très intéressant, vertigineux même, à relire aujourd'hui.

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Publié le 1 Mars 2021

Nous sommes en 2073. L'humanité est réduite à quelques centaines de personnes, réduites à l'état plus ou moins sauvage. La civilisation telle qu'on la connaît a disparu. Un vieil homme, considéré comme un vieux croûton par les jeunes, est le dernier à avoir connu la Peste écarlate.
Il raconte comment, en 2013, cette peste est survenue subitement, la mort soudaine qu'elle entraîne, et les ravages qu'elle provoque. Les sociétés autour du monde se délitent, quelques survivants égarés subsistent dans un monde post-apocalyptique qui ne fait pas rêver.

C'est un court roman percutant, qui par moments m'a fait penser à Ravage de Barjavel (1953). Le récit du vieil homme est ponctué d'interventions des jeunes, qui ne comprennent pas grand chose à ce qu'il raconte. C'est intelligent, et ça n'a pas vieilli.

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Publié le 13 Avril 2020

Un virus, issu de chauve-souris et de porc, se propage à grande vitesse dans le monde. Mortel, dangereux contaminant. C'est la panique. Les gouvernements mettent en place des mesures de confinement, les scientifiques essayent de comprendre le virus et de trouver un remède, les gens se battent contre un ennemi invisible et les uns contre les autres : pillages, meurtres, ce n'est pas très joyeux. Pendant ce temps, des charlatans répandent des rumeurs complotistes en mettant en avant des traitements qui n'ont pas fait leur preuve (suivez mon regard…).

Contagion est un film choral assez brillant, très réussi, et plutôt intéressant à regarder en confinement (je ne suis pas le seul à avoir eu cette idée, le film s'étant hissé au top 10 sur ITunes). On y retrouve beaucoup des effets que l'on observe aujourd'hui : c'est assez visionnaire, ça semble plutôt solide sur le plan scientifique.
Mais au-delà de ça, c'est aussi un film habile et bien écrit, chacun des personnages (et ils sont plutôt nombreux) ayant une réelle épaisseur, un arc narratif bien mené. C'est assez remarquable.

À part ça, j'avoue peiner à comprendre le style de Soderbergh : Sexe, Mensonges et Vidéo, Erin Brockovich, seule contre tous, les Ocean's 11 et cie… J'avoue que je ne comprends pas bien son style visuel et ses thématiques, mais peu importe, peut-être.

* * *

J'en profite pour partager une critique de Critikat qui analyse avec beaucoup plus de finesse que moi ce film et le travail de Soderbergh.

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Publié le 8 Avril 2020

Autour de 2050, Francois Deschamps, jeune homme venu de Provence, où les gens continuent de cultiver « naturellement », à l'ancienne, débarque à Paris, notamment pour retrouver son amie d'enfance Blanche. Celle-ci, promise à un brillant avenir en tant que danseuse-chanteuse, est guidée par Pierre-Jacques Seita, directeur de Radio 300, une sorte d'ORTF puissance 1000 installé dans la Ville d'Or, une des sortes de cités radieuses installées au cœur de Paris. Seita, un homme peu charismatique, aimerait bien profiter de son argent et de son pouvoir pour pécho Blanche.
Cette dernière hésite : d'un côté, une vie avec un homme triste et mou, mais avec de la thune, une promesse de fête et de paillettes ; de l'autre un homme qui pourrait lui plaire mais qui lui demandera de rester à la maison pour garder les enfants1.

Mais tout cela s'avère de peu d'importance, puisque tout-à-coup a lieu une coupure de courant. Plus d'électricité, plus d'énergie mécanique non plus, toutes les machines s'arrêtent, certains métaux se désagrègent, les voitures stoppent, les avions s'écrasent. Les morts des ancêtres, qui étaient conservés dans les maison, décongèlent. Plus d'approvisionnement en eau chaude ou froide.
C'est l'effondrement, le collapse.
La coupure a eu lieu au moment même où Blanche allait faire ses débuts à la scène. Elle est au désespoir devant sa carrière qui ne commencera jamais.

(suite du résumé) Les Parisiens sont au milieu d'une catastrophe. Pillages, meutres, paniques, rien ne va. La Rive droite s'enflamme, des prélats décident d'organiser une prière du haut de la Tour Eiffel, mais une explosion proche balance des gravats et tue à peu près tout le monde : « Dieu ne veut pas pardonner » (p. 176).
Alors que Seita est mort, Francois retrouve Blanche et des copains, et ils pillent et tuent également, pour préparer un départ de Paris, pour aller en Provence, à travers champ.
L'expédition est périlleuse, risquée, difficile. Un gigantesque incendie ravage la campagne, le groupe est décimé. Suit une longue marche dans une forêt calcinée, l'eau qui manque, des hallucinations à base de chauve-souris. Finalement, François, Blanche et 2-3 compagnons arrivent au village de leur Provence natale, et rebâtissent une nouvelle société, agricole, sans machine, où la polygamie est encouragée (il y a 4 femmes pour 1 homme), où il s'agit de faire plein d'enfants pour repeupler le monde. François est le patriarche de ce nouveau monde.

C'est donc un roman catastrophe assez agréable à lire dans cette période de confinement. Il fait écho à la collapsologie contemporaine. C'est d'ailleurs intéressant de noter que jamais on n'a l'explication de l'origine de la catastrophe.
C'est un roman qui a évidemment vieilli : même si Barjavel s'amuse à inventer des machines extraordinaires, toutes les descriptions technologiques semblent datées, ancrées dans un imaginaire ancien, voire dépassées par notre modernité. Même si c'est le futur, je n'arrivais pas à voir Paris autrement que dans les films en noir et blanc. Toutes ces descriptions technologiques prennent une autre dimension au moment de l'effondrement.
Le narrateur du livre est un peu ambigu, parfois il semble faire partie de ce monde du futur, parfois il est issu des années 1940. Je pense par exemple à ce moment, où il est question du nouveau statut des artistes, redevenus des artisan :

L'étage de la Ville d'or leur fut réservé, des appartements pourvus du derniers confort mis à leur disposition. Pour s'y installer, pour recevoir à profusion toiles, couleurs, glaise, il leur suffisait de passer un examen devant un jury composé des artistes les plus éminents des diverses Académies d'Europe.
Ceux qui satisfaisaient à l'examen s'installaient dans la Ville d'Or et recevaient pendant six ans une rente confortable. Les artistes, débarrassés des soucis matériels, connurent enfin cette tranquillité d'esprit indispensable à tout travail sérieux.
Ils manièrent pinceau et ciseau d'une main apaisée, reconnurent les véritables maîtres, renoncèrent aux recherches inutiles, ne discutèrent plus les saines traditions académiques. (p. 25)

Il est pas évident de savoir à quel point ce genre de passage reflète l'opinion de Barjavel, même si quelques indices laissent penser qu'il y a de l'ironie dans tout ça (« du plus pur style Prisunic », p. 37).
Quelques idées sont effrayantes, comme la Compagnie de préservation des défunts (p 50), déjà évoquée : les cadavres des ancêtres sont conservés dans la maison, congelés, afin de « surveiller » les vivants. Il est également question du Laboratoire d'Animaux d'Agrément chargé de fabriquer des cygnes de toutes les couleurs (p. 144). Des chocs électriques sont administrés à la population entière, pour soigner tout et rien : timidité, distraction, vantardise… (p. 214). Des rayons merveilleux sont également testés qui donnent de l'énergie formidable aux êtres ; cela donne un chapitre particulièrement halluciné où l'on croise un Christ et la Mort.

Le XXIe siècle est présenté comme l'« ère de raison », ce qui est ironique de notre point de vue (le monde dans lequel nous vivons n'a rien de raisonnable), mais également sous la plume de Barjavel, qui manifestement considère ce monde technologique comme un repoussoir.
Parce que c'est évidemment un roman politique, et clairement réactionnaire (prépublié dans un journal collabo et antisémite). La ville c'est le mal, la technologie n'apporte que du malheur, elle rend les hommes faibles et moins virils. Rien ne vaut les vraies valeurs de la terre, de la campagne, de l'agriculture. Tous les livres sont brûlés, à part la poésie, parce qu'ils participent à la décadence de l'humanité.
Il y a également un culte de la virilité et du chef, incarné par François, qui exige de ses compagnons, comme si cela était normal, une obéissance aveugle à ses ordres. Il a toujours raison, même quand, avec sa bande, il se met à piller Paris, et à assassiner des bandes rivales : manifestement Barjavel ne se rend pas compte que rien ne différencie alors la bande de François des autres.

Avec tout ça, je me rends compte que je n'ai pas donné mon avis : malgré quelques passages qui politiquement piquent un peu (une valorisation du triptyque travail-famille-patrie), c'est un roman passionnant, prenant, plutôt bien écrit.

* * *

1. On notera au passage cette fausse alternative : pourquoi choisir l'un ou l'autre ? Il y a d'autres options, d'autres hommes dans le monde.

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Publié le 7 Avril 2020

À la mort du pape, le concile se réunit à Rome pour élire le nouveau pape. Il y a quelques favoris, mais dans l'ensemble aucun des cardinaux n'a envie d'être élu et d'assumer cette lourde charge. Contre tous les pronostics, c'est le français Melville (Michel Piccoli) qui est élu. Mais lui non plus n'a pas envie d'être pape, il fait une crise au moment où doit se présenter sur la place Saint-Pierre et s'enfuit. On lui amène un psychanalyste (Nanni Moretti) qui s'avère plutôt impuissant, parce qu'on lui impose un protocole impossible (tous les cardinaux sont présents, il ne peut parler d'aucun sujet intime). Melville finit par faire une fugue dans les rues de Rome.

Voilà un film drôle, brillant, irrévérencieux et malin. Il dit des choses sur la charge du pouvoir, sur la fragilité de la nature humaine ; Moretti s'amuse manifestement à malmener avec gentillesse la figure des cardinaux, en les montrant plus humains qu'on l'aurait pensé, en les faisant jouer au beach volley (eux aussi doivent s'occuper pendant leur confinement)… Piccoli est magistral, fragile, touchant, Moretti en psychanalyste est parfait. Bref, c'est une pépite.

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Publié le 25 Mars 2020

J'avais déjà fait une note sur ce film, mais elle est trop incomplète pour être vraiment intéressante.
(pour autant je ne vais pas m'ennuyer à résumer encore ce film).

Depuis la première fois, j'ai appris qui était : Parasite, Okja, The Host, je commence à voir ce qu'il aime, son style, ses thématiques. Comme par exemple la question de la lutte des classes, des distinctions et hiérarchies qui est au cœur du Transperceneige. Pas étonnant qu'il ait voulu l'adapter.
On peut aussi parler de son sens de l'humour un peu grotesque et absurde (la salle de classe, le personnage de Tilda Swinton...) qu'on retrouve ici ou là dans d'autres films- je pense en particulier à Okja et son côté farce satirique féroce.
Tout de même, les premières bagarres sont particulièrement mal filmées, en mode shaky-cam mal (foutue en plus) ; ça s'améliore par la suite. Mais est-ce que c'est le côté américain du film qui l'a poussé à ce mauvais choix ? En tout cas, à part ça, c'est très habile et efficace. Et c'est un film parfait à regarder en période de confinement.

Il faudra maintenant que je lise la BD, pour savoir quelles libertés Bong Joon-ho a prises.

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Publié le 23 Mars 2020

Dans un futur très proche mais qui a pas super bien tourné, de mystérieuses créatures déciment tout ce qui fait du bruit. Tu parles, tu éternues, couic, tu es lacéré vite fait bien fait.
Le film se concentré sur une famille américaine, papa, maman, deux enfants. Accessoirement la mère est enceinte, ce qui semble être la pire idée du monde dans ces circonstances (mais on est aux États-Unis et il n'est toujours pas question d'avorter).

C'est un film d'horreur qui paraît un peu indé, qui pourrait être un Sundance movie à l'envers (on est pas dans le feel-good movie, plutôt dans le feel-angoissé movie. Cette idée d'être dans le silence total marche plutôt bien en période de confinement.
C'est bien écrit, bien mené, bien réalisé, il y a 1 ou 2 jump scares pas indispensable et un insistance un peu lourde sur une histoire de clou, mais à part ça rien à redire.

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