Publié le 25 Mai 2023

Des ouvriers travaillant sur un chantier au Sénégal n'ont pas touché de salaire depuis plusieurs mois, ce qui les place dans une situation particulièrement compliquée. Quelques-uns décident de partir en mer avec l'espoir d'arriver au moins jusqu'en Espagne.
Si le film parle de ceux qui partent, il se concentre sur celles qui restent, en particulier sur Ada, une jeune femme amoureuse de Souleiman, qui fait partie de ceux qui sont partis.

Plein de choses intéressantes dans ce film, à commencer par les acteurices qui sont toustes remarquables. Malgré un style caméra au poing qui m'a parfois sorti du film, les images sont très belles, parfois vertigineuses (les images d'ouverture, avec cette immense et improbable tour au milieu de la poussière de la ville).
Pourtant, je crois que j'ai décroché au moment où le film bascule dans le fantastique, avec l'arrivée des femmes-zombies (je n'en dirai pas plus histoire de ne pas spoiler). Je comprends les choix qui sont faits, mais je n'ai pas réussi à les suivre. C'est amusant, parce qu'au début du film, je m'étais fait cette réflexion : « je n'ai aucune idée de ce qui va arriver ensuite, le film peut prendre n'importe quelle direction ». Ça a plutôt bien marché pendant la première moitié du film, même quand il prend une dimension polar qui relance un peu l'intrigue, mais le reste m'a laissé sur le bas-côté.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma

Publié le 21 Mai 2023

Dans la petite ville de Mornay, le quotidien de Basile et Madeleine est chamboulé par l'arrivée d'un petit nouveau dans l'école : Mehdi Faber, un garçon d'une grande intelligence, solitaire et mystérieux. Petit à petit, ce garçon prend de l'ampleur et devient une sorte de mythe, de légende.
Bien des années après, Madeleine part à la recherche de Faber, qu'elle n'a jamais oublié. Reclus dans une cabane, sale, puant, il a perdu de sa superbe, mais semble toujours aussi magnétique.

C'est un forme qui a un peu la forme d'un thriller psychologique, avec un fonds politique, explicité dans l'incipit : un personnage flamboyant dans une époque terne. Le même discours est (plus ou moins) répété à la fin du roman, ce qui démontre l'importance de cette lecture pour Tristan Garcia.

Nous étions des enfants de la classe moyenne d'un pays moyen d'Occident, deux générations après une guerre gagnée, une génération après une révolution ratée. Nous n'étions ni pauvres ni riches, nous ne regrettions pas l'aristocratie, nous ne rêvions d'aucune utopie et la démocratie nous était devenue égale. […] Nous avions été éduqués et formés par les livres, les films, les chansons – par la promesse de devenir des individus. Je crois que nous étions en droit d'attendre une vie différente. […] Mais pour gagner de quoi vivre comme tout le monde, une fois adultes, nous avons compris qu'il ne serait jamais question que de prendre la file et de travailler. […] Nous avons souffert la société comme une promesse deux fois déçue. Certains s'y sont faits, d'autres ne sont jamais parvenus à le supporter.Il y a eu en eux une guerre contre tout l'univers qui leur avait laissé entr'apercevoir la vraie vie, la possibilité d'être quelqu'un et qui avait sonné, après l'adolescence, la fin de la récréation des classes moyennes. On demandait aux fils et aux filles de la génération des Trente Glorieuses et de Mai-68 de renoncer à l'idée illusoire qu'il se faisaient de la liberté et de la réalisation de soi, pour endosser l'uniforme invisible des personnes. Beaucoup se sont appauvris, quelques-uns sont devenus violents. La plupart se sont battus mollement afin de rentrer dans la foule sans faire d'histoires. Ils ont tenté de sauver ce qui pouvait l'être : leur survie sociale. J'ai été de ceux qui ont choisi de baisser la tête pour pouvoir passer la porte de mon époque – mais pas Faber, hélas ou heureusement. […] (P. 11-12)

Si les personnages principaux sont incarnés et réussis, le personnage d'Estelle est par contre un cliché de femme noire plutôt gênant. On peut relever une mise en abyme avec le personnage de Tristan, qui reprend le procédé que l'on trouve dans les romans fantastiques (l'écrivain qui témoigne de la véracité de ce qu'il a vu). Ça permet aussi à Garcia d'expliquer ce qu'il a voulu raconter dans ce livre (le fonds politique) (c'est peut être un peu appuyé).
La ville (fictive) est elle aussi un personnage passionnant, petite bourgade morne et terne de province.
Le principal défaut de Faber est sa longueur : l'écriture, très méticuleuse, ressemble parfois à un exercice de style, le résultat est que le livre finit par s'essouffler ; je pense qu'il aurait mérité à être resserré.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #littérature, #France

Publié le 17 Mai 2023

C'est une nouvelle année à Poudlard, et nos héros ont bien grandi pendant l'été. Le professeur de défense contre les forces du mal est cette année Remus Lupin, un homme fort sympathique, qui présente de nombreuses griffures sur le visage.
Cette année, l'intrigue ne tourne pas atour d'une énigme à résoudre, et Voldemort n'est qu'un personnage lointain. Le récit se concentre sur Sirius Black, un dangereux bonhomme, suppôt de vous-savez-qui, échappé de la redoutable prison d'Azkaban. Pour sécuriser l'école, d'effrayants détraqueurs entourent Pourdlard. Petit à petit, Ron, Hermione et Harry en apprendront plus sur Sirius Black, accusé d'avoir trahi les parents d'Harry, ses anciens amis.

Après un deuxième épisode plutôt moyen, celui-ci est vraiment réussi. L'intrigue est plus resserrée, plus claire et lisible, quelques astuces narratives relancent l'intérêt sans en faire trop. La mise en scène est un peu démonstrative (tous ces plans qui passent à travers des vitres) mais franchement habile et élégante – j'ai découvert à la fin qu'elle était signée par Alfonso Cuarón, réalisateur de Gravity et de Les Fils de l'homme.

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Publié le 12 Mai 2023

Ce film est une expérience qu'il est difficile de décrire. Je ne peux pas commencer à mon habitude par le résumé, puisqu'il s'agit d'un film qui n'a pas vraiment d'histoire : on suit les déambulations de quelques personnages dans un monde cauchemardesque, qui croisent des créatures dégueulasses et à qui il arrive souvent des choses horribles. À la fin il se fait un petit délire 2001, avec monolithes et embryons, mais honnêtement je ne suis pas sûr d'avoir compris – ni même qu'il y ait vraiment quelque chose à comprendre.
C'est le mot qui décrit le mieux ce film : dégueulasse. On dirait que Phil Tippett a cherché à rendre tout son film le plus dégueulasse possible : chiasse, sang, viscères, matières visqueuses qui dégoulinent… Ce n'est pas un film qui m'a fait peur, mais on n'a pas très envie de se faire une bonne choucroute après.
L’univers visuel (complètement dégueulasse, vous avez compris) est aussi très impressionnant : ça fourmille de détails, l'animation est impressionnante. Une grosse partie du film est en stop-motion, il y a quand même des en prises de vues réelles et quelques images numériques, m'a-t-il semblé.
Mad God est une expérience que je ne suis pas sûr de recommander, un long cauchemar halluciné, un bad trip sous acide ; mais c'est aussi un film manifestement très personnel, unique et surprenant.

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Publié le 8 Mai 2023

Daniel (Robin Williams) est un acteur un peu raté, qui fait notamment du doublage de dessin animé. C'est un grand enfant qui fait la fête avec ses trois gosses, mais il est incapable de s'occuper de la maison, et il laisse toutes les tâches domestiques à sa femme Miranda (Sally Field), une working girl qui se charge également de ramener l'argent. Épuisée, Miranda demande le divorce. Comme Daniel n'a ni logement ni travail, c'est Miranda qui a la garde principale des enfants. Incapable de se résoudre à moins voir ses enfants, Daniel décide de se déguiser en nounou anglaise, en cachette de tout le monde.

Portée par le formidable Robin Williams, c'est une bonne comédie qui joue beaucoup sur le comique de situation et sur les quiproquos.
Malgré tout, je suis un peu gêné par le fait que le film prenne le parti de Robin Williams (et en même temps, tout le monde l'aime bien, qui ne prendrait pas son parti ?) alors que ce qu'il fait est complètement abusé et flippant – à la place de la la mère, je serais terrifié d'apprendre que mon ex s'est introduit chez moi sous une fausse identité pour s'occuper des enfants. Pour autant, le film n'est pas trop caricatural sur ce point, et les défauts et manquements de Daniel sont bien exprimés dans le film.
Certains de ces défauts m'ont d'ailleurs fait penser à Kramer contre Kramer.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #comédie

Publié le 2 Mai 2023

1. La saga de Freydis Eriksdottir
Une jeune et puissante guerrière viking, installée au Groenland, entreprend de voyager vers l'ouest. Avec ses compagnons de voyage, ses dieux et ses chevaux, elle s'installe sur le nouveau continent.

2. Le journal de Christophe Colomb
Le jeune conquistador découvre les Indes, mais le voyage ne se passe pas aussi bien que prévu (ce passage ressemble beaucoup au récit de Cabeza de Vaca, je soupçonne Binet de l'avoir consulté).

3. Les chroniques d'Atahualpa
C'est le cœur du livre. Atahulpa, frère de l'empereur Inca en guerre contre lui, est contraint de fuir le continent. Il débarque à Lisbonne, juste après le tremblement de terre de 1531. Avec sa suite, quelques hommes, la princesse cubaine Higuénamota, l'Inca va conquérir le continent européen et se livrer à un long bras de fer avec les forces politiques et religieuses.

4. Les Aventures de Cervantès
Dans ce court récit picaresque en fin du roman, Cervantès croise le chemin du Greco et de Montaigne.

C'est un roman uchronique passionnant, vertigineux et brillant. Laurent Binet joue à imaginer une découverte du nouveau monde à l'envers. Les Vikings ont apporté les chevaux sur le continent américain, ce qui change le rapport de force et permet aux Incas de partir conquérir le monde.
On trouve de nombreuses pages sur la religion, les Incas découvrant avec étonnement les adeptes du dieu clouté, leurs mœurs étranges, les débats obscurs avec Luther… Ces pages sont souvent amusantes, écrites avec beaucoup de finesse.
Laurent Binet pastiche différents genres de récits historiques d'une façon élégante, il varie les genres pour renouveler l'intérêt (l'attaque des Mexicains, racontée par lettres).

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Publié le 2 Mai 2023

Nous sommes dans les années 1930 en Mandchourie, pendant l'invasion de la Chine par le Japon. Une jeune chinoise de 16 ans continue à vivre sa vie d'adolescente, elle étudie, joue au go, rencontre des garçons plus vieux qu'elle… En parallèle, un soldat japonais quitte son pays natal pour faire la guerre en Chine.

Ce roman alterne, un chapitre sur deux, sur le récit à la première personne des deux personnages. Ils finissent évidemment par se rencontrer, et leurs destins se croisent sur fond de guerre. C'est élégamment écrit, intelligemment construit ; ça parle de condition féminine, de la domination sexuelle des femmes, de l'honneur du soldat. C'est écrit en français par une écrivaine née en Chine, ce qui contribue à rendre ce roman épatant.

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