Publié le 24 Avril 2017

En 1939, Guido, un jeune italien plein de fougue, d'allant, de fantaisie et de gaité, rêve d'ouvrir une librairie. Avec Dora, jeune institutrice qui prend sa liberté, il a un fils, Giosué. Quand celui-ci a cinq ans, les milices fascistes emmènent Guido et son fils, parce que Guido est juif. Dora, par amour, se livre elle aussi. Ils sont emmenés dans un camp de concentration, les femmes d'un côté, les hommes de l'autre, la communication est quasiment impossible. Guido cherche à tout prix à cacher Giosué et à lui épargner l'horreur de leur situation.

Voilà un film magnifique, mais dur, mais beau, mais violent. Commençons par l'horreur : les camps, la mort, le mépris de la vie (bien exprimé par ce médecin nazi, qui semble totalement inconscient de la situation et qui ne cherche qu'à jouer aux devinettes avec Guido), la peur... Cela représente la grosse deuxième moitié du film, dramatique, poignante, terrible, mais heureusement sauvée par la lumière qu'apporte le personnage de Guido, qui donne sa poésie au film. Cherchant à protéger son fils (acteur admirable au passage), Guido lui explique que c'est un jeu, qu'il y a un char à gagner, qu'il y a un système de points... Ces moments, presque magiques, sont magnifiques, tout comme les moments où Guido parvient à envoyer un message à Dona (par haut-parleur, en diffusant de la musique). Parce que La vie est belle est aussi une magnifique histoire d'amour, pleine de liberté et de fantaisie et de magie.
Bref, c'est un film qui a le talent de faire sourire, rire, aime, pleureur, qui ne tombe dans la facilité. C'est magnifique.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #chef d'œuvre

Publié le 18 Avril 2017

Lors de ce week-end de fête à Rochefort, les gens se croisent et les amours naissent. Un jeune marin cherche son idéal féminin, un vendeur de piano a la nostalgie d'un amour perdu, une des demoiselles de Rochefort a un coup de foudre...

Le scénario est très simple, assez court. Il y a quelque chose d'enfantin dans toutes ces histoires d'amour qui se croisent et se nouent, qui peut par moments frôler le ridicule. Les acteurs sont parfois un peu faux, tous les danseurs n'ont pas la grâce de Gene Kelly... Mais pour autant, ça marche. La naïveté du film le rend éminemment sympathique. Mais dans tous les cas c'est beau, il y a un jeu sur les couleurs qui est vraiment remarquable, la musique est évidemment toujours formidable - big up à Michel Legrand.
D'ailleurs, il y a ce moment un peu étrange, un « medley » des différentes chansons qui ressemblerait presque à une bande annonce glissée au milieu du film... Ou cette scène de dîner en alexandrins. D'accord Jacquot, pourquoi pas.
Bref, je suppose que j'empile des banalités, mais que voulez-vous, j'ai découvert ce film hier soir et je n'ai probablement pas grand-chose d'original à en dire.

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Publié le 10 Avril 2017

Mohammed, alias Momo, est un garçon d'une dizaine d'années, grandissant dans un Belleville métissé et coloré. « Fils de pute », il vit chez Madame Rosa, un Juive qui a connu les camps à Auschwitz, une femme obèse, sentimentale, instable, paranoïaque et ancienne prostituée. Madame Rosa héberge de nombreux « fils de pute » comme Momo, la plupart de passage.

Et finalement, c'est presque tout ce qu'il y a à résumer dans ce roman, qui se concentre plus sur les personnages et le décor que sur une « intrigue » à proprement parler – même s'il se passe des choses, et plein même. Le personnages sont tous – et c'est un cliché mais c'est le moment où jamais de le dire – hauts en couleur, à commencer par Momo, le narrateur, et Madame Rosa, mais également les autres pensionnaires (Moïse, Banania...), Madame Lola, le docteur Katz, les voisins, les différents voyous de plus ou moins grande envergure qui gravitent autour de ces personnages...
Tout ce petit monde est déjà bien passionnant, mais le personnage principal du roman, c'est bien l'écriture. Momo parle une langue unique, pas évidente à définir, pleine d'inventions lexicales, d'expressions détournées, un peu comme parlerait un enfant qui serait un génie de la littérature. Il faudrait pouvoir citer des extraits, relever des passages, mais je n'ai pas mon livre sous la main, c'est ballot. C'est en tout cas magnifique, souvent drôle, toujours inventif, émouvant par moments... C'est un grand roman, qui est inexplicablement resté sur ma pile de « livres à lire » pendant des années.

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Publié le 9 Avril 2017

Antoine est perdu. Il vient de se faire larguer par Karima, il est retourné vivre chez ses parents, qui sont bienveillants mais désarmés. Tranquilles, immobiles. Un père qui travaillait à l'usine, le corps affaissé par le labeur, une fierté ouvrière qui ne se dit pas.
Antoine est perdu. Il ne s'est jamais senti à sa place, rarement au bon endroit. Il a une envie, une ardeur, une rage en boule dans son ventre mais peine à lui trouver un objet. Il n'a pas les mots, pas la parole. Karima était enseignante, pleine de mots, elle lui reprochait d'en manquer.
Antoine a travaillé à l'usine. Son père le regrettait, qui rêvait d'un meilleur avenir pour son fils. Mais il veut dire quoi de la vie de son père, ce regret ? L'usine va être délocalisée au Brésil. Antoine s'investit à plein dans le combat syndical, trouve une place pour sa colère, pour une partie seulement.
Antoine va aider sa mère qui va les week-end au marché, petite mercière. Il rencontre Marcel, bouquiniste, qui va l'amener à la rencontre des livres auxquels il s'est toujours senti étranger. Il va lui parler et aider Antoine à se construire et à trouver des mots. À trouver un sens, un but.

Sombre par moments, plein de lumière à d'autres, Les Insurrections singulières est un roman fort et singulier, vivant, incarné, plein de chair et de vie. Il décrit l'évolution progressive, complexe et émouvante d'un personnage. Il y est aussi question de la langue et des mots, présents ou absents. Du pouvoir de la parole, de son importance. De la parole comme sculpture de soi : non pas s'en abreuver ou s'y perdre, mais s'y façonner, avec ses mots et ceux des autres, des amis, des proches, des gens rencontrés.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #littérature