Publié le 29 Juillet 2021

Ce vaste roman débute lors de la Révolution culturelle en Chine, alors que les scientifiques sont accusés de propager des idées réactionnaires. Ye Wenjie, fille d'un grand physicien, est envoyée à la montagne pour déforester. Elle est embauchée à Côte Rouge, une base militaire secrète.
À l'époque contemporaine, Wang Miao, un spécialiste des nanomatériaux, est plongé au cœur d'une guerre mystérieuse, dont il ignore tout. Il est confronté à des évènement mystérieux ayant tous un lien avec la science. En particulier, des scientifiques se suicident en découvrant que dans les accélérateurs de particules, les mêmes expériences produisent des résultats différents. Les lois de la physique varient, la physique n'existe pas.
En parallèle, Wang Miao essaye un nouveau jeu, Les Trois corps, qui plonge dans une Chine à peu près historique, dans laquelle le soleil ne suit aucun cycle régulier : des années régulières peuvent être interrompues par une quasi-nuit glaciale de plusieurs siècles, suivie d'une fournaise mortelle.

Ce résumé n'est que le début du roman, qui se développe dans des directions très inattendues (je mets un résumé complet en fin d'article). Toute cette première partie est fascinante, qui met en scène des évènements inexplicables : le compte à rebours, le fond diffus cosmologique qui clignote… On est dans de la hard science-fiction, c'est souvent pointu mais même si parfois quelques détails nous échappent, on peut apprécier le roman.
Je n'ai pas encore dévoilé le cœur du livre, à savoir l'existence des Trisolariens, la civilisation à peu près décrite dans le jeu Les Trois corps, habitant une planète inhospitalière orbitant dans un système chaotique à trois soleils. Des messages ont été échangés, les Trisolariens arriveront sur la Terre dans 450 ans, guidés par une secte qui leur voue un culte, tout en souhaitant la mort des humains (en gros).
C'est un développement qui arrive à plus de la moitié du roman, et qu'honnêtement je n'attendais pas, mais qui est intéressant. Je regrette juste que dans cette partie Liu Cixin se montre beaucoup moins rigoureux sur le fond scientifique, en particulier sur le problème de la langue : humains et Trisolariens ont l'air de discuter sans aucune difficulté, ils ont l'air de tout savoir les uns sur les autres… Ce n'est franchement pas très crédible, et c'est dommage (et après un film comme Premier contact, ça a du mal à passer). Idem pour l'idée des Trisolariens de venir habiter sur Terre, une planète qui leur est très probablement inhospitalière (irrespirable, pas la bonne température etc). Ça donne l'impression que la physique passionne Liu Cixin, mais qu'il se fout un peu des autres domaines de la science.
Et d'autant plus regrettable que la défense de la science est au cœur du livre : outre le côté hard-science de l'écriture, Cixin décrit la volonté de Trisolaris d'empêcher les progrès de la science pour que les Terriens restent à leur stade d'évolution, qui fait écho aux ravages scientifiques de la Révolution culturelle…
Malgré tout, et bien que ce soit un roman très masculin, c'est un vrai page-turner dense et riche. C'est le premier tome d'une trilogie dont j'ai envie de lire la suite, tout en espérant qu'il se calme sur les trucs d'extraterrestres pas très crédibles.
À ce stade, la secte qui demande à accueillir les Trisolariens sous prétexte de détestation de l'humanité ne fait pas beaucoup de sens (trop de « pourquoi ? »), mais peut-être des pistes se dessineront par la suite.

* * *

1. Un printemps silencieux
1. Chine, 1967. Un professeur de physique est lynché, accusé de propager des idées réactionnaires en enseignant la physique moderne.

2. Sa fille, Ye Wenjie, déforeste les forêts mongoles, un travail inutile et mortifère. Elle est emprisonnée pour une histoire de lettre qu'elle n'a pas écrit.

3. Lei Zhicheng, un commissaire politique, et Yang Weining, un ancien élève de Ye Wenjie, lui proposent de travailler à Côte Rouge, un programme d'armement secret dont elle ne pourra jamais sortir. Une grosse antenne est posée sur un pic rocheux, qui donne l'impression d'être dangereuse, mais son vrai but reste inconnu.

4. 38 ans plus tard
Wang Miao, spécialiste des nanomatériaux, est amené par le peu agréable commissaire Shi Qiang dans un centre militaire. Le général Chang Weisi lui explique que c'est la guerre. Des scientifiques de renom se sont suicidé·e·s, dont la fameuse et mystérieuse Yang Dong. Il semble que tou·te·s ces scientifiques aient un lien avec une association, Les Frontières de la science, qui se demande si la science n'a pas atteint une ligne de fond.

5. Wang Miao rend visite à Ding Yi, petit ami de feu Yang Dong. Ce dernier lui explique que les collisionneurs de particules ont en fait révélé que les lois de la physique variaient : les mêmes expériences produisent des résultats différents. La physique n'existe pas : cela a probablement conduit aux suicides.

6. Sur toutes les photos que prend Wang Miao apparaît un compte à rebours, partant de 1120 heures. Les chiffres n'apparaissent que quand c'est lui qui prend des photos, quel que soit l'appareil. Shen Yufei, chercheuse créatrice de la Société des frontières de la science (Wei Cheng, son mari aux activités mystérieuses) lui demande d'arrêter ses expériences sur les nanomatériaux.
Pan Han, biologiste membre de la Société, partisan d'une décroissance radicale, s'engueule avec Shen Yufei.
Quand le compte à rebours s'imprime sur sa rétine, Wang Miao arrête ses recherches. Shen Yufei menace d'afficher un message en morse sur tout l'univers (fond diffus cosmologique) s'il n'arrête pas de manière définitive.

7. Wang Miao essaye le jeu vidéo de Shen Yufei, Les Trois corps. Dans une Chine historique, le roi Wen cherche un moyen de prédire les cycles du soleil, complètement irréguliers. Un cycle régulier débute, on réhydrate les humains. Mais trois étoiles surgissent, signe d'une nuit glaciale durant des siècles.

8. Wang Miao rend visite à Ye Wenjie, la mère de Yang Dong.

9. Wang Miao, terrifié, observe le fond diffus cosmologique clignoter en morse le compte à rebours. Shen Yufei ne sait pas ce qu'il y a à la fin.

10. Pour le commissaire Shi Qiang, les différents évènements récents (meurtres et suicides de scientifiques, films romançant un monde avant les technologies…) sont coordonnés par quelqu'un cherchant à détruire la recherche scientifique. C'est le cœur de la guerre secrète en cours, dont Les Trois corps est peut-être une clé.

11. Les Trois corps
Plusieurs millénaires plus tard, dans ce monde toujours chaotique, la civilisation n° 141 peine à survivre. Le savant (historique) Mozi croit percer les mystères, mais un soleil immense brûle toute la civilisation.

12. Ye Wenjie raconte à Wang Miao ses années à la base de Côte rouge. Alors qu'elle ne fait que de la maintenance, on finit par lui révéler le vrai but du centre.

13. Le Projet Côte rouge recherche le contact avec une civilisation extraterrestre.

14. Les recherches ont été infructueuses, la base a évolué pour devenir une sorte de télescope astronomique, puis a fermé.

15. Les Trois corps
Wang Miao, rebaptisé Copernic, comprend que ce monde orbite autour de trois soleils : l'orbite est chaotique et propice à des événements catastrophiques.

16. Wei Cheng, le mari de Shen Yufei, raconte sa vie : prodige en mathématiques mais fainéant, il ne met pas son talent à profit, jusqu'au moment où il commence à travailler au problème à trois corps, proche de l'insoluble. Aidé par Shen Yufei, il progresse, sans avoir de solution. Quelqu'un a menacé de le tuer s'il n'arrête pas ses recherches.
Shen Yufei est assassinée, quelques jours après une dispute avec Pan Han au sujet de dieux.

17. Les Trois corps
On se sert d'un ordinateur humain (30 millions de personnes) pour calculer le cycle des soleils. C'est encore un échec : les trois soleils sont tous alignés, leur force gravitationnelle s'additionne, et toute la planète (surface, océans, humains, atmosphère) est aspirée vers les soleils.

18. Une réunion de joueurs des Les Trois corps, tous issus de professions intellectuelles, est organisée par Pan Han. Wang Miao est parmi eux, infiltré pour l'armée. Pan Han explique que le jeu est basé sur un monde réel, Trisolaris. Les joueurs sont impatients à l'idée d'une rencontre avec des extraterrestres, l'humanité étant pour eux perdue.

19. Les Trois corps
Les trois soleils ont frôlé la planète il y a des millions d'années, déchirant la planète et créant une lune. À l'ère moderne, l'instabilité fondamentale du système est actée. La seule solution est de quitter la planète pour habiter dans un monde plus accueillant.

20. Les Trois corps
Un grand vaisseau emmène des trisolariens vers une étoile proche, à 4 années-lumière.
Wang Miao a fini le jeu, il est convié à l'assemblé de l'Organisation Terre-Trisolaris (OTT).

* * *

2. Le crépuscule des hommes
21. À la réunion, Pan Han, reconnaît le meurtre de Shen Yufei, une traîtresse. À la tête de la section environnementale, Pan Han a pour devoir de provoquer des catastrophes écologiques, afin que l'humanité se mette à détester science et technique.
Deux courants s'affrontent : adventistes et rédemptoristes. Les premiers ont communiqué avec les Trisolriens en cachette. L'adventiste Pan Han est tué.

22. Quand Ye Wenjie était à Côte rouge, elle s'est rendue compte que le soleil est un amplificateur d'ondes radio qui peut servir de transmetteur pour un signal.

23. Huit ans plus tard (deux fois quatre ans : c'est donc Proxima du Centaure), Ye Wenjie reçoit une réponse à son message : « ne venez pas, vous serez envahis », suivi d'informations sur Trisolaris. [Ye Wenjie, dégoûtée de l'humanité, leur dit de venir].

24. [présent] Les « Dieux » visent les recherches de Wang Miao : elles permettraient de construire un ascenseur spatial.
Shi Qiang débarque avec l'armée à la réunion de l'OTT. Bagarre, morts, arrestation de 200 membres de l'OTT, dont Ye Wenjie.

25. Ye Wenjie explique qu'elle a tué Lei Zhicheng, qui avait intercepté son message à Côte Rouge.

26. L'étau de la Révolution culturelle s'est desserré, les gardes rouges étaient seul·e·s, les anciens cadres revinrent petit à petit au pouvoir. Ye Wenjie eut une fille, Yang Dong, elle put retourner à l'université.

27. Ye Wenjie rencontra par hasard Mike Evans, fils d'un magnat du pétrole américain, installé en Chine pour planter des arbres pour sauver des oiseaux. « Communiste antispéciste », Evans était prêt à mettre sa fortune dans le projet de Trisolaris.

28. Evans bâtit un Côte Rouge 2 sur un bateau. Il reçu un message de Trisolaris : ils arriveront dans 450 ans. L'OTT est née ainsi avec Ye Wenjie comme guide.

29. L'OTT comprend principalement des membres de la classe supérieure. Les adventistes rêvent de la destruction de l'humanité. Communistes antispécistes, leur mantra est : « Nous ne connaissons pas la civilisation extraterrestre, mais nous connaissons la civilisation humaine ».
Les rédemptoristes ont développé une religion : il faut sauver les Dieux pour sauver l'humanité. Un troisième mouvement existe, les survivalistes, qui espèrent que leurs descendants survivront à l'arrivée des Trisolariens.

30. Les adventistes gardent secret leurs échanges avec les Trisolariens. On sait quand même que Trisolaris a envoyé deux protons sur Terre.

31. Dans la guerre contre les « traitres à l'humanité », il faut récupérer les messages secrets de Trisolaris. Wang Miao leur donne un coup de main, 28 Go de données sont récupérées.

32. Données de Trisolaris
Les Trisolariens décident de faire partir une flotte, même s'ils ignorent la provenance exacte du message de Ye Wenjie.

33. Données de Trisolaris
Suite au deuxième message de Ye Wenjie, le vaisseau se dirige vers la Terre.
Les Trisolariens craignent que pendant les 450 ans de voyage, la technologie terrienne se développe et détruise le vaisseau, voire Trisolaris elle-même. Il faut donc arrêter la science terrestre.
Une des solutions est de fabriquer un ordinateur au cœur d'un proton (un « intellectron »), que l'on pourra envoyer à la vitesse de la lumière (4 ans de voyage). Le programme est caché dans les dimensions cachées de l'univers (théorie des cordes), quasiment infinies. Plusieurs intellectrons sont fabriqués, contrôlés depuis Trisolaris grâce à l'intrication.
Les intellectrons perturbent les accélérateurs de particules, empêchant les humains d'accéder aux secrets de la matière, et sont responsable du compte à rebours observé par Wang Miao. Se déplaçant à la vitesse de la lumière, ils sont potentiellement partout et éternels. L'espionnage est peut-être constant mais impossible à détecter.
Les Terriens reçoivent un message : « Vous êtes de la vermine ! »

34. Shi Qiang emmène Yang Miao et Ding Yi, déprimés, voir des champs infestés de criquets locustes : de la vermine que l'humain (avec toute sa technologie) n'a jamais réussi à détruire.

35. Ye Wenjie retourne voir les ruines de Côte rouge, et meurt.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #Chine, #science-fiction

Publié le 24 Juillet 2021

Un méchant, versé dans le trafic de drogue et la contrebande, vole dans le petit village de Nong Pradu la tête d'Ong-bak, une statue de bouddha. Le jeune Ting (Tony Jaa), pratiquant de muay-thaï, est chargé d'aller à Bangkok pour retrouver l'objet sacré. Bagarres, maffia, courses-poursuites, bagarres, gymnastique, bagarres.

Ce film est construit comme un film de Bruce Lee : on interdit de pratiquer son art à un jeune prodige, qui est forcé par les circonstances à péter des gueules (l'interdiction du maître n'est pas respectée longtemps, on n'est pas dans Big Boss). Comme Ting cherche juste à éviter les ennuis, il y a du Jackie Chan aussi, mais l'humour en moins.
Bref, ce n'est pas un chef d'œuvre, c'est bien mené mais convenu.
Mais ce n'est pas pour ça qu'on regarde ce film. Et les bagarres sont spectaculaires et plutôt bien filmées. Tony Jaa est impressionnant, et sa petite voix le rend touchant.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #kung-fu

Publié le 23 Juillet 2021

Lee Geum-ja se est en prison, accusée d'un meurtre qu'elle n'a pas commis. Pendant ses treize ans de réclusion, elle prépare sa vengeance.

Je me rends compte que c'est un film qu'il est difficile de classer dans un genre, puisqu'il emprunte à peu près à tout, et que différents moments dans le film ont des tons différents. Pour autant, je ne suis pas sûr que tout soit réussi.
Ça commence à être un réalisateur que je connais bien : Old Boy (2003), Je suis un Cyborg (2006), Thirst (2009) et Mademoiselle (2016). Je connais son goût du gore, du torture porn. C'est à ce titre un film plutôt soft comparé à d'autres (Old Boy étant sans doute le pire).
Mais je crois que je ne comprends pas ce que Park Chan-wook veut raconter ici. Il superpose et entremêle plusieurs récits (attention je vais spoiler) : la recherche de vengeance de Lee Geum-ja ; la vie de quelques-unes de ses co-détenues (c'est d'ailleurs souvent traité avec humour) ; les retrouvailles de Lee Geum-ja avec sa fille, qu'elle a du abandonner juste avant d'aller en prison ; la vengeance des parents d'enfants assassinés… Ça part un peu dans tous les sens, il y a plusieurs films qui se superposent sans qu'on sache vraiment où ça va.
C'est dommage, parce qu'il y a des choses intéressantes, des acteurs que j'étais content de voir et/ou d'apercevoir (Choi Min-Sik, rôle-titre d'Old Boy entre autres ; Song Kang-ho), et que c'est toujours filmé de façon brillante et inattendue.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #Corée

Publié le 12 Juillet 2021

Pas évident de résumer ce film, puisqu'il est construit autour de quelques personnages, leurs histoires s'alternant sans qu'il y ait forcément de lien. Deux jeunes pensent pouvoir défier les gangs existants ; un couturier est entraîné dans des contrats pourris ; un jeune ado rêverait de faire comme les grands ; un type distribue l'argent aux familles ; un jeune assiste un trafiquant de déchets.
On n'a pas toujours le contexte, on ne comprend pas toujours exactement ce dont il s'agit, on est sur un récit « impressionniste » : c'est un peu perturbant au début, mais une fois qu'on a saisi le fonctionnement, c'est vraiment passionnant. C'est bien filmé, en mode documentaire, les décors napolitains sont fascinants. Les maffieux sont moches, gros, mal habillés et n'ont pas l'air d'être des flèches, on est loin de la vision romantique qu'en offre quelqu'un comme Scorcese.

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Publié le 10 Juillet 2021

Dans ce livre, Édouard Louis raconte une soirée de Noël, au cours de laquelle, en rentrant chez lui, il croise la route de Reda qui l'aborde, que ÉL d'abord réticent finit par inviter chez lui. La nuit est agréable jusqu'à ce que Louis découvre son IPad dans la poche de Reda, et que la soirée devienne un vol, une tentative d'assassinat et un viol.

Cette histoire se déploie sur les 230 pages du livre, morcelée, le récit de l'après (porter plainte, habiter ailleurs, vivre avec la peur) se mêlant au récit de cette nuit-là. ÉL est minutieux dans ses description, dans sa recherche du sentiment précis, de la sensation juste.
Le livre est en grande partie écrit à la première personne, mais ÉL y glisse la retranscription du récit que fait sa sœur Clara à son mari mutique, une fois que ÉL lui a tout raconté, un an après les faits. Il s'amuse avec l'oralité de la langue de sa sœur, avec ses digressions, y répond, la corrige. C'est un artifice littéraire qui lui permet de décentrer le regard, de répondre à un point de vue extérieur. Mais c'est un artifice, et par moments cela se sent. ÉL semble en être conscient : à partir des 2/3 du livre, il finit par abandonner cette idée, il n'écoute plus sa sœur, et se satisfait d'un récit à la première personne.
C'est une histoire forte et intense, mais qui pêche un peu par la faiblesse de sa construction. La fin semble bâclée, comme si ÉL ne s'intéressait plus vraiment à son récit, les différentes narrations (la sœur) s'emmêlent parfois les pinceaux. C'est une construction compliquée et un peu bancale, qui aurait mérité à être allégée, remaniée, simplifiée.
Je comprends bien les raisons qui ont poussé Édouard Louis à faire ces choix, mais je ne trouve pas que l'ensemble fasse un bon roman. Peut-être a-t-il été écrit trop tôt après les évènements, peut-être ÉL n'a pas (encore ?) la force littéraire pour porter ce récit. Ce n'est en tout cas pas un livre qui a la force d'En finir avec Eddy Bellegueule.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #littérature, #France

Publié le 8 Juillet 2021

La narratrice est une prof de lycée, mère récemment séparée d'une petite fille. Elle rencontre Sarah, violoniste impétueuse, drôle, pleine de fougue et de folie. Rapidement c'est l'amour fou, fou au point de les abîmer l'une et l'autre, de ne pouvoir vivre séparées, de s'étouffer.

C'est un roman en deux parties, la première sur cet amour très beau et très touchant, qui petit à petit devient toxique et dangereux, une passion qui comme chacun·e sait, peut être dévorante ; la deuxième sur la fin de l'amour, sur l'après, la survie à cet amour, dans une fuite tout aussi folle et nocive.
C'est écrit avec beaucoup de justesse et d'élégance. C'est un roman joyeux et tragique, beau et triste, heureux et désespéré, une histoire d'amour magnifique et terrifiante.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #littérature, #France

Publié le 5 Juillet 2021

Vernon, devenu sdf, habite dans le coin des Buttes Chaumont. Il n'est pas en forme et reçoit de l'aide de Charles, un vieil alcoolique qui a gagné au loto mais a décidé de garder le même train de vie.
Pendant ce temps, tous les anciens amis de Vernon le cherchent : pour retrouver les bandes d'Alex Bleach, par culpabilité, par inquiétude sincère pour lui. Les Buttes Chaumont vont devenir le lieu de rendez-vous de cette drôle de bande.

C'est une suite réussie, avec une tonalité similaire : plein de personnages, la narration qui se fixe sur chacun d'entre eux alternativement. C'est un peu vertigineux mais Despentes a la bonne idée de mettre un index des personnages en début du livre – sans ça je ne suis pas sûr que j'aurais réussi à aller jusqu'au bout.
Ces personnages sont toujours aussi riches, variés et attachants, l'intrigue globale n'est pas forcément extraordinaire mais je prends du plaisir à être avec eux. L'écriture nerveuse permet de lier tous ces ingrédients.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #littérature, #France