Publié le 31 Juillet 2019

Il y a deux principaux récits parallèles dans Wonderstruck : celui de Ben, un jeune garçon dont la mère est morte dans un accident de voiture ; et celui de Rose, en noir et blanc et en muet.

Ce n'est pas évident de parler de ce film sans en dire trop, parce que sans être un thriller au suspense haletant, il y a quelques surprises dans ce film qui lui donnent sa cohérence et sa saveur. Comme pour Carol, Todd Haynes fait un superbe travail : direction d'acteur·trice·s, cadrages, lumière, tout est parfait, subtil, élégant.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #États-Unis

Publié le 28 Juillet 2019

Figurez-vous que je n'avais pas vu Forrest Gump, et ça y est c'est fait. On le sait, c'est donc l'histoire d'un simplet qui se retrouve malgré lui au milieu de la plupart des évènements historiques des États-Unis à partir de 1960 : guerre du Viet-Nâm, Black Panthers, Watergate etc. Je n'ai pas grand-chose à en dire d'original, j'aime bien l'utilisation de la musique, même si elle est parfois un peu systématique elle colore assez bien les scènes, la voix off est parfois un tout petit peu trop présente à mon goût, Tom Hanks est formidable, bref c'est très bien Forrest Gump.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #États-Unis

Publié le 23 Juillet 2019

Pas de bol pour Ruka : c'est le premier jour des vacances d'été et elle est exclue du cours de handball pour un coup de coude. Elle décide d'aller voir son père à l'aquarium géant où il travaille ; elle y rencontre Umi et Sora, deux « enfants de la mer » aux pouvoirs surnaturels élevés par des dugongs. Ruka va les suivre à la recherche d'un « chant » bien mystérieux.

J'avais commencé à lire le manga papier, qui est graphiquement assez magnifique, même si le travail sur les personnages me gênait un peu parfois. Je retrouve le même plaisir et les mêmes réserves avec le film : autant par moment les personnages ne sont pas vraiment à mon goût, autant tout le reste est graphiquement magnifique.
Je n'ai par contre pas vraiment été embarqué dans le récit, qui commence vraiment très bien, mais qui devient dans la dernière partie beaucoup trop ésotérique (on retrouve la même chose dans Akira ou Amer Beton, j'avoue que ce n'est pas franchement mon truc). C'est encore une fois très beau, mais je n'étais plus dedans, plus vraiment concerné par l'histoire. Peut-être parce que tout ça va un peu vite – ce qui est prévisible quand il s'agit d'adapter plusieurs milliers de pages de BD.

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Publié le 21 Juillet 2019

Dans ce livre, qui n'est pas un roman, Julie Bonnie revient sur ses jeunes années, alors qu'elle était violoniste dans le groupe de punk-rock Myosotis – c'est du moins le nom qu'elle lui donne dans ce récit. Elle alterne des passages au présent et les souvenirs du passé, il y a une trentaine d'années. Elle peine à concilier les deux personnes : le récit au présent (Bonnie est âgée de 46 ans) est écrit à la première personne ; les souvenirs (qui commencent alors qu'elle a 13 ans) sont à la troisième personne, comme s'il s'agissait de quelqu'un d'autre ; cet artifice est assez efficace, surtout quand le « je » surgit à des moments inattendus.
C'est un récit de formation, énergique, jeune, un peu fou, réflexif aussi sur les idéaux de la jeunesse.

* * *

(Je fais un résumé sommaire mais long du livre, mais c'est pour le travail)
(je vais évidemment complètement spoiler le livre)

La jeunesse, son énergie. Julie le crâne rasé, les dreadlocks rouges, le violon dans les mains, pantalon de cuir et soutien-gorge ; les autres membres du groupe sont tatoués, percés, en collant panthère...

1985, Tours, Julie est en cinquième. Ses parents habitent dans le centre-ville, ils sont bourgeois, enseignants en littérature et philosophie. Julie va au conservatoire, elle étudie le violon, sans passion ; c'est une bonne élève, une fille sage. Le début de l'adolescence est là, elle a envie d'ailleurs, d'autre chose, de casser les barrières, de sortir de son rôle de fille sage. Elle écrit des poèmes. Elle discute avec son ami Sylvestre, contrebassiste, qui écoute du jazz, un grand maigre à lunettes. Ils boivent un pot place Plumereau, la place cool de la ville, où tous les jeunes se regroupent. Julie rencontre Clarisse, une belle brune avec des tâches de rousseur, les yeux clairs, un chignon géant, beaucoup de maquillage, d'assurance, de gouaille. Elle est guitariste, une amitié fusionnelle naît, Julie s'est trouvé un modèle. Tous les trois écoutent de la musique, et décident de monter un groupe : Myosotis.
Premières cuites place Plumereau, les parents qui désapprouvent Clarisse. Premier concert dans un bar.

1988. Le groupe est devenu connu à Tours ; son personnage dessinée par Clarisse, la Chilulibulette, est partout ; ils jouent dans la rue, dans des bars. Julie rencontre Nicolas, 10 ans de plus, c'est le coup de foudre. Elle emménage avec lui vers

1990. Nicolas devient le manager du groupe. Il manque un batteur, ils rencontrent Ben, grand, roux, nez grec, athlète ; et Rod grand, fin, rasé, tresse, tatouages, chaîne, cuir, motard, percussionniste. Tous les deux sont engagés sans audition.

1990. Le bac, réussi sans gloire (où est passé la bonne élève ?). Une tournée des camping, des restos, des bars. La fatigue, les engueulades.
Présent : Julie, toujours avec Nicolas, retrouve Ben. Ils explorent les souvenirs, émotion.
Nicolas s'occupe du fan club, inscrit sur une mailing list (avec des adresses postales). Le groupe enregistre sa première cassette, gagne de l'argent grâce à la vente de tee-shirts : ils peuvent acheter un camion pour leurs tournées.

1991. Tournées des bars dans toute la France. Affirmation du groupe, expérimentations et improvisations, énergie de la scène, punk, rock.
Concert à Berlin. Engueulades sur la route, Julie reste un peu bourgeoise malgré tout, elle tient à son confort (« arrête de te plaindre ! »). Berlin c'est un autre monde, punk rock libertaire alternatif. Le mur est tombé il y a peu, incursion de l'Histoire dans le réel. Concerts explosifs. Retour à Tours, fatigue, engueulades, autre concert, fatigue, énergie et sueur. Julie et Nicolas déménagent à Paris. Pour elle, il n'y a rien d'autre que le groupe, elle n'a envie de rien faire d'autre.

Été 1992, tournée à l'est : Bratislava, Prague, Brno. Galères, énergie, euphorie, émotions fortes.
Premier disque, un CD. Pas de producteur, c'est le bordel, l'anarchie, les pistes sont enregistrées séparément alors que Myosotis est un groupe de scène. Finalement c'est bordélique, à l'image du groupe. L'album se vend mal, mais atteint quelques oreilles : une tournée en Allemagne, Hollande, Belgique. La question d'arriver à vivre de sa musique : pour l'instant les payes remboursent le déplacement, le groupe ange du jambon sous vide et de la mayonnaise premier prix. Un concert dans une secte hippie allemande, nudistes et sexe. Peur, gêne, honte et rire.
Le camion tombe en rade, les réparations sont hors de prix. Tant pis, il faut payer.

1993 : le groupe décide de devenir pro. Ça fait plusieurs années qu'il tourne à peu près partout, il faut y croire. Clarisse quitte (à regret ?) son boulot en agence de pub ; le père de Julie lui verse une sorte de pension (c'est plus facile pour elle de tout plaquer). 200 dates dans l'année, ça marche tant bien que mal. Clarisse est enceinte, elle prend des cours de chant qui lui permettent de se poser un peu. Julie est humiliée par le prof de chant, Clarisse ne prend pas sa défense. Tournée avec le bébé de Clarisse.
Une tournée est organisée avec les Inch, un groupe allemand, des idoles, des aînés. Le leader violoniste chanteur du groupe offre son archet à Julie : elle réalise qu'elle vaut quelque chose (!), gagne en confiance. La tournée épuisante, entre drogue, alcool et nuits blanches.
Julie travaille son violon, chante. Un deuxième album, à la recherche du tube pour passer à la radio, alors que le groupe est l'opposé de ça. Des dissensions entre Julie et Clarisse apparaissent, chacune est enfermée dans un groupe d'où elles aimeraient tirer leur voix/voie. Julie vise plus de punk, Clarisse vise un tube à la radio. Sans clairvoyance sur le résultat des enregistrements studio.
Mais succès n'est toujours pas là ; toujours les mêmes tournées dans des rades et des squats pourris. Clarisse tourne sans son bébé, qui lui manque ; Julie tombe enceinte. Depuis des années, le groupe a accumulé frustrations, aigreurs, rancunes. Pourtant chaque concert reste un évènement.
Le groupe est en résidence 10 jours, derniers instants de bonheur. Ils invitent les les Inch en première partie, marrades.

Mais c'est la fin. Les frustrations, les haines engendrent de la violence. Julie et Clarisse se voient pour la dernière fois en 1995. Comme une sœur siamoise arrachée.
Julie monte un autre groupe éphémère, Cornu. La fin d'un groupe, c'est comme une rupture violente.
Après des années d'assistante maternelle, elle retourne à l'écriture et à la musique.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #littérature, #France

Publié le 21 Juillet 2019

L'immense et contestée entreprise agro-alimentaire Mirando Corporation annonce la découverte au Chili de cochons géants. Vingt-six cochonnets sont envoyés à travers le monde pour être élevés par des fermiers locaux ; dans dix ans un concours couronnera le plus beau des cochons.
En Corée, la jeune Mija élève un de ces cochons, qu'elle a nommé Okja, en compagnie de son grand-père. Elle est très proche de l'animal (une sorte de gros chien en forme de cochon-hippopotame). Le tableau idyllique est troublé par le retour de Mirando, qui constate qu'Okja est de loin le plus beau des cochons : il faut donc le ramener à New York pour le concours. Mais c'est sans compter sur l'opposition et la détermination de Mija, déterminée à ne pas laisser partir son ami cochon.

Et c'est formidable. La mise en scène est précise, la lumière magnifique, les acteur·trice·s tous parfaits, en particulier Ahn Seo-hyeon (Mija), un vrai roc face à Mirando, elle est superbe. C'est également assez drôle, grâce entre autres à des acteurs qui ne se prennent pas trop au sérieux (notamment Tilda Swinton et Jake Gyllenhaal), ce qui donne au film des airs de farce, tout en restant assez féroce et acerbe. Comme dans Parasite, Bong Joon-ho mélange les styles et les tons avec brio, sans jamais perdre le fil de son récit. On sent une liberté totale de sa part.
Au final, c'est une fable animaliste émouvante, un film de vegan anticapitaliste, ce qui n'est pas pour me déplaire non plus.

(Et même si les premières minutes j'ai scruté Okja sous toutes les coutures pour voir si elle était vraiment réussi, on oublie très vite cet aspect pour se concentrer sur le récit)

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Publié le 16 Juillet 2019

Man on the Moon est un « biopic » d'Andy Kaufman (Jim Carrey, formidable), humoriste américain actif des années 1970 aux années 1980. Maître de l'humour absurde, voire du non-humour, le film dépeint de façon à peu près chronologique sa vie : enfance, débuts, repérage par George Shapiro, série TV, délire autour du catch, maladie… C'est finalement assez sage ; on se souviendra particulièrement de l'ouverture en noir et blanc, avec Kaufman qui s'adresse directement au public. Ça donne en tout cas envie de se pencher sur ce personnage singulier, qui a construit toute sa vie sur la frontière entre fiction et réel, au point que nombreux sont ceux qui imaginent que sa mort n'est qu'une mise en scène – et le film contribue à cette ambiguïté.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #États-Unis

Publié le 15 Juillet 2019

Les années 1990. Cinq jeunes potes, menés par Gary King, entament la tournée des douze pubs de la ville. Malheureusement, ils ne finiront jamais leur défi. Vingt ans plus tard, Gary, qui n'a pas changé, va reformer le groupe pour relancer le challenge. Qui ne se passera évidemment pas comme prévu.

Et voici la dernière étape de mon marathon Edgar Wright. Il va falloir que je spoile un peu (à mort), autant prévenir les (rares) lecteurs qui passent ici.
Si c'est loin d'être le meilleur film d'Edgar Wright, c'est quand même d'un meilleur niveau que Hot Fuzz. C'est plutôt drôle, le personnage de Gary, joué par l'inévitable Simon Pegg, est assez parfait dans son insupportable puérilité, les autres membres du gang, devenus des adultes tout ce qu'il y a de plus respectables, sont parfaits eux aussi (mention à Martin Freeman, délicieusement lisse).
Ça pourrait un buddy movie alcoolisé comme il en existe plein, mais à peu près à la moitié du film, quelque chose de complètement inattendu arrive, qui emmène le film tout-à-fait ailleurs : la ville est en fait habitée par des droïdes extraterrestres à l'apparence humaine. Ça parait con comme ça, et ça l'est. Ça devient un film de SF où tout le monde subitement se bat comme Bruce Lee sur fond d'invasion extraterrestre. C'est complètement con, mais ça marche plutôt bien, parce que le film reste sur le même registre que précédemment. Mais on va dire qu'il faut un certain lâcher prise pour apprécier ce film, et que je devais être dans un bon jour.

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