Publié le 20 Février 2018

Dans la Russie du XIXe, Oloukine est un explorateur qui cherche à atteindre le pôle Nord. Mais sa dernière expédition est un échec, et le bateau disparaît mystérieusement
Persuadée que les recherches n'ont pas été effectuées au bon en droit, son intrépide petite fille veut qu'une nouvelle expédition se monte pour retrouver son grand-père chéri. Face à l'incompréhension de ses parents, issus de l'aristocratie de Saint-Pétersbourg, elle décide de s'enfuir pour aller monter cette expédition elle-même.

Et c'est un très beau film d'animation, sensible et touchant, avec une héroïne qui n'a pas froid aux yeux et qui tient tête à tout un groupe d'hommes, les marins avec lesquels elle part en expédition (et il n'y a même pas besoin d'une histoire d'amour pour qu'elle existe).
On y retrouve cette fameuse construction de film d'animation « voyage initiatique qui permet de résoudre un conflit familial » (voir ici), ce qui me surprend un peu parce que je pensais naïvement que c'était une construction qui n'appartenait qu'aux films hollywoodiens, voire disneyiens (mais cette construction n'est qu'un socle, ce qui compte c'est ce qu'on en fait : on peut en faire de la merde, comme dans Frère des Ours, ou des trucs biens, comme dans Coco ou ici).
Et surtout, c'est si beau ! Les décors, les ambiances lumineuses et colorées, chaque séquence, chaque plan est délicieusement soigné, c'est un vrai régal.

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Publié le 19 Février 2018

Steven Russell est un homme bien sous tout rapports. Il est policier, il a une femme, des enfants et va à la messe tous les dimanche. Sauf qu'il est gay, et le cache.
Après un accident, il décide de s'assumer enfin. Son train de vie devient indécent, et pour l'assumer, il devient arnaqueur, se fait choper, et finit en prison.
Il y rencontre Phillip Morris, avec qui il va vivre une grande histoire d'amour ubuesque (beauté des sentiments, mensonges, évasion, arnaques...)

C'est si bien ce film. C'est très classique dans la construction, très hollywoodien dirais-je, avec ces flash backs/flash forwards et cette voix off en léger décalage. Mais c'est aussi plutôt efficace, et comme l'histoire est pleine de surprises on leur pardonne.
C'est drôle, touchant, parfaitement interprété, bref, ce n'est peut-être pas un film qui marquera l'histoire du cinéma, mais c'est super.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #comédie

Publié le 19 Février 2018

Trois panneaux publicitaires abandonnés dans une petite ville du Missouri refont parler d'eux quand Mildred Hayes décide de les utiliser pour interpeller le chef Willoughby : « Raped while dying », « and still no arrests », « how come, chef Willoughby ? ».
Il y a sept mois déjà que la fille de Mildred a été violée et tuée, et l'enquête n'avance pas. Ces panneaux sont un coup de pied dans la fourmilière dans cette petite ville tranquille.

Commençons par les bons côtés : c'est un film magnifique et fort, avec un vrai talent d'écriture. Je suis assez impressionné par la façon dont les personnages existent avec peu de choses, à la fois grâce à l'interprétation remarquable d'à peu près tous les acteurs, et par la capacité qu'à Martin McDonagh à ciseler des dialogues qui réussissent à donner de l'épaisseur en quelques phrases. De la même façon, les sujets abordés sont nombreux (viol, violence, maladie, mort, alcoolisme...) et plutôt bien traités dans l'ensemble.
Mais pourtant il y a des défauts... Certains personnages sont étonnement caricaturaux : la blonde nunuche, le flic alcoolique qui suit une trajectoire de rédemption un peu convenue...
Il y a un autre problème que soulevait G. : le film semble hésiter entre un film choral et un focus sur quelques personnages (Mildred Hayes, chef Willoughby et Dixon le flic alcoolique). Le film est plus ou moins découpé en trois parties centrées sur chacun des trois personnages principaux, et si c'est un choix qui peut se comprendre, c'est un peu dommage parce qu'on perd un peu les autres de vue. Comme s'il y avait une promesse au début du film, autour du personnage de Mildred, qui n'était pas tenue parce que le film passe à autre chose.
Il y aurait eu matière à faire un film choral, qui à mon avis aurait été mieux équilibré -surtout que le talent d'écriture de Martin McDonagh lui aurait permis ce film.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #au cinoche

Publié le 9 Février 2018

Le roman se divise en deux parties : la première, en narration directe, est l'histoire de Narcisse Pelletier, matelot de la goélette Saint-Paul. Abandonné sur une plage océanienne, il passe par toutes les émotions, panique peur affliction résignation colère. Il est recueilli par une tribu aborigène, d'abord indifférente pendant que Narcisse est méprisant.
La seconde partie, qui alterne avec la première, est composée des lettres d'Octave de Vallombrun, un explorateur qui a recueilli Narcisse, dix-huit ans après son abandon. Celui que l'on surnomme le « sauvage blanc » a tout oublié de son passé, de sa langue natale, de ceux qui lui sont proches. Patiemment, Vallombrun lui réapprend le français et les « bonnes manières », espérant tirer un livre à succès de cette aventure. Mais Narcisse reste désespérément muet sur les années qu'il a passées avec les aborigènes.

Et c'est un bon roman, très intéressant, plein d'aventure et de suspense. Son principal défaut est d'être porté par une langue assez classique (pastiche de lettres du XIXe siècle oblige) mais qui reste toujours à distance, même dans les passages en narration directe. C'est quand même une sacrée aventure, et ça manque de souffle, ce n'est pas porté par quelque chose qui dépasserait la simple relation des évènements.
C'est aussi un roman qui est emprunt du racisme  du XIXe siècle et de l'idée de la supériorité du Blanc, ce qui est compréhensible vu l'époque à laquelle il se déroule. Pourtant, par moments ce racisme est un peu gênant, et me fait me poser une question plus large : comment parler de cette période, de ce type de fait, sans laisser à ce racisme prendre trop de place ?

Je lis sur Wikipedia que François Garde a choisi de ne pas se documenter sur les aborigènes, parce que ça aurait « étouffé [s]on imaginaire » et parce que ça se passe au XIXe siècle, et que bah à l'époque on savait pas tout ce qu'on sait aujourd'hui, donc autant rester cohérent avec l'époque. Ai-je besoin d'expliquer pourquoi je trouve ça complètement con ? Et je trouve même ça plutôt gênant, vu ce qu'en disent les ethnologues (ici ou ).
Bref, je ne peux pas vraiment recommander ce roman.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #littérature