Ce qu'il advint du sauvage blanc (François Garde, 2012)

Publié le 9 Février 2018

Le roman se divise en deux parties : la première, en narration directe, est l'histoire de Narcisse Pelletier, matelot de la goélette Saint-Paul. Abandonné sur une plage océanienne, il passe par toutes les émotions, panique peur affliction résignation colère. Il est recueilli par une tribu aborigène, d'abord indifférente pendant que Narcisse est méprisant.
La seconde partie, qui alterne avec la première, est composée des lettres d'Octave de Vallombrun, un explorateur qui a recueilli Narcisse, dix-huit ans après son abandon. Celui que l'on surnomme le « sauvage blanc » a tout oublié de son passé, de sa langue natale, de ceux qui lui sont proches. Patiemment, Vallombrun lui réapprend le français et les « bonnes manières », espérant tirer un livre à succès de cette aventure. Mais Narcisse reste désespérément muet sur les années qu'il a passées avec les aborigènes.

Et c'est un bon roman, très intéressant, plein d'aventure et de suspense. Son principal défaut est d'être porté par une langue assez classique (pastiche de lettres du XIXe siècle oblige) mais qui reste toujours à distance, même dans les passages en narration directe. C'est quand même une sacrée aventure, et ça manque de souffle, ce n'est pas porté par quelque chose qui dépasserait la simple relation des évènements.
C'est aussi un roman qui est emprunt du racisme  du XIXe siècle et de l'idée de la supériorité du Blanc, ce qui est compréhensible vu l'époque à laquelle il se déroule. Pourtant, par moments ce racisme est un peu gênant, et me fait me poser une question plus large : comment parler de cette période, de ce type de fait, sans laisser à ce racisme prendre trop de place ?

Je lis sur Wikipedia que François Garde a choisi de ne pas se documenter sur les aborigènes, parce que ça aurait « étouffé [s]on imaginaire » et parce que ça se passe au XIXe siècle, et que bah à l'époque on savait pas tout ce qu'on sait aujourd'hui, donc autant rester cohérent avec l'époque. Ai-je besoin d'expliquer pourquoi je trouve ça complètement con ? Et je trouve même ça plutôt gênant, vu ce qu'en disent les ethnologues (ici ou ).
Bref, je ne peux pas vraiment recommander ce roman.

Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #littérature

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