Ce livre est une correspondance entre un boomer, écrivain à petit succès, qui se prend un #MeToo dans la tronche, et une célèbre actrice, elle aussi boomeuse même si moins bête. L'écrivain ouin-ouinise à gogo, l'actrice l'insulte. Pourtant, petit à petit, iels commencent à se faire des confidences. Et rapidement tout tourne autour de drogues et d'addiction.
Il faut s'accrocher pendant la premier partie : je n'ai aucune envie d'entendre les jérémiades d'un boomer qui ne comprend pas #MeToo et qui se plaint des féministes alors que lui n'a rien fait c'est tellement injuste ouin ouin. Ces discours sont partout à la télé et dans les commentaires sur internet, se les farcir avec un roman non merci. Pourtant je me suis accroché, et c'était pas une mince affaire. J'ai failli abandonner le livre plusieurs fois, et j'ai sauté bon nombre de pages.
Parce qu'en fait, la grosse majorité du roman ce sont ces deux personnages pas très intéressants qui disent des banalités sur la drogue, l'addiction et le fait de décrocher ou pas. Et ce n'est pas intéressant. Pourtant pour avoir été (et être encore) concerné par l'addiction, c'est un sujet qui me parle, mais là ce sont des platitudes, des clichés, rien n'est intéressant, surprenant, rien ne m'offre un point de vue original ou pertinent sur ces questions. Probablement parce que ses deux personnages, encore une fois, n'ont pas vraiment de relief et sont d'une triste banalité dans leurs expériences et leurs opinions. La galerie de personnages de Vernon Subutex (1, 2, 3) était bien plus riche et passionnante.
Il y a quand même quelques passages réussis, l'arrivée du covid et du confinement, le rapport de l'écrivain avec sa fille, mais encore une fois rapidement les platitudes reviennent. Et j'ai du mal à avaler l'espèce d'awakening, de réalisation et de repentance de l'écrivain à laquelle on a droit à la fin.
Le personnage de Zoé Katana, la punk féministe qui raconte comment l'écrivain l'a harcelée, est intéressant, mais c'est un figurant. C'est dommage, c'est clairement celle qui m'intéressait le plus – et qui est probablement la plus proche des opinions de Despentes (King Kong Theorie).
D'où cette question qui me vient : où est Despentes là dedans ? Ça donne l'impression qu'elle finit par avoir de la tendresse pour cet affreux personnage d'écrivain, mais je n'arrive pas à y croire. Je ne comprends pas ce qu'elle a voulu dire, je ne vois pas l'intérêt de toutes ces pages.