Publié le 29 Mars 2021

La Maison démontable (Buster Keaton et Howard F. Cline, 1920)
Buster s'installe avec sa nouvelle femme dans une maison en kit. Évidemment le montage va s'avérer plus compliqué que ce qu'iels espéraient.
C'est formidable, c'est drôle, inventif, Buster fait des cascades assez impressionnantes et joue son personnage impassible que je trouve absolument irrésistible… Bref, rien de nouveau sous le soleil ! Ce que je n'avais pas noté précédemment, c'est à quel point c'est bien filmé : les échelles de plans sont variées, toujours au service de la lisibilité des gags.

Le Vagabond (Charlie Chaplin, 1915)
Charlie sauve une jeune femme d'une bande de voleurs. Pour le remercier, le père de celle-ci l'embauche dans sa ferme. Mais les voleurs restent dans les parages.
C'est aussi bien, mais moins élaboré sur le plan du filmage. L'humour est peut-être un peu moins subtil, moins absurde, plus clownesque : ça repose beaucoup sur des chutes et des coups de pied aux fesses, mais ça marche toujours bien.

Marchands de poisson (George Marshall/Laurel & Hardy, 1932)
L&H achètent un bateau en mauvais état pour le retaper.
Passe l'accent anglais (en VF) des deux compères, idée géniale, le film n'est pas foufou (des chutes et des coups de pied). J'aime bien les regards caméra de Hardy, c'est malin. Mais c'est un humour d'oppresseur : à peu près tout repose sur le fait que Laurel se prend des baffes et des coups parce qu'il fait des bêtises. C'est le même registre que Titi & Grominet, ou Bip-Bip & Coyote, qui ne me fait pas plus rire que ça.

Malec Champion de golf (Buster Keaton et Howard F. Cline, 1920)
Buster fait du golf. Après s'être assommé tout seul avec une balle, un prisonnier échange ses vêtements avec les siens : Buster a donc la moitié des flics de la ville à ses trousses et finit en prison.
Ici aussi, l'humour est plus subtil que dans les autres films : comique de situation, absurde, chutes et coups : il y a de nombreux registres de gags, qui tous marchent bien. Le film a l'air plus vieux (en fait non), le filmage est un peu moins élaboré que dans La Maison Démontable, mais c'est habile et précis quand même.

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Publié le 22 Mars 2021

Le jeune Steve (Antoine Olivier Pilon), un ado en proie à des crises de colère qui peuvent être très violentes, est viré du centre qui l'hébergeait. Sa mère Diane (Anne Dorval) s'occupe de lui, avec l'aide de leur voisine Kyla (Suzanne Clément). Le film tourne autour de ce trio, de leurs éclats de violence, de leurs rires, de leurs galères.

J'avoue que malgré l'immense talent des acteur·trice·s, je ne vois pas où Xavier Dolan veut en venir. Il laisse planer des mystères (l'« origin story » de Kyla) mais sans que ceux-ci parviennent à donner une épaisseur ou une profondeur aux personnages. C'est toujours filmé avec pas mal de maniérisme, mais quand ça passait dans Laurence Anyways, parce que l'histoire était puissante, ici ça paraît particulièrement creux. Je n'ai pas été touché, je n'ai pas été ému, j'ai surtout trouvé ça long. Ça a beau crier, pleurer, rire, j'ai regardé tous ces personnages s'agiter sans vraiment me sentir impliqué, et sans comprendre pourquoi Dolan a choisi de raconter cette histoire.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma

Publié le 2 Mars 2021

Don (Bill Murray) est un vieux Don Juan (?) qui vient de se faire larguer. C'est surtout un type seul et déprimé. Il reçoit une lettre anonyme lui annonçant qu'une de ses anciennes conquêtes est tombée enceinte de lui il y 19 ans, sans lui en parler, et que ce fils est probablement en train de le chercher.
Poussé par son voisin Winston (Jeffrey Wright), passionné par la résolution d'énigmes, Don part à la recherche de ses anciennes amours (Sharon Stone, Frances Conroy, Jessica Lange, Tilda Swinton).

C'est un road trip très américain dans la construction, plutôt touchant, porté par un Bill Murray magnifique – sa façon de raconter énormément sans rien faire ou presque, c'est tout un poème. C'est aussi un film plein de « male gaze », qui se justifie par le fait que c'est le regard de Don, mais quand même.

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Publié le 1 Mars 2021

Nous sommes en 2073. L'humanité est réduite à quelques centaines de personnes, réduites à l'état plus ou moins sauvage. La civilisation telle qu'on la connaît a disparu. Un vieil homme, considéré comme un vieux croûton par les jeunes, est le dernier à avoir connu la Peste écarlate.
Il raconte comment, en 2013, cette peste est survenue subitement, la mort soudaine qu'elle entraîne, et les ravages qu'elle provoque. Les sociétés autour du monde se délitent, quelques survivants égarés subsistent dans un monde post-apocalyptique qui ne fait pas rêver.

C'est un court roman percutant, qui par moments m'a fait penser à Ravage de Barjavel (1953). Le récit du vieil homme est ponctué d'interventions des jeunes, qui ne comprennent pas grand chose à ce qu'il raconte. C'est intelligent, et ça n'a pas vieilli.

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Publié le 1 Mars 2021

Chloé Delaume a écrit ce court essai après la vague #MeToo. Cette « quatrième vague » du féminisme l'enthousiasme : elle y voit une sororité qui advient, la constitution d'un collectif fort, incassable et joyeux contre le papatriarcat.
L'essai se construit ainsi :

Le crépuscule des guignols
Secrets de bonne femme
Racines & formation
Statistiquement (Jouons un peu)
Les chouettes histoires de Tatie C.
Bienvenue à la quatrième vague
Les fabuleuses aventures du mot sororité
Le chant des partisanes (Karaoké remix)
Le cri de la nullipare au-dessus d'un soir quelconque
Pour une sororisation générale
Badaboum Manifesto (Propositions d'actions concrètes et agréables)

C'est un essai parfois obscur : tout le premier chapitre, pour moi, n'est qu'une suite de formules souvent habiles mais qui ne disent rien. C'est agréable à lire, mais il n'y a pas de propos. Il faut passer cette épreuve pour arriver sur des choses plus substantielles, notamment autobiographiques.
Delaume a une obsession de Twitter et des hastags qui m'étonne un peu. Elle a un optimisme que je peine à partager. Elle ne dit en tout cas, et je le regrette, rien de très nouveau. C'est bien écrit, elle a une langue inventive et joueuse, mais j'ai l'impression d'avoir déjà lu et/ou entendu tout ça.

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