Le perso principal (il n'a pas de nom, appelons-le John), est un SDF qui travaille sur les chantiers où il trouve du travail. Il découvre des lunettes de soleil spéciales, qui lui révèlent la réalité du monde : les extraterrestres sont parmi nous, ils nous ont colonisés et tous les humains travaillent sans le savoir pour eux. John va donc tirer dans le tas pour éliminer la menace.
Commençons par le positif : le travail sur l'aspect SF est assez réussi et malin, ça évoque évidemment 1984 (les injonctions subliminales), le complot est assez efficace. C'est une critique du capitalisme, du consumérisme, du reaganisme, du rêve américain, tout ça tout ça.
Sinon, c'est vraiment pas un bon film. Le premier problème vient de l'acteur principal, Roddy Piper (un des plus beaux mulets de l'histoire du cinéma), qui n'est vraiment pas un bon acteur. En plus, John, qui a l'air con comme un balai, n'est pour ainsi dire pas écrit : il ne cherche pas à comprendre ce qu'il se passe, tous ses dialogues doivent tenir sur un demi-A4. Faire reposer un film sur un tel personnage, c'est dur.
Le principal problème rejoint un peu le précédent : Invasion Los Angeles est en quelque sorte « Masculinité toxique : the movie ».
John, une fois qu'il a découvert la vérité, décide sur-le-champ de tuer tout le monde – sauf les humains, à priori. Dans la plupart des films d'action à gros bras des années 1980, les persos principaux deviennent des machines à tuer en réponse à une menace plus ou moins directe, ou parce que c'est leur métier (flic, militaire, espion…) Ici, John, qui n'est qu'ouvrier de chantier1, décide de tirer dans le tas parce que… on sait pas trop. Mais il est pas content, en tout cas. Bon, je suis un peu de mauvaise foi, mais c'est probablement parce que les images de ce mec qui entre dans des lieux publics armé jusqu'aux dents m'évoquent des images d'Elephant.
Et puis il y a la longue bagarre entre John et son pote. Une bagarre de 10 minutes (!), plutôt bien fichue certes (Roddy Piper est catcheur, ça marche bien à l'écran), qui démarre parce que le pote refuse de mettre les lunettes de soleil. Voilà. Et donc ? Eh bien je vais te défoncer la gueule, mon pote, pas d'autre option.
Bref, tout ça est très malaisant.
(Et politiquement discutable, puisque je doute qu'on puisse faire tomber le capitalisme en tirant à l'arme d'assaut dans tous les sens.)
Je note quand même que Carpenter évite de tomber dans l'écueil de l'histoire d'amour entre son perso et la femme qu'il prend en otage, évitant de tomber dans le terrifiant cliché de l'« Abduction as romance ». On ne va pas pour autant le féliciter.
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1. Je n'ai évidemment rien contre les ouvrier de chantier, mais je n'ai pas l'impression que ce soient des mercenaires formés au maniement des armes de guerre. Ça me fait un peu penser à Knock Off de Tsui Hark, dans lequel Jean-Claude Van Damme n'est qu'un vendeur de jeans (voir l'indispensable vidéo de Karim Debbache).