Publié le 24 Octobre 2019

Ce livre est un recueil de textes écrits en 1535 et 2000 par différents auteur·trice·s, explorateur·trice·s, anthropologues, ethnopsychiatres et quelques chamanes iels-mêmes (souvent des propos rapportés). Il y a évidemment de tout dans ces textes, des choses passionnantes, des récits de séances de chamanisme, des réflexions plus théoriques…
Je retiens en particulier les textes de :

  • Everard F. Im Thurn (séance de chamanisme en Guyane)
  • Vladimir Ilitch Jochelson (séance de chamanisme en Sibérie)
  • Élan-Noir et John G. Neihardt (l'appel des esprits pour une première guérison chez les Sious)
  • Michael Harner (séance hallucinogène chez les Jivaros)
  • Claude Lévi-Strauss (La Pensée sauvage, à lire)
  • Roger Walsh (réflexions sur le « chamanisme scientifique »)
  • Edith Turner (la nécessité de quitter son point de vue d'anthropologue occidental)
  • Graham Townsley (conception du monde des chamanes d'Amazonie)
  • Jean-Pierre Chaumeil (fléchettes magiques et virus)

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Publié le 24 Octobre 2019

Une actrice (Irène Jacob) vient enregistrer la voix off d'un film adapté du livre éponyme de Didier Éribond. Il y parle de sa fuite de son milieu ouvrier d'origine, à cause de l'homophobie familiale, du fait qu'il a été aveugle à la fuite de sa classe sociale. Il s'est mis à parler de la classe ouvrière de façon abstraite, sans plus jamais parler à des ouvriers.
L'enregistrement est interrompu, l'actrice et le metteur en scène (Cédric Eeckhout) débattent. Après un rap (par Blade MC AliMBaye), l'enregistrement reprend plus tard. Le texte est alors plus théorique, il aborde la question du vote du Front National, la trahison de la gauche. L'actrice et le metteur en scène débattent encore, le rappeur finit par parler de son grand-père tirailleur.

C'est la première critique d'une pièce que je fais sur ce blog. Il y a un début à tout, une nouvelle carrière s'offre à moi.
Malheureusement, plus j'y réfléchis, moins je pense avoir aimé cette pièce.
Il y a tout d'abord la question théâtrale : la pièce est mal construite, enchaînant des moments, qui peuvent parfois être individuellement réussis, sans grande cohérence. Que vient faire ici le rap, que vient faire l'histoire des tirailleurs ? Ce sont des exemples de moments honnêtement plutôt réussis, mais qui font partie d'un registre totalement différent du reste de la pièce. Finalement, ce que j'ai trouvé de plus intéressant, c'est la lecture du livre sur les images du film, mais regarder simplement un film m'aurait provoqué la même émotion. Le dispositif est intéressant, mais pas particulièrement théâtral.
Il y a ensuite la question politique, parce que c'est une pièce très politique. Le texte d'Éribond est très bien, ça donne vraiment envie de lire son livre ; le fait qu'il soit autobiographique lui donne une vraie profondeur, un sens et une sensibilité. Je me retrouve dans ce qu'il dit, ça me donne envie d'aller plus loin pour moi aussi interroger mon rapport à ma classe sociale d'origine.
Mais ce que rajoute Ostermeier est vraiment faible en comparaison. Les débats entre les personnages enchaînent des banalités et des lieux communs, ils n'apportent rien. L'histoire des pommes d'Adam et Ève, « le problème c'est le système et le capitalisme »... Certes, mais encore ? Ça manque de fond, c'est trop didactique et théorique pour avoir une réelle substance.
Et il faut revenir au rap et aux tirailleurs : je trouve ça vraiment gênant que le seul acteur noir ne soit là que pour rapper et parler de racisme. Il y a une essentialisation qui est pour le moins gênante. D'autant plus que la question des tirailleurs, intéressante en soi, n'a rien à voir avec le reste ; peut-être, quitte à intégrer la question raciale, que parler des « banlieues » et de l'abandon de la « gauche » (socialiste) de ces populations aurait eu plus de sens.
Au final, c'est une pièce qui m'a simplement donné envie de lire le livre d'Éribond, et c'est peut-être déjà ça. Mais c'est une pièce politique qui donne l'impression que son metteur en scène est complètement perdu dans notre monde, qu'il ne sait pas quoi penser de ce contexte politique, qu'il ne sait pas comment agir. Ce sont, finalement, encore des bourgeois blancs qui parlent des classes populaires sans les connaître.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #théâtre, #France

Publié le 21 Octobre 2019

C'est l'histoire d'un casse organisé par un parrain de la mafia qui tourne mal. Y a-t-il une taupe qui a dénoncé l'équipe aux flics ? Qui est encore en vie, qui est mort ?

C'est le film qui a rendu célèbre Tarantino, je ne l'avais pas vu. On y trouve déjà les éléments de son cinéma, le sens du rythme, de la structure et évidemment des dialogues.
Mais je crois que ce n'est plus vraiment mon truc, ces histoires de gangsters, ces films de mecs, je crois que ça ne parle plus vraiment, ce racisme mais c'est pour rigoler, cette masculinité toxique. Il y a plein de qualités dans ce film, mais ce n'est pas pour moi.

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Publié le 17 Octobre 2019

Dans la Corée des années 1930-40 (?) occupée par le Japon, le comte Fujiwara, un imposteur coréen qui se fait passer pour japonais, et Sook-hee, une jeune voleuse coréenne, décident de monter une arnaque contre mademoiselle Hideko, une riche héritière japonaise. Sook-hee est embauchée comme dame de chambre au service de Hideko, pendant que Fujiwara va tout faire pour épouser Hideko. Et à la fin, les deux complices partageront le butin.

Beaucoup de choses à dire sur ce film, je ne vais qu'effleurer la surface. C'est beau, bien filmé, la photo est très belle, en terme de cinéma c'est assez formidable.
Il y a pourtant quelques défauts dans l'écriture et la structure. Au milieu du film, il y a un renversement (que je ne vais pas dévoiler) qui fait revoir la première partie sous un autre jour. Et c'est précisément ce que Park Chan-wook fait : il passe en revue ce qu'on n'avait pas vu dans le premier acte. Donc on revoit un certain nombre de scènes sous un autre angle. Et c'est un peu long, on comprend rapidement, et on a vite envie de passer à la suite. Certes, il fait ça intelligemment, avec beaucoup d'ellipses, mais on ne fait que revoir ce qu'on a déjà vu.
On trouve dans ce film quelques défauts (subjectifs) d'Old Boy, le voyeurisme ou le torture porn, mais moins poussé que dans son précédent film, c'est une expérience beaucoup moins douloureuse.
Je note quelques similitudes avec Parasite : la problématique de la lutte des classes, arnaquer des riches en se faisant passer pour quelqu'un d'autre… La question de la lutte des classes est ici doublée par celle du nationalisme, Corée vs Japon.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #Corée

Publié le 16 Octobre 2019

Un abécédaire qui aborde à peu près toutes les problématiques du féminisme de façon plutôt équilibrée – à chacun d'aller fouiller dans la bibliographie pour approfondir les sujets. Pour être honnête, je n'ai pas appris grand-chose, mais c'est un bon état des lieux.

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Publié le 16 Octobre 2019

I Am Not Your Negro n'est pas vraiment un documentaire, c'est plutôt une illustration poétique d'un texte inédit de James Baldwin. Ce texte est un état des lieux de la question Noire aux États-Unis, centré autour du meurtre de trois personnes : Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King. Le contenu est dense, puissant, violent, émouvant, effrayant (ces manifestations de nazis américains, brrr…1) c'est le genre de film qu'on a envie de revoir pour resaisir toutes les subtilités du raisonnement. La forme est parfois un peu illustrative, mais elle est globalement élégante et plutôt habile en terme de montage. Bref, c'est très bien et très recommandable.

* * *

1. Le récit hollywoodien de la gentille Amérique contre les méchants Nazis a fini par faire oublier l'histoire du nazisme aux États-Unis. J'étais tombé sur cette histoire lamentable en cherchant des sources pour compléter l'article Wikipédia consacré aux Aveux d'un espion Nazi.

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Publié le 15 Octobre 2019

Le perso principal (il n'a pas de nom, appelons-le John), est un SDF qui travaille sur les chantiers où il trouve du travail. Il découvre des lunettes de soleil spéciales, qui lui révèlent la réalité du monde : les extraterrestres sont parmi nous, ils nous ont colonisés et tous les humains travaillent sans le savoir pour eux. John va donc tirer dans le tas pour éliminer la menace.

Commençons par le positif : le travail sur l'aspect SF est assez réussi et malin, ça évoque évidemment 1984 (les injonctions subliminales), le complot est assez efficace. C'est une critique du capitalisme, du consumérisme, du reaganisme, du rêve américain, tout ça tout ça.
Sinon, c'est vraiment pas un bon film. Le premier problème vient de l'acteur principal, Roddy Piper (un des plus beaux mulets de l'histoire du cinéma), qui n'est vraiment pas un bon acteur. En plus, John, qui a l'air con comme un balai, n'est pour ainsi dire pas écrit : il ne cherche pas à comprendre ce qu'il se passe, tous ses dialogues doivent tenir sur un demi-A4. Faire reposer un film sur un tel personnage, c'est dur.
Le principal problème rejoint un peu le précédent : Invasion Los Angeles est en quelque sorte « Masculinité toxique : the movie ».
John, une fois qu'il a découvert la vérité, décide sur-le-champ de tuer tout le monde – sauf les humains, à priori. Dans la plupart des films d'action à gros bras des années 1980, les persos principaux deviennent des machines à tuer en réponse à une menace plus ou moins directe, ou parce que c'est leur métier (flic, militaire, espion…) Ici, John, qui n'est qu'ouvrier de chantier1, décide de tirer dans le tas parce que… on sait pas trop. Mais il est pas content, en tout cas. Bon, je suis un peu de mauvaise foi, mais c'est probablement parce que les images de ce mec qui entre dans des lieux publics armé jusqu'aux dents m'évoquent des images d'Elephant.
Et puis il y a la longue bagarre entre John et son pote. Une bagarre de 10 minutes (!), plutôt bien fichue certes (Roddy Piper est catcheur, ça marche bien à l'écran), qui démarre parce que le pote refuse de mettre les lunettes de soleil. Voilà. Et donc ? Eh bien je vais te défoncer la gueule, mon pote, pas d'autre option.
Bref, tout ça est très malaisant.

(Et politiquement discutable, puisque je doute qu'on puisse faire tomber le capitalisme en tirant à l'arme d'assaut dans tous les sens.)

Je note quand même que Carpenter évite de tomber dans l'écueil de l'histoire d'amour entre son perso et la femme qu'il prend en otage, évitant de tomber dans le terrifiant cliché de l'« Abduction as romance ». On ne va pas pour autant le féliciter.

* * *

1. Je n'ai évidemment rien contre les ouvrier de chantier, mais je n'ai pas l'impression que ce soient des mercenaires formés au maniement des armes de guerre. Ça me fait un peu penser à Knock Off de Tsui Hark, dans lequel Jean-Claude Van Damme n'est qu'un vendeur de jeans (voir l'indispensable vidéo de Karim Debbache).

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