Articles avec #comedie musicale tag

Publié le 11 Septembre 2023

Jack Malik est un musicien raté dont les chansons n'intéressent personne. En rentrant d'un Nième concert dans un bar miteux, il est percuté par un bus lors d'une panne de courant tout aussi mondiale qu'inexpliquée. Il se réveille dans un monde dans lequel les Beatles n'ont jamais existé : va-t-il oser chanter leurs chansons comme si elles étaient les siennes ? Oui.

Il y a aussi une histoire d'amour, très prévisible dans son déroulement. C'est dommage parce que le reste, sans briller par son originalité, est vraiment réussi : c'est bien écrit, il y a des petits détails dans l'écriture qui font mouche, on s'amuse beaucoup, et il y a plein de chansons des Beatles dedans : que demander de plus ?
Je n'ai pas vu ce film au cinéma, et je me demande : est-ce qu'en salle les gens chantaient les chansons en pur yaourt, comme nous l'avons fait ?

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Publié le 8 Mars 2020

Dorothy est une jeune fille habitant une ferme dans le Kansas. Elle serait plus heureuse si sa voisine n'en voulait pas à son chien Toto, et si ses proches la prenaient au sérieux quand elle parle de ses peurs. Une tornade est l'occasion de l'emmener dans l'endroit dont elle rêvait, un monde magique peuplé de créatures étonnantes et de sorcières. Pourtant, elle ne veut qu'une chose : rentrer chez elle pour retrouver sa tante Em, qui doit se faire un sang d'encre.
Sur sa route vers le puissant Magicien d'Oz, qui pourra sans doute exaucer son souhait, elle croise l'Épouvantail à la recherche d'un cerveau, l'Homme-boite-de-conserve à la recherche d'un cœur, et le Lion à la recherche de courage.

On est donc complètement dans la logique du conte, avec des personnages illustrant des vertus morales, avec des quêtes très chargées symboliquement, avec l'obtention d'objets magiques (les souliers rouges de Dorothy), ici également apparentés à des placebos : les objets donnés par le magicien sont en toc, ils révèlent que les qualités existaient déjà dans chacun des personnages, tout ça tout ça. C'est un exemple classique de la structure du voyage initiatique qui permet de résoudre un conflit familial, qu'on retrouve dans plein de contes et de films, et dont j'ai déjà parlé. C'est même ici la morale du film : « there's no place like home » (ce qui est surprenant, dans la mesure où je préfèrerais clairement vivre dans le monde magique plutôt que dans le Kansas de 1939).
J'aime bien que le film soit principalement porté par des femmes (Dorothy et les sorcières), les trois personnages accompagnant Dorothy ne faisant bien souvent que la suivre. Le personnage du lion est également très intéressant (outre son costume et sa voix que je trouve géniales), dans une certaine queerness qu'il est difficile de nier1.

C'est un film qui a plus de 80 ans, et c'est vraiment difficile à croire. Bien sûr, ça a un peu vieilli et c'est parfois un peu kitch, mais c'est visuellement spectaculaire, la tempête qui emporte Dorothy est magnifique, il y a plein d'idées graphiques, c'est drôle et bien rythmé : bref, pour utiliser un cliché, « ça n'a pas pris une ride ».

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1. 'The Wizard of Oz' in the LGBT community résume l'importance du film pour la communauté gay.

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Publié le 31 Août 2019

Jerry (Gene Kelly) est un peintre américain installé à Paris. Sans le sou, il rencontre Milo (Nina Foch), riche héritière qui s'entiche de l'œuvre et du bonhomme et cherche à l'aider, en achetant des toiles et en le recommandant auprès de galeristes. Sauf que Gerry tombe amoureux de Lise (Leslie Caron), une jeune femme déjà fiancée.

C'est une trame très classique, construite autour de triangles amoureux, un vaudeville pas particulièrement bien mené. Il faut noter le sexisme terrible du film et de son personnage principal, beaucoup plus âgé que son amie, qui insisté lourdement, se fait éconduire et continue à insister jusqu'à ce qu'elle cède (culture du viol bonjour). C'est d'autant plus dommage que Milo est un personnage intéressant, fort et indépendant, mais que comme elle a le même âge que Jerry, rien ne pourra se passer entre eux, évidemment. J'ai d'ailleurs l'impression de retrouver le schéma de La Mort aux trousses, avec un personnage féminin secondaire plus intéressant que le principal. Milo a de l'argent de l'initiative, elle déstabilise Jerry dans sa masculinité (plusieurs « blagues » sur le sujet dans le film), qui préfèrera se vouer à l'innocente et inoffensive Lise.
Évidemment, ce film vaut pour les numéros dansés/chantés (pas toujours très bien insérés dans le récit d'ailleurs), et pour le charme de Gene Kelly. La séquence presque final, un ballet de 18 minutes sur la suite orchestrale éponyme de Gershwin, est à ce titre spectaculaire, présentant une suite de tableaux (littéralement : Dufy, Toulouse-Lautrec, Manet...) de Paris avec une chorégraphie magistrale, des décors assez beaux et une mise en scène inventive. Minelli montre d'ailleurs son talent et son humour à plusieurs moments du film, notamment dans la présentation de Lise, en plusieurs tableaux qui se complètent.

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Publié le 13 Août 2019

Un comptable et un producteur de Broadway se rendent compte qu'ils peuvent gagner énormément d'argent en produisant un flop retentissant. Ils partent à la recherche de la pire comédie musicale possible, et ce sera Springtime For Hitler, une comédie musicale nazie. Ça ne se passera évidemment pas comme prévu.

Je connaissais déjà la mythique séquence de comédie musicale nazie, que l'on trouve facilement sur le net et qui est clairement une séquence hilarante.
Autant le dire, le reste n'est pas toujours à la hauteur, même si les deux acteurs principaux, totalement en roue libre, valent le détour – comme à peu près tout le casting, qui ne fait pas dans la dentelle.
Après, c'est un film qui a plutôt vieilli sur d'autres aspects, notamment son sexisme (les femmes réduites à des objets sexuels) et son homophobie. Toute la séquence avec le metteur en scène et son assistant est particulièrement gênante, les gags reposant uniquement sur le fait que oh la la ils sont homosexuels.
Paradoxalement, les deux producteurs, avec leurs complets trois pièces et leurs chapeaux melons, incarnent un vieux monde disparaissant face aux deux hommes assumant leur homosexualité, en particulier le metteur en scène, parfaitement à l'aise dans sa robe. Je doute que ce contraste était pensé par Brooks, mais avec un regard d'aujourd'hui c'est ce qui saute aux yeux.

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Publié le 6 Mai 2019

Deux bandes rivales s'affrontent pour le contrôle d'un quartier de New York : les Jets, des Américains d'origines diverses, et les Sharks, des immigrés portoricains. Tout va se compliquer avec le coup de foudre de Tony, ex-leader des Jets, et de Maria, sœur du leader des Sharks.

L'histoire est complètement adaptée du Roméo et Juliette, donc pas besoin d'en faire des caisses pour décrire l'intrigue, elle suit dans les grandes lignes celle de la tragédie de Shakespeare.
Je n'avais jamais vu ce grand classique, un peu rebuté par les 2h30 du film, et franchement il mérite bien d'être au panthéon du cinéma. La musique est formidable, les chorégraphies impressionnantes, les acteurs tous très bons, chaque plan est beau, le travail sur les lumières et les couleurs est impressionnant… C'est tout de même un peu longuet à la fin, parce que le dénouement met vraiment du temps à arriver - mais c'est à mon avis un défaut de la pièce, avant d'être celui du film.

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Publié le 6 Janvier 2019

Aussi incroyable que ça paraisse, figurez-vous que je n'avais jamais vu Mary Poppins. J'en connaissais quand même les grandes lignes : Mary Poppins est une nounou aux pouvoirs magiques qui s'occupe de deux enfants à Londres, au début du XXe siècle. Grâce à elle, les enfants vont faire des rencontres magiques et improbables, notamment à l'intérieur d'un dessin à la craie réalisé par Bert, qui est une sorte de vagabond charmant.

C'est évidemment un super film : les chansons sont parfaites, les effets spéciaux sont bluffants, jouant beaucoup sur des trompe-l'œil et des incrustations, presque parfaites grâce à un nouveau procédé au sodium (plus de détail dans cette vidéo)…
Le propos est plutôt progressiste pour un Disney. La mère des enfants est une suffragette qui se bat pour l'obtention du droit de vote. Même si ce n'est pas un personnage vraiment important (elle n'a même pas de prénom !), et que son combat est très anecdotique (voire montré comme une lubie), elle a tout de même droit à sa chanson au début du film, qui affiche assez clairement la couleur (« Voici les soldats de la révolte/Qui font la croisade pour que toute femme vote/On sait qu'un homme a des tas de qualités/Mais qu'on doit bien dire qu'en groupe il est très stupide »). C'est tout de même une femme au foyer traditionnelle, qui se fait marcher sur les pieds par son imbécile de mari, qui lui incarne le traditionalisme dans tout ce qu'il a détestable : l'argent, les valeurs, chaque chose à sa place, aucun intérêt pour ses enfants – et c'est comme ça qu'il est sensé être perçu dans le film. Ce personnage ne devient sympathique que quand il envoie valser son ennuyeux métier de banquier (enfin il se fait virer, mais réalise que c'est pour le mieux et emmène les enfants faire du cerf-volant).
Bert incarne une figure de vagabond positif : il fait la manche, mais pourrait très bien s'en passer. Il vante sa liberté, il est autonome, désinvolte, sympathique, léger, épicurien ; c'est un hobo, un hippie avant l'heure.
Reste Mary Poppins : c'est évidemment une sorcière – je suis en train de lire le livre de Mona Chollet, ça créé des échos inattendus ! Belle, forte, intelligente, indépendante, créant des mondes magiques tout en ayant l'air parfaitement respectable, c'est un personnage étonnant, qui part à la fin du film, laissant les enfants et Bert – alors que dans plein d'autres films il y aurait eu une romance et un happy end attendu. Attention, ça se finit bien, évidemment, mais sans Mary Poppins, qui part, seule, vers d'autres aventures.

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Publié le 13 Avril 2018

On connaît la chanson est un film choral. Comme tout bon film choral, il est construit comme une toile d'araignée de personnages, qui se resserre au fil du récit. Tout le monde connaît tout le monde, la même femme est convoitée par plusieurs personnages... C'est aussi un film d'acteurs, qui jouent un rôle qui leur va si bien qu'on peine à les imaginer jouer autre chose. Bacri râle, Jaoui est perdue, Azéma enthousiaste, Lambert Wilson charmeur, Dussolier confus et timide. Et évidemment, pour pimenter tout ça, il y a les chansons. Issues du répertoire de l'après guerre, des années yéyé, des années 1990, tout y passe, et c'est toujours savoureux, bien à propos et drôle.
Je viens de voir que c'est écrit par Bacri et Jaoui, et ce n'est pas étonnant : on retrouve leur fantaisie, leur humour, leur noirceur aussi par moments. L'écriture est fine, les dialogues ciselés, la réalisation soignée, avec quelques étrangetés, comme ces méduses impromptues, un peu kitch mais qui ont du sens dans le film. Bref, c'est un petit bijou.

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