Mary Poppins (Robert Stevenson, 1964)

Publié le 6 Janvier 2019

Aussi incroyable que ça paraisse, figurez-vous que je n'avais jamais vu Mary Poppins. J'en connaissais quand même les grandes lignes : Mary Poppins est une nounou aux pouvoirs magiques qui s'occupe de deux enfants à Londres, au début du XXe siècle. Grâce à elle, les enfants vont faire des rencontres magiques et improbables, notamment à l'intérieur d'un dessin à la craie réalisé par Bert, qui est une sorte de vagabond charmant.

C'est évidemment un super film : les chansons sont parfaites, les effets spéciaux sont bluffants, jouant beaucoup sur des trompe-l'œil et des incrustations, presque parfaites grâce à un nouveau procédé au sodium (plus de détail dans cette vidéo)…
Le propos est plutôt progressiste pour un Disney. La mère des enfants est une suffragette qui se bat pour l'obtention du droit de vote. Même si ce n'est pas un personnage vraiment important (elle n'a même pas de prénom !), et que son combat est très anecdotique (voire montré comme une lubie), elle a tout de même droit à sa chanson au début du film, qui affiche assez clairement la couleur (« Voici les soldats de la révolte/Qui font la croisade pour que toute femme vote/On sait qu'un homme a des tas de qualités/Mais qu'on doit bien dire qu'en groupe il est très stupide »). C'est tout de même une femme au foyer traditionnelle, qui se fait marcher sur les pieds par son imbécile de mari, qui lui incarne le traditionalisme dans tout ce qu'il a détestable : l'argent, les valeurs, chaque chose à sa place, aucun intérêt pour ses enfants – et c'est comme ça qu'il est sensé être perçu dans le film. Ce personnage ne devient sympathique que quand il envoie valser son ennuyeux métier de banquier (enfin il se fait virer, mais réalise que c'est pour le mieux et emmène les enfants faire du cerf-volant).
Bert incarne une figure de vagabond positif : il fait la manche, mais pourrait très bien s'en passer. Il vante sa liberté, il est autonome, désinvolte, sympathique, léger, épicurien ; c'est un hobo, un hippie avant l'heure.
Reste Mary Poppins : c'est évidemment une sorcière – je suis en train de lire le livre de Mona Chollet, ça créé des échos inattendus ! Belle, forte, intelligente, indépendante, créant des mondes magiques tout en ayant l'air parfaitement respectable, c'est un personnage étonnant, qui part à la fin du film, laissant les enfants et Bert – alors que dans plein d'autres films il y aurait eu une romance et un happy end attendu. Attention, ça se finit bien, évidemment, mais sans Mary Poppins, qui part, seule, vers d'autres aventures.

Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #comédie musicale

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