Welcome to the dollhouse (Todd Solondz)

Publié le 3 Décembre 2015

Dawn a une dizaine d'années et des lunettes, elle est un peu boulotte, ce qui veut dire que pour ses gentils camarades elle est totalement moche (alors qu'en vrai elle est trop chou, mais je suis trop vieux pour juger), elle n'a pas vraiment d'amis, tout le monde se moque d'elle : bref, elle est au collège. Elle a un grand-frère geek légèrement brillant qui ressemble à Bill Gates, une petite sœur trop mignonne qui fait de la danse classique, c'est le vilan petit canard de la famille : bref, elle en chie.

Welcome to the dollhouse (1995, Bienvenue dans l'âge ingrat en français) est un film assez dur mais très juste sur ce long tunnel de souffrance qu'est la (pré)adolescence. Todd Solondz, le réalisateur, en avait marre des films mignons sur le monde merveilleux de l'enfance, et voulait raconter cette période telle qu'elle est, telle qu'il l'a probablement vécue (et moi avec) : un monde dur, violent, cruel, injuste. Et c'est réussi. C'est un film très cru, loin des clichés, ou alors qui s'en joue avec humour, parfois touchant, et assez audacieux dans certaines idées : il y est question de mort, de pulsions de meutres, de sexe, de drogue, mais la grande intelligence et réussite du film est que tout est vu à travers le regard d'une fillette de 10 ans (la plupart des plans sont en contre-plongée, à son hauteur). La chaîne infernale de l'opression/humiliation y est bien vue : c'est pas parce que tout le monde se moque de toi que tu ne vas pas toi aussi te moquer de quelqu'un d'autre comme les autres.
Mais c'est aussi un film passablement déprimant, parce que la vie est dure avec Dawn et qu'il ne lui arrive que des merdes alors qu'elle fait tout ce qu'elle peut pour s'en sortir. Pour peu que ça ravive quelques souvenirs, c'est la promesse d'une bonne soirée.
Quand je pense qu'on me l'avait vendu comme une pure comédie...

Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #États-Unis

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