Comment j'ai terrifié l'Amérique (William Castle, 2015)

Publié le 17 Janvier 2017

J'ai dévoré cette autobiographie de William Castle, producteur et réalisateur américain, obsédé depuis l'enfance par l'horreur, le frisson, la peur. Sa carrière est donc remplie de séries B à petit budgets, des histoires de fantômes, de monstres, de meurtre... Ce qui ne l'a pas empêché de collaborer avec Welles sur La Dame de Shanghai ou de produire le Rosemary's baby de Polanski.
Il est finalement moins question de cinéma dans ce livre que des à-côtés d'Hollywood. Il y a une galerie de personnages savoureux et hauts en couleur, des anecdotes plutôt drôles, c'est, selon la formule consacrée, l'envers du décor mais du point de vue d'un type modeste (mais chanceux), pas une star – encore que William Castle a connu un réel succès dans les années 50. Castle était un spécialiste des gimmicks et des coups de pubs : squelettes volant à travers de la salle, boitiers délivrant des décharges électriques, assurance contre la mort de peur, lunettes 3D... Un exemple croustillant, parmi d'autres : dans les années 30, il avait retenu Ellen Schwanneke, une actrice allemande fuyant l'Allemagne nazie pour jouer dans une pièce à Broadway. Quelques mois plus tard, elle reçut un télégramme d'Hitler l'invitant à rentrer en Allemagne participer à un festival avec tous les artistes allemands. Castle répondit à Hitler qu'elle refusait, et eut l'idée de s'en servir pour la promotion de sa pièce, qui promettait d'être un four : il alla voir tous les grands journaux en jouant le naïf, « Mme Schwanneke ne veut pas trop que ça s'ébruite, mais quand même, il faut que je vous raconte... » Résultat : le lendemain les journaux titraient sur « La femme qui a dit non à Hitler », et les billets se vendèrent comme des petits pains. Mais ce n'est pas fini : la ligue Hitlérienne américaine, plutôt puissante à cette époque, écrivit des lettres de menaces à Castle. La veille de la première, celui-ci se leva à 4h du matin pour saccager les vitrines de son théâtre et y tagger des croix gammées... Encore une fois, succès garanti.

Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #littérature

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