Rambo (Ted Kotcheff, 1982)

Publié le 30 Décembre 2017

John Rambo est au beau milieu de nulle part pour revoir un ancien camarade du Viêt Nam. Il apprend que ce dernier est mort d'un cancer, contracté là-bas, à cause de l'« agent orange ». Errant dans les parages, il est viré de la ville, le shériff ne voulant pas de vagabond chez lui. Parce que Rambo et le shériff sont aussi têtus l'un que l'autre, Rambo se fait arrêter et s'évade. Tout le film est la chasse à l'homme menée pour retrouver ce type un peu taré et carrément dangereux.

C'est donc l'histoire d'un taré traumatisé qui se fait sa guérilla tout seul dans la forêt contre le reste du monde.
Alors que c'était un soldat d'élite, le meilleur des meilleurs, John Rambo est devenu une sorte de vagabond, avec les cheveux trop longs et qui pue. Tous ses coéquipiers sont morts, il n'a personne. Si, il y a son ancien colonel, qui vient aider à le retrouver. Hanté par ses fantômes, rempli jusqu'à l'os de traumatismes, Rambo est un type perdu, détruit, seul, effrayé, mais c'est aussi un type carrément dangereux : dans la forêt il construit des pièges terrifiants, de retour en ville il tire sur tout ce qui bouge et fait tout exploser. Mais il ne tue (presque) pas, et c'est pas lui qui a commencé à verser du sang. Le colonel prévient : c'est le meilleur, il aurait pu massacrer tout le monde mais ne l'a pas fait. Il veut juste qu'on le laisse tranquille.

Film d'action ? Film sur les ravages de la guerre, sur la fin du mythe de la toute-puissance de l'Amérique, sur les anciens soldats ? C'est un peu tout ça à la fois. Rambo est un fou qui se refait sa guerre dans les forêts pépères de la montagne, qui revit encore et encore les mêmes traumatismes jusqu'à en perdre le sens du réel. Il faut attendre la scène de fin pour qu'enfin éclatent les sanglots : ce n'était pas sa guerre, il ne s'en est jamais remis. On en a beaucoup parlé : le héros de guerre en pleurs, l'Amérique en pièces.
Mais tout le reste n'est qu'un film d'action musclé, plutôt bien mené même si un peu prévisible. Ça a le bon goût de ne pas être trop long (1h30).

Rambo est à la fois le méchant et le gentil du film. C'est le méchant : ultra-violent (il utilise des armes de guerre), rebelle face à la justice (il s'évade de prison en cassant tout sur son passage), destructeur (il fait tout péter), c'est un individu fou, dangereux, qui mérite qu'on mette des dizaines de gardes à ses trousses – et ce n'est d'ailleurs pas suffisant. Et en même temps, c'est le gentil – ou plutôt le héros : il ne voulait qu'un endroit où manger, il ne voulait de mal à personne. Les policiers le molestent, il ne fait que se défendre, il essaye de se rendre, on lui tire dessus... Et puis Rambo/Stallone est montré en majesté, tout-puissant.
C'est cette ambiguïté qui fait à mon sens toute la richesse du film : c'est un taré psychopathe, mais on compatit pour lui.

PS. J'ai failli oublier le plus important : c'est un film dans lequel il n'y a AUCUN personnage féminin (enfin si, un seul, dans les 5 premières minutes du film). Pas étonnant que je considère que c'est un film qui traite de virilité (et un film sexiste aussi obviously).

Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma

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