Border (Ali Abbasi, 2018)

Publié le 7 Juillet 2019

Tina est douanière dans un port suédois. Très laide, avec une sorte de gros nez bizarre, elle a un odorat particulièrement développé qui lui permet de détecter les individus suspects en sentant leur peur, leur honte, leur culpabilité. Elle habite dans une petite maison au fond d'une forêt en compagnie de Roland, un loser qui élève des chiens pour des concours.
Un jour elle rencontre Vore, un type qui lui ressemble étrangement. Sur un fond de scandale pédophile, elle va se rapprocher de lui et en apprendre un peu plus sur elle-même.

Et voilà un film étrange et un peu dérangeant. Je dévoile l'élément-clé de l'intrigue : Tina et Vore sont des trolls. Vore en est conscient, Tina a été élevée par des humains et ignore tout de sa nature, ses parents (trolls eux aussi) ont été élevés et torturés par des scientifiques dans un institut secret ; toute sa vie est un mensonge. Cette révélation éclaire sa personnalité : son visage difforme, son odorat, son lien presque charnel avec la nature.
C'est un film qui effectivement laisse une grande part au rapport à l'animalité et à la sauvagerie, dessinant un lien ancestral avec la nature.
Tina et Vore sont d'une certaine façon des monstres : ils mangent des insectes, ils ont en eux une violence qui peut effrayer, les rôles sexuels sont inversés – Tina a un pénis, Vore un vagin, les scènes de sexe sont un peu dégoûtantes, il faut bien l'admettre. Mais malgré tout il y a une beauté dans ces personnages et leur relation, dans la façon dont ils sont filmés et (paradoxalement) humanisés. C'est un film qui soulève de nombreuses questions (le rapport à la nature, à la difformité, à ce qui sort des normes, à la violence…) dont une bonne partie restent en suspens.

Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #fantastique, #Suède

Commenter cet article