Liliane est au lycée (Normand Baillargeon, 2011)

Publié le 13 Avril 2020

Dans ce court et percutant essai, Normand Baillargeon se demande s'il est indispensable d'être cultivé, en notant à quel point cette question est une obsession française.
Dans la première partie, il critique ce qu'on appelle la culture générale. Il remet en cause l'idée même de « générale », en démontrant (rapidement) que ce qu'on met derrière ce nom a plusieurs écueils et angles morts : culture classiste, sexiste, occidentalocentrée, nationaliste… De plus, en général, les sciences sont exclues des champs du savoir, la plupart des gens étant « illettrés » en sciences, et souffrant de plus d'« innumérisme » : une méconnaissance, parfois même revendiquée, des choses mathématiques.

Dans la seconde partie, il dresse les contours de ce à quoi pourrait ressembler une culture générale débarrassée de ces défauts.
L'idée sous-jacente est que la culture permet de développer l'esprit critique et donne des armes pour défendre ses opinions en démocratie. Il parle notamment du travail de George A. Miller sur la mémoire de travail, qui peut contenir 7 plus ou moins 2 items. Plus on a de connaissances, de « culture », plus notre cerveau sera capable de mettre en place du « chunking » (regrouper des items pour en faire un seul). C'est ainsi qu'un joueur d'échecs professionnel mémorise mieux la configuration d'un plateau de jeu à un moment donné qu'un amateur : il a dans son cerveau des schémas déjà enregistrés. Mais si on place les pièces au hasard, il ne fera pas mieux qu'un amateur : ses schémas mentaux ne lui servent plus à rien.
Baillargeon parle rapidement du contenu de cette culture générale à laquelle il appelle, revenant sur la place des mathématiques et des sciences, et appelant à une intégration de la philosophie.

Dans la troisième partie, il décrit ce qui pourrait faire obstacle à la mise en place de cette culture générale : la tentation relativiste (il n'est pas très convainquant quand il explique que le contenu de la culture des arts doit être confié à des « experts » ; mais peut-être est-ce moi qui ai mal compris ce qu'il veut dire) ; les médias et la crétinisation de masse ; la tentation du raccourci ; la pente utilitariste ; les problèmes de l'école française…

Bref, c'est un essai passionnant et enrichissant, stimulant (il aurait juste mérité d'être mieux relu, parce que certaines phrases ne veulent vraiment rien dire).

Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #essai, #philosophie

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