Le Maître du Haut Château (Philip K. Dick, 1962)

Publié le 20 Novembre 2021

Les États-Unis ont perdu la seconde guerre mondiale. Le pays est divisé en trois zones : à l'ouest sous domination japonaise, à l'est sous domination nazie, avec une zone neutre au centre.
Le roman est construit autour de plusieurs personnages et se passe principalement dans la zone japonaise. Frank Krink travaille le métal pour fabriquer de fausses antiquités américaines destinées aux occupants Japonais, qui raffolent des pièces « archaïques ». Robert Childan tient une boutique qui vend de telles pièces - sans savoir qu'il lui arrive de vendre des faux. Nobusuke Tagomi est haut fonctionnaire chargé du commerce qui attend un émissaire de Suède. Dans la zone neutre se trouve Juliana Frink, l'épouse de Frank dont elle est séparée.
Une petite partie de l'intrigue tourne autour d'un roman, Le Poids de la sauterelle, qui décrit de façon détaillée un monde dans lequel les Allemands et les Japonais ont perdu la guerre.

Il ne se passe finalement pas grand chose dans ce livre, et pourtant K. Dick arrive quand même à nous accrocher, en bonne partie parce qu'on a envie d'en savoir plus sur ce monde qu'il invente. Il manie également des intrigues qui ont toutes l'air d'être des histoires secondaires mais qui sont si habilement menées qu'on ne les lâche pas.
Le roman dans le roman, uchronie dans l'uchronie, décrit un monde qui ressemble au nôtre mais en diffère sur plusieurs points importants. C'est une mise en abyme plutôt intelligente ; ne sommes-nous pas nous-mêmes des personnages d'un livre uchronique lu par d'autres ? Quelle est la « bonne » version de l'histoire ? Et en y repensant, le livre joue à plusieurs moments sur les faux-semblants et les apparences : faux objets antiques, personnages sous une fausse identité, quelques séquences d'hallucinations… Comme s'il y avait des failles entre différents univers parallèles. Ce n'est qu'une des nombreuses clés du livre, parmi lesquelles ont peut citer le Yi King, livre divinatoire chinois (également utilisé au Japon).
Bref c'est dense, riche et passionnant et ce n'est pas pour rien que É. me le recommande depuis une dizaine d'années.

Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #États-Unis, #littérature, #science-fiction

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