F for Fake (Orson Welles, 1973)

Publié le 1 Août 2016

Voici un film qu'il est difficile de classer. Documentaire ? Film expérimental ? Essai cinématographique ? Il y a un peu de tout ça, mais ça ne suffit pas vraiment.

Tout commence par Orson Welles himself, drapé dans une improbable cape noire, jouant quelques tours de passe-passe — de magie — à des enfants sur un quai de gare. Il nous annonce qu'il va nous raconter des histoires, vraies, sur le mensonge, la tricherie, la duperie, le faux, le pastiche.
Ainsi débute le récit d'Elmyr de Hory, génial faussaire retiré à Ibiza, dont les faux Matisse, Dufy, Modigliani, ont trompé les meilleurs experts. Il y sera aussi question de Clifford Irving, le biographe d'Elmyr, lui-même faussaire, d'Howard Hughes, d'Oja Kodar, de Picasso... Au final, ce sont sept histoires que nous raconte Welles, toutes vraies (à moins que ?)

Et tout ceci est passionnant et brillant. Autant Citizen Kane m'avait ennuyé, autant F for Fake m'a enthousiasmé. C'est drôle, étonnant et surprenant. La personnalité – et la voix caverneuse – d'Orson Welles y est pour beaucoup évidemment, qui s'amuse des tours que ses protagonistes jouent, et des ses propres tours de passe-passe.
Parce que c'est un film qui est plein de jeux de tempo, d'espace, de montage. Je suis d'ailleurs très surpris que ce ne soit pas Welles lui-même qui aie monté ce film, tant celui-ci est spectaculaire et brillant, passant d'une idée à l'autre, d'un plan arrêté à une ligne de dialogue... Comme s'il suivait le fil de sa pensée, sans continuité, mais en gardant un lien logique et organique entre toutes les parties, ce qui fait que l'on est jamais perdu (ce qui m'évoque la façon dont la Sonate pour piano & violoncelle de Debussy évolue, comment une idée en entraîne une autre) (bref). C'est étonnant et c'est génial. Je ne suis pas surpris que mon monteur-youtubeur préféré ait consacré un épisode à ce film. Rien que pour l'inventivité visuelle, voyez ce film. C'est un pur ovni cinématographique qui ne prend même pas vraiment au sérieux.

Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma

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