Jeune femme (Léonor Serraille, 2017)

Publié le 4 Avril 2018

Paula vient de se faire larguer, son ex l'a littéralement foutue dehors. Photographe reconnu, il s'est servi d'elle comme muse, mais aujourd'hui il n'a manifestement plus besoin d'elle. Paula a toujours été dans l'ombre de ce type, et aujourd'hui, elle ne sait pas où aller, elle n'a pas de revenu, peu d'amis. Elle se retrouve donc seule en plein Paris, paumée mais inventive, elle devra trouver à se débrouiller.

La bande annonce vend une comédie, alors qu'on est plutôt, disons, dans le registre de la comédie dramatique... Et c'est un très beau film, plein de légèreté grave, de joies et de chagrins. C'est servi par des acteurs et surtout des actrices parfaites, à commencer par Lætitia Dosch, l'actrice principale, qui porte le film. Son personnage est particulièrement riche, sur le fil de la folie, oscillant entre une fantaisie légère et quelque chose d'un peu plus inquiétant, pleine de fragilités, loufoque et triste. C'est un film sur une forme de conquête d'indépendance et un empowerement très doux, sur le fil, avec (### SPOILER ###) une fin ouverte, qui évite un certain nombre de clichés potentiels (un peu comme ce qu'avait si bien réussi, dans un genre très différent, Céline Sciamma dans Bande de filles)
C'est aussi servi par l'impressionnant talent d'écriture et de dialogue de Léonor Serraille, la réalisatrice et scénariste, dont c'est le premier film (!) Et pour couronner tout ça, c'est beau. Plusieurs plans, magnifiquement composés, évoquent la peinture. Bref, une cinéaste à suivre.

Je note que c'est un film qui ne passerait pas le « test de Bechdel à l'envers » : il y a beaucoup de femmes dans ce film, et très peu d'hommes. Et c'est étonnamment rafraichissant.

Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #féminisme

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