Dalva (Jim Harrison, 1988)

Publié le 13 Mai 2018

Je n'avais jamais lu Dalva, alors que j'en avais beaucoup entendu parler. J'ai fini par l'acheter et par me rendre compte que je l'avais déjà lu. C'était manifestement avant ce blog, qui confirme ici son intérêt.

Comme souvent dans la littérature américaine, Dalva est un livre qui brasse de nombreux sujets, et qu'il est difficile de résumer.
Dans sa jeunesse, Dalva a rencontré Duane, un jeune homme à moitié Sioux qui aide à la ferme familiale dans le Nebraska (Dalva a elle-même 1/8e de sang Sioux). Après la fuite de Duane, Dalva découvre qu'elle est enceinte. Âgée de 15-16 ans, elle abandonne l'enfant. La première partie du livre est une sorte de longue lettre/journal écrit par Dalva, alors âgée de 45 ans, à ce fils inconnu qu'elle décide de chercher. Elle est alors en Californie.
Dalva est ensuite de retour au Nebraska, où elle autorise Michael, un historien et amant régulier, à fouiller dans les archives familiales. En effet, Northridge, l'arrière-arrière-grand-père de Dalva, était un missionnaire envoyé pour convertir les « Indiens » et qui finira par être converti lui-même. Il passera toute sa vie aux côtés des Sioux, œuvrant en vain pour les sauver de la misère, cherchant des appuis politiques pour défendre leur cause. Le narrateur de cette seconde partie est Michael, un type grotesque et obsédé sexuel. Pour la dernière partie, on retrouve Dalva.

Ce livre est un beau portrait de femme : Dalva est libre, forte, indépendante, fragile et sensible, c'est un personnage attachant qui porte tout le roman. Mais il faut aussi mentionner Ruth ou Naomi, qui vivent la même indépendance, célibataires toutes les trois avec des amants réguliers ou de passage, sans que ce mode de vie ne soit questionné : c'est normal de vivre comme ça. Il se dégage de cette lecture un sentiment de liberté, de fraîcheur.
Les hommes, en regard, sont un peu pathétiques. Ainsi le fameux Michael, alcoolique et priapique, est-il amusant au début de la seconde partie, avant de devenir un peu pénible. Sa maladresse le rend attachant – il se perd en 5 minutes de marche autour de la ferme –, son obsession sexuelle le rend détestable. Les autres hommes sont à l'avenant. Dans les principaux personnages masculins, seul Northridge et le grand-père de Dalva sortent du lot, par leur droiture et leurs idéaux.
Au final, c'est un beau roman, mais qui, avouons-le, m'a un peu ennuyé à partir de la deuxième partie. Je trouve qu'il perd un peu de souffle, qu'il s'éloigne du sujet qu'on pressentait – Dalva est au second plan. J'ai surtout tenu grâce aux extraits du journal de Northridge, dans lequel il parle des Sioux. Je pense qu'il serait grand temps qu'enfin je lise un livre sur les Américains Natifs.

Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #littérature, #littérature américaine, #féminisme

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