Love. Orlando est un lord anglais du XVIe siècle. La reine Elizabeth Ière en fait son favori, et lui offre un grand domaine. Orlando tombe amoureux de la fille d'un diplomate russe, mais celle-ci rentre au pays sans lui.
Poetry. Il se tourne alors vers la poésie, mais le poète qu'il prend sous son aile se moque de ses vers dans son dos.
Politics. Orlando est alors envoyé par la cour vers « l'est » (l'empire Ottoman), où il reste de longues années comme ambassadeur de la cour d'Angleterre. Alors qu'on lui donne congé, il se réveille un matin dans un corps de femme et se contente de dire avec une forme d'indifférence : « Same person. No difference at all. Just a different sex ».
Society. Orlando rentre donc en Angleterre retrouver son domaine, et la société. Elle se retrouve confrontée à l'horrible sexisme de la société aristocrate du XVIIIe siècle. Elle apprend qu'en tant que femme non mariée, elle ne peut prétendre exercer de droit à la propriété, et que par conséquent, le château ne lui appartient plus – elle peut quand même continuer à y vivre.
Sex. En 1850, elle vit une histoire intense et charnelle avec un homme, qui finit par partir pour d'autres aventures.
Birth. À la fin du XXe siècle, un éditeur est intéressé par les écrits d'Orlando. Celle-ci se rend avec sa jeune fille dans son ancienne demeure, devenue musée. Un ange lui apparaît quand elle se repose dans un champ de blé.
Je n'ai jamais lui Orlando de Virginia Woolf, dont ce film est librement adapté (j'ai lu la super adaptation de Delphine Panique, cela dit). Je connais le principe du changement de sexe du personnage principal, mais j'ai l'impression qu'on oublie parfois de préciser que le personnage principal vit plusieurs siècles sans vieillir, un peu à la manière de Dorian Grey – même si ici il n'y a pas de pacte maléfique qui entrainera la chute, au contraire, le ton est plutôt doux et joyeux.
Orlando est joué·e par Tilda Swinton, 32 ans bien qu'elle paraisse être sans âge, magnifique, magnétique et hypnotique. Elle joue un Orlando homme très troublant ; le fait que ce soit un homme (Quentin Crisp) qui joue la reine Elizabeth participe à apporter du « trouble dans le genre » (Judith Butler). Sur les questions queer, le film est très moderne et intelligent dans ce qu'il raconte (et ça donne furieusement envie de lire le livre de Virginia Woolf qui a l'ai incroyable de modernité).
Le film est très bien mis en scène, les costumes sont à la fois improbables et somptueux, la lumière vient souligner tout ça de manière élégante. Le récit est mené avec un peu d'humour, porté par les regards caméra d'Orlando, souvent saisissants. Tout cela est absolument brillant.