Publié le 30 Juillet 2023

Dereck (Edward Norton) est un skinhead néonazi influent de sa ville. Il purge une peine de trois ans de prison pour avoir tué des Noirs du gang des Crips qui essayaient de voler sa voiture. Daniel (Edward Furlong, qui a bien changé depuis Terminator 2), le jeune frère de Dereck, grandit avec le désir de ressembler à son idole, et rend un devoir à un prof sur Mein Kampf.

Commençons par la forme : c'est un très bon film, bien filmé, alternant entre le présent en couleur et des flash-backs en noir et blanc. Les acteurs (c'est sans surprise un film très masculin) sont très bien, à commencer par les deux rôles principaux – même si Edward Norton est assez nul dans une scène où il pleure, ce qui gâche toute l'émotion de la scène.
On est cela dit plutôt dans un film à thèse que dans un film sensible et émouvant. C'est le parcours d'un néonazi qui s'interroge sur ce que ses convictions ont changé dans sa vie, et ce qu'elles ont pu apporter de positif. C'est un film intéressant à voir aujourd'hui, alors que le suprématisme blanc a infecté toute une partie de la société, et pas seulement aux États-Unis. Je ne suis pas sûr d'y avoir appris grand-chose, d'avoir été confronté à un monde dont j'ignore l'existence, mais c'est un film qui a maintenant un quart de siècle, je suis indulgent.

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Publié le 30 Juillet 2023

Love. Orlando est un lord anglais du XVIe siècle. La reine Elizabeth Ière en fait son favori, et lui offre un grand domaine. Orlando tombe amoureux de la fille d'un diplomate russe, mais celle-ci rentre au pays sans lui.
Poetry. Il se tourne alors vers la poésie, mais le poète qu'il prend sous son aile se moque de ses vers dans son dos.
Politics. Orlando est alors envoyé par la cour vers « l'est » (l'empire Ottoman), où il reste de longues années comme ambassadeur de la cour d'Angleterre. Alors qu'on lui donne congé, il se réveille un matin dans un corps de femme et se contente de dire avec une forme d'indifférence : « Same person. No difference at all. Just a different sex ».
Society. Orlando rentre donc en Angleterre retrouver son domaine, et la société. Elle se retrouve confrontée à l'horrible sexisme de la société aristocrate du XVIIIe siècle. Elle apprend qu'en tant que femme non mariée, elle ne peut prétendre exercer de droit à la propriété, et que par conséquent, le château ne lui appartient plus – elle peut quand même continuer à y vivre.
Sex. En 1850, elle vit une histoire intense et charnelle avec un homme, qui finit par partir pour d'autres aventures.
Birth. À la fin du XXe siècle, un éditeur est intéressé par les écrits d'Orlando. Celle-ci se rend avec sa jeune fille dans son ancienne demeure, devenue musée. Un ange lui apparaît quand elle se repose dans un champ de blé.

Je n'ai jamais lui Orlando de Virginia Woolf, dont ce film est librement adapté (j'ai lu la super adaptation de Delphine Panique, cela dit). Je connais le principe du changement de sexe du personnage principal, mais j'ai l'impression qu'on oublie parfois de préciser que le personnage principal vit plusieurs siècles sans vieillir, un peu à la manière de Dorian Grey – même si ici il n'y a pas de pacte maléfique qui entrainera la chute, au contraire, le ton est plutôt doux et joyeux.
Orlando est joué·e par Tilda Swinton, 32 ans bien qu'elle paraisse être sans âge, magnifique, magnétique et hypnotique. Elle joue un Orlando homme très troublant ; le fait que ce soit un homme (Quentin Crisp) qui joue la reine Elizabeth participe à apporter du « trouble dans le genre » (Judith Butler). Sur les questions queer, le film est très moderne et intelligent dans ce qu'il raconte (et ça donne furieusement envie de lire le livre de Virginia Woolf qui a l'ai incroyable de modernité).
Le film est très bien mis en scène, les costumes sont à la fois improbables et somptueux, la lumière vient souligner tout ça de manière élégante. Le récit est mené avec un peu d'humour, porté par les regards caméra d'Orlando, souvent saisissants. Tout cela est absolument brillant.

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Publié le 28 Juillet 2023

C'est un célèbre film de procès : un jury de douze hommes doit statuer sur le sort d'un jeune homme jugé pour parricide. Onze le jugent coupable, un seul (Henri Fonda) le déclare non-coupable, parce qu'il a un « doute raisonnable ». Les hommes vont débattre pendant tout le film.

Ce n'est pas pour rien si c'est un classique du cinéma : le scénario est très habilement écrit, les acteurs sont tous formidables (aucune femme dans ce film, désolé), le fond du film est passionnant et dit plein de choses de la société américaine des années 1950 et reste encore d'actualité…
Et c'est incroyable que ce soit le premier film de Sidney Lumet. La mise en scène est remarquable, inventive et élégante, alors que c'est un cauchemar de metteur en scène : ce sont douze hommes qui parlent enfermés dans une seule pièce. Et pourtant Lumet est toujours intéressant et inventif : il y a plusieurs plans séquences discrets (à la Spielberg) mais très beaux, un jeu sur les groupes, les ensembles, les cadrages… Et la lumière est magnifique. Bref, c'était formidable.

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Publié le 24 Juillet 2023

 

Ce roman, plutôt court, est l'histoire de jeunes dublinois qui montent un groupe de soul qu'ils appellent The Commitments. Ils ne savent pas tous jouer de leurs instruments, ils passent beaucoup de temps à s'engueuler, mais ils se marrent bien.

C'est un chouette roman, nerveux, enjoué et souvent amusant. Probablement rien d'inoubliable là dedans j'avoue, mais c'est une lecture agréable.

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Publié le 24 Juillet 2023

 

C'est la quatrième année d'Harry et ses potes, et comme tous les ans c'est le dawa. Cette année c'est à cause de la Coupe de feu : ce dangereux concours de trois épreuves est organisé cette année à Poudlard, qui accueille deux autres écoles (les filles de Beauxbâtons et les garçons de Durmstrang).
Sans surprise, Harry fait partie des élus, bien qu'il n'ait pas l'âge requis pour concourir.

(Attention je vais spoiler, mais ça vaaaa, tout le monde a vu ce film)

C'est un épisode important de la saga, peut-être charnière vers un récit plus adulte. Les héros ont des problèmes d'ados (inviter des filles au bal, les jalousies) ; il y est question de mort d'un personnage ; et surtout à la fin Voldemort renaît de ses cendres.
Pour autant, ce n'est pas un super film. Ce n'est pas filmé avec l'élégance des précédents opus, et la conduite du récit laisse à désirer. Malgré ses 2h30, beaucoup d'éléments sont passés sous silence, ou oubliés au cours du récit, et les personnages ne sont pas ou peu développés. Quelqu'un sait-il qui est Cedric Diggory, au-delà d'un personnage-fonction ?
Il s'y passe beaucoup de choses, il y a beaucoup d'aventures et d'action, mais ce qui fait le charme de la saga (les personnages et les détails) a été oublié. Dommage.

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Publié le 18 Juillet 2023

Pendant la Guerre du Viêt Nam, le capitaine Willard (Martin Sheen) est chargé de tuer le colonel Kurtz (Marlon Brando), le meilleur d'entre nous qui a pris la tangente. Willard embarque sur un petit bateau pour naviguer jusqu'au Cambodge retrouver sa cible. Sa route est, sans surprise, semée d'embûches.

Disons-le tout net : je me suis profondément ennuyé pendant ce film, en partie parce que j'ai eu la mauvaise idée de regarder la version longue - une heure de plus que pour la sortie en salles, au moins une heure en trop. Il y a notamment une improbable et inintéressante scène où Willard dîne chez des Français qui s'engueulent à propos de Pierre Mendès France, c'est dire.
Pour autant, l'ennui procuré par le film ne peut pas tenir à sa simple durée. Il y a pour moi un groooos problème de personnages et de direction d'acteur. Martin Sheen passe tout le film avec un air ahuri : ce n'est pas un personnage, même pas un observateur, juste une ombre que l'on regarde traverser le film, opaque et creuse. C'est pourtant lui qui est sensé porter le récit, mais il ne tient pas la route. La rencontre avec le colonel Kurtz illustre un autre problème du film : Willard dit qu'il n'a jamais vu quelqu'un d'aussi détruit par la guerre ; sauf qu'à l'écran on ne voit qu'un type qui bavarde de façon confuse sur des choses sans intérêt. Je ne le vois pas détruit, je ne l'apprends que par la bouche d'un autre personnage : c'est à mon avis du mauvais cinéma.
Il y a quand même quelques scènes réussies, l'introduction est pas mal, la superposition d'images est plutôt élégante, la séquence avec le cow-boy obsédé par le surf est totalement absurde et réussie. Ca ne suffit pas à faire tenir un film dont je n'ai aucune idée de ce qu'il raconte - mon impression c'est qu'il ne dit finalement pas grand-chose de la guerre, et encore moins des humains.
L'attribution de la Palme d'or est totalement incompréhensible pour moi (et ce n'est pas la première fois).

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Publié le 14 Juillet 2023

Dans ce livre, Marguerite Duras plonge dans ses souvenirs de l'Indochine, en partant parfois d'images de l'époque, de photographies de famille. Il y est question de sa mère toxiques et de ses frères toxiques également, et surtout de l'amant chinois du titre, auprès de qui elle passe ses après-midis puis ses nuits. C'est un livre construit de façon fragmentaire, passant d'une idée à l'autre, d'une époque à l'autre. Il donne l'impression d'être écrit au fil de la plume, et c'est peut-être la limite du livre : je peine à voir une structure, une logique dans le livre, voire même une nécessité derrière tout ça. Je ne suis pas sûr que j'aime beaucoup, même si elle écrit bien – de manière un peu fragmentaire aussi –, même si c'est une lecture agréable.
Une partie de ce dont elle parle est déjà présent dans Un Barrage contre le pacifique, écrit en 1951, soit trente ans plus tôt (!). Je me souviendrai plus longtemps du Barrage que de L'Amant.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #littérature, #France