Publié le 12 Septembre 2022

C'est une petit livre (un « libelle ») juste et révolté, qui aborde principalement les questions d'écologie, de féminisme, et de justice sociale. Peut-être manque-t-il un peu de structure dans le raisonnement, ou de hiérarchie du discours. J'avoue n'y avoir découvert rien de nouveau, mais que voulez-vous, je suis déjà un islamo-gauchiste radical : je suis totalement d'accord avec ce que les trois autrices écrivent. C'est une très bonne base pour un programme politique de gauche.

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1. Écouter le monde et l'époque
L'androcène sépare l'homme et la nature, le civilisé du sauvage, l'homme de la femme, et impose une façon de penser (croissance, race, pouvoir d'achat…) Il faut renverser les choses, se réconcilier avec la nature (écoféminisme), s'inspirer des expériences ailleurs, des mouvements sociaux…

2. Ressentir
Rendre sa valeur à l'empathie, au respect de l'altérité, aux émotions. Valoriser la relation aux autres. « Contrairement aux idées reçues de l'androcène, l'émotion n'occulte pas la raison, elle la contextualise. » (p. 26)

3. Déconstruire
Surconsommation, mythe de la Croissance infinie, aliénation par le travail… : il faut changer les cadres de la pensée, trouver d'autres rapports à la nature, au vivant, au travail (revenu universel).

4. Nous réconcilier
Violence partout, justice nulle part. Urgence écologique. Assumer les responsabilités individuelles et collectives. Solidarité.

5. Être radicales et radicaux
Appel à la lutte, à de nouvelles utopies réelles.

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Publié le 12 Septembre 2022

C'est un livre dans lequel Bruce Lee présente ce qu'il connaît du « Gung fu » (kung fu dans une orthographe moderne), ses techniques, ses fondements conceptuels. C'est plus un livre de philosophe qu'un manuel pour apprendre à péter des gueules.
On y lit un peu d'histoire, des réflexions sur le Yin et le Yang, sur les rapports entre force et souplesse (l'un est issu et complémentaire de l'autre et réciproquement), sur le combattant qui doit ressembler à l'eau (qui prend n'importe quelle forme, qu'on ne peut saisir, qui peut fracturer les roches les plus puissantes), une critique des styles les plus « ornementaux » qui sacrifient à l'efficacité… C'est clair, précis, et super intéressant (mais il faut s'intéresser au kung fu, évidemment).

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Publié le 3 Septembre 2022

Evelyn Wang (Michelle Yeoh) est une immigrée chinoise qui tient une laverie aux États-Unis. Elle est stressée, endettée, elle peine à s'intéresser à son mari Waymond (Ke Hui Quan) ou à sa fille Joy (Stephanie Hsu). Comble de la galère, alors qu'elle est sensée fêter le nouvel an chinois dans sa laverie, elle doit justifier les dépenses de l'entreprise auprès des impôts, et la contrôleuse (Jamie Lee Curtis) n'est pas vraiment aimable.
Jusqu'au moment où une version alternative de Waymond issue d'un univers alternatif la contacte : Evelyn est la seule qui puisse restaurer l'équilibre dans le multivers, face à la folie destructrice de Jobu Tupaki.

C'est un film ambitieux, foutraque, drôle, inventif et complètement barré. Ce qui commence comme une chronique de l'immigration chinoise et comme le récit d'une famille dysfonctionnelle devient un film de science-fiction mâtiné de kung-fu. Je n'ai pas envie de trop en dévoiler, mais les deux réalisateurs-scénaristes fourmillent d'idées improbables : on ne sait jamais ce qui va se passer dans les minutes suivantes, et on est ravi de se faire surprendre. On pense à Matrix (le multivers), ou à Sorry to bother you (pour le côté comédie foutraque et absurde), mais il y a plein d'autres clins d'œil.
Certes, ça patine un peu vers la fin, qui aurait mérité d'être un peu resserrée, mais on pardonne assez vite, comme tout le reste est drôle, surprenant, bien mis en scène, servi par une photo très belle et des acteurices complètement formidables.

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Publié le 1 Septembre 2022

La Vallée du Vent est cernée par une forêt toxique remplie de gros insectes effrayants et dangereux. La forêt gagne du terrain petit à petit, mais ça n'a pas l'air de faire peur à la princesse Nausicaä, qui semble avoir le pouvoir de parler à ces insectes. Les troupes du puissant Empire tolmèque attaquent la Vallée du Vent, ils cherchent à détruire la forêt toxique, sans mesurer les conséquences de leurs actes.

Même si c'est techniquement son deuxième film, c'est le premier film d'Hayao Miyazaki basé sur univers. C'est amusant d'y retrouver les éléments qui constitueront son cinéma par la suite : l'animisme, l'opposition ambiguë entre nature et humains, les personnages féminins qui portent le récit, les grosses machines volantes, l'imaginaire de la guerre… Nausicaä fait beaucoup penser à Princesse Mononoké, tant dans le récit que dans les images (les gros scarabées évoquent les gros sangliers, la forêt…) Il me semble qu'on peut lire l'influence de Mœbius, et peut-être celle de Dune (voir le film de Villeneuve).
Mais c'est dommage que le récit soit aussi fouillis et compliqué : plusieurs royaumes aux enjeux souvent flous, des personnages mal définis, des éléments souvent inutiles dans le récit… Je n'ai pas lu le manga qui est à la base du film, mais ça me donne l'impression que Miyazaki a essayé de condenser 300 pages en 2h ; il me semble que le film aurait gagné à être condensé, puisque de toutes façons je n'ai pas réussi à comprendre tous les arcs narratifs.

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Publié le 28 Août 2022

Ce film suit le déroulement du procès de Lise Bataille, 16 ans, accusée d'avoir tué sa meilleure amie Flora.

C'est un film qui reste un peu à distance de ses personnages, et qui donc laisse le spectateur lui aussi en dehors. Il parle d'adolescence, de revenge porn, d'amour, de famille, plein de thèmes intéressants, mais il donne l'impression de regarder tout ça de loin, sans que les personnages s'y impliquent émotionnellement (beaucoup de silences). Le seul personnage qui existe un peu est le père de Lise Bataille, sans doute parce qu'il est porté par Roschdy Zem, qui n'a pas grand-chose à faire pour être touchant (l'avocate de Lise est très bien aussi). On se demande un peu ce qu'a voulu raconter le réalisateur.
C'est bien dommage, et la comparaison avec La Nuit du 12, que j'ai vu hier, n'est vraiment pas flatteuse.

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Rédigé par Vincent Sorel

Publié dans #cinéma, #France

Publié le 28 Août 2022

La jeune Clara est brûlée vive, un soir qu'elle rentre d'une soirée avec ses copines. Le nouveau commissaire de la PJ de Grenoble s'empare de l'affaire, et cherche dans le passé de Clara les potentiels suspects.

C'est un beau film noir, un polar montagnard porté par des acteurs (notamment Bastien Bouillon et Bouli Lanners) formidables, une photo magnifique. C'est un film un peu triste, un peu désespéré face au constat de la violence des hommes, il laisse le spectateur en suspens mais pas réellement frustré, l'éventuelle frustration étant discutée dans le film. Il parle de féminicides, de masculinité toxique, sans trop en faire mais avec beaucoup de justesse.
Peut-être la réalisation aurait pu être un peu plus réfléchie (quelques plans ont l'air d'avoir une intention forte, mais en fait non, ce qui m'a laissé avec des « pourquoi »), mais je dis ça surtout pour avoir quelque chose à redire de ce film très réussi.

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Publié le 28 Août 2022

Un type dont on se moque un peu loue une grosse baraque isolée dans un coin hostile de l'Angleterre victorienne. Il rencontre les propriétaires, et est intrigué par leur histoire : la femme de chambre Nelly Dean lui raconte le récit de deux familles, les Earnshaw et les Linton, dont le destin est détruit par Heathcliff, un jeune bohémien adopté par Mr. Earnshaw.

Il faut dire que j'ai du mal avec la langue un peu lourde du XIXe siècle, ce qui doit en partie expliquer pourquoi ce roman m'a un peu ennuyé. Mais il n'y a pas que ça : j'ai eu du mal à vraiment vibrer aux histoires de ces aristocrates anglais qui passent beaucoup de temps à se détester et à élaborer des plans pour nuire les uns aux autres. Les sentiments sont extrêmes, l'amour et la haine déchirent les personnages, mais il y a beaucoup trop de masculinité toxique dans tout ça pour que je puisse avoir de l'empathie.
La construction du roman est amusante, les récits s'enchâssant les uns dans les autres, au risque de perdre le lecteur (ça m'est arrivé quelque fois), mais il n'y a rien d'assez original pour maintenir mon intérêt longtemps.

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